19.12.05

Et si c'était elle...

Mon collègue blogueur et moi n'échangeons pas que par posts interposés.
Malheureusement pour vous, nous avons profité du week-end pour débattre de vive voix sur un grand nombre de sujets. L'occasion également pour Nicolas de me transmettre ses lectures pour occuper mon retour en train...

Et si c'était elle...

C'est l'hypothèse qu'affiche en une le Nouvel Observateur. Titre suffisamment accrocheur pour que je me plonge dans la lecture inhabituelle de l'Officiel des biens pensants de la gauche caviar.

Il s'agit bien entendu de la candidature annoncée de Ségolène Royal à l'investiture du candidat du Parti Socialiste à l'éléction présidentielle.
Force est de constater que je partage une partie de leur analyse.
Non pas que je reconnaisse à cette candidate un projet salvateur susceptible de résoudre les difficultés structurelles de notre pays. Sans aucune ironie, j'attends avec impatience de l'entendre sur les grandes équations économiques et sociales, la recherche et l'innovation, la sécurité internationale ou la lutte contre le terrorisme...
C'est plutôt sur l'analyse des rapports de force politique que je rejoins le Nouvel Observateur.
Est-elle la mieux placée pour battre la droite en 2007 ? Je le pense. En tout cas, je crains qu'elle soit la menace la plus sérieuse pour la droite dans le cas d'un deuxième tour face à Nicolas Sarkozy.
Etrangement, c'est elle qui a le plus de points communs avec le président de l'UMP : une certaine fraîcheur politique, une inflexibilité morale, un pouvoir d'attraction médiatique et une ambition intarissable. Face à une telle candidate, Nicolas Sarkozy serait privé du monopole de l'incarnation du changement. Il serait "le sursaut brutal" face à "la berceuse atrophiante" que les français adorent.
Pour la droite, Royal est plus dangereuse que Strauss-Kahn. Strauss-Kahn ferait plus difficilement le plein de voix à la gauche de la gauche. Incontestablement, il aurait l'avantage au centre (mais pas que plus Royal, il n'y a pas de raisons) mais c'est bien insuffisant. Les désespérés du vote contestataire (qui penchent une fois vers le FN, une fois vers Besancenot) n'auraient aucune raison de croire en Strauss-Kahn alors qu'ils pourraient voir Sarkozy comme le dernier recours.
Fabius enfin est pour moi le mal-aimé. Détesté à droite, il ne fait pas le poids à gauche et sa récente inflexion vers les thèses néo-gauchistes laisse le champ libre au réalisme et la force de conviction de Sarkozy.
C'est pour moi regrettable mais Royal n'est pas Jack Lang, géant des sondages, nain des présidentiables. Elle est à prendre en compte. Et si c'était elle...
Si c'était elle, je regretterais de ne pas pouvoir assister à un vrai débat idéologique polarisé entre un Fabius, symbole de la vieille gauche et un Sarkozy, incarnation de la nouvelle droite, et au delà, de la politique du XXIe siècle, pragmatique et offensive...

Et si c'était elle ? Pourvu que ce soit lui...

10 commentaires:

Nicolas Vignolles a dit…

MAM n'est pas "Royal" ?


Je te l'accorde bien volontiers. S'il est un domaine dans lequel le PS n'est pas en reste, c'est dans la production de candidats à la Présidentielle. Je dirais même que sur ce terrain...nous excellons!

Mais que fait la droite ?! C'est à y perdre son latin, à confondre sa droite de sa gauche ! Au secours !Prônerait-on sciemment l'absence de concurrence à droite ?
Si l'on était dans le domaine économique, Bruxelles prendrait des sanctions, moi je vous le dis ! Abus de position dominante, atonie du marché de l'offre électorale, situation de monopole, le sarkozisme, c'est mieux que le Parti Unique, c'est le Parti "de" l'Unique.

Heureusement, le moral revient depuis peu. Car la droite a bien compris le danger. Et puis la gauche n'a pas le monopole des ambitions !! Je suis persuadé que des hommes courageux permettront à la droite de refaire le retard pris à l'allumage. Aujourd'hui ou demain, les Bayrou, Borloo, Villepin, Dupont-Aignan, Sarkozy s'empoigneront gaîment! Et si cela ne suffit pas, MAM pointera le bout de son képi.


Michèle-Alliot-Marie ? Mieux que quiconque, Valéry Giscard d'Estaing vous le dirait, un nom à rallonge n'est pas un handicap!

Nicolas Vignolles a dit…

Pour un "socialisme d'émancipation"!


Dominique Strauss-Kahn est la seule personnalité de gauche à avoir de vraies chances de remporter l'élection présidentielle. Je reste convaincu qu'il sera désigné par les militants du PS. Pour qui connaît les forces en présence, les données ne sont pas si opaques que cela. La nébuleuse socialiste a aussi ses vérités chiffrées. DSK dispose à ce jour d'un réseau d'environ 30% des militants du PS (c'est grâce à ce soutien que la motion Hollande a fait ses 53% au Congrès).

Désolé pour les fanatiques des sondages, mais les français se prononceront sur les candidats qu'on leur aura proposé, et pas sur des personnalités isolées comme Ségolène Ropal, ou sur des aspirant-candidats comme Bernard Kouchner.

L'investiture PS se jouera entre Fabius et DSK. Tous les autres bluffent et savent qu'ils n'ont aucune chance d'être investis, y compris françois Hollande, qui ne dispose que d'un réseau de 10 à 15% des adhérents socialistes.
Si DSK est opposé à Villepin le combat sera des plus âpres. La symétrie des profils est un handicap sérieux : modérés, porteurs d'un projet pour la France, sachant rassembler au-delà de leur camp (Villepin à gauche, et DSK à droite).

Contre Sarkozy, et quoiqu'en disent les sondages à 17 mois de l'élection, DSK serait un challenger redoutable. Il bénéficierait notamment de voix nombreuses du côté des centristes et du vote revanchard des chiraquiens. Sans compter le formidable réservoir potentiel que constitue selon moi le vote "tout sauf sarkozy" le Jour-J ! Face à l'agitation, les Français ne préfèrent-ils pas... la "force tranquille" ?

Enfin, pour ce qui est de la politique menée, DSK est un poids lourd. Quand il gouvernait, la France avait la plus forte croissance européenne, le chômage baissait, l'inflation était maîtrisée etc...Il a aussi de gros réseaux à l'étranger et connait personnellement la plupart des dirigeants sociaux-démocrates et socialistes d'Europe.

Du bluff? La semaine dernière, DSK a rassemblé sa garde rapprochée...Résulats: 5000 militants à la Maison de la Chimie.

A bon entendeur...

Nicolas Vignolles a dit…

J'en suis persuadé également. DSK est le plus à même d'emporter la primaire du PS. Son réseau, sa modération et son expérience et son statut font de lui le candidat le plus sérieux... si toutefois Hollande et les autres roulent pour lui !
Le sens de mon post est plus large. Il ne se sousciait pas des guerres internes du PS mais plutôt des rapports de force camp contre camp.
Pour préciser ma pensée, penchons nous sur DSK et les duels qui pourraient l'opposer aux 2 principaux prétendants de la droite.
DSK - Sarkozy : le plus probable... DSK morderait sans doute sur un éléctorat de centre droit mais je reste persuader que le président de l'UMP saurait davantage mobiliser parmi les classes populaires et ramener dans l'isoloire les désabusés de la politique.
DSK - Villepin : le jeu est plus ouvert mais l'incertitude est trop grande pour envisager aujourd'hui le résultat qui sortirait des urnes demain. Tout dépendra du bilan gouvernemental ou plutôt de l'image de son premier ministre qui n'est pas à l'abri d'un couac.
On pourrait rajouter un autre duel... DSK - Le Pen. Je l'écarte cependant car cette éventualité résulterait d'une opposition Sarkozy-Villepin au 1er tour... Opposition impossible. Je n'y crois pas une seconde. Ce serait criminel. Seul Villepin pourrait en être le responsable (en cas d'un maintien de sa candidature après un rejet des militants) mais il sait mieux que tout le monde, que la droite en serait la première victime. Il ne le souhaite pas. Souhaitons-le en tout cas...
DSK... le plus probable certes mais selon moi pas le plus dangereux pour Sarkozy.
Et si c'était MAM ? L'envisager sert bien sûr l'UMP et pourrait priver Royal de son principal avantage concurrentiel. MAM a peu de chance de jouer les troubles faits mais est , sans aucun doute, "le 3e homme" le plus utile à l'UMP...

Nicolas Vignolles a dit…

que le prosélytisme politique est une saine séduction...


"(...)le défi aujourd’hui, pour tout socialiste, ce n’est pas simplement la révolte contre l’injustice. Mais c’est aussi, peut-être surtout, de se donner les moyens de rendre la France plus juste.
Comment être utile aux Français ? Comment être utile à ces ouvriers licenciés quand leur entreprise accumule des bénéfices ? Comment être utile à ces familles dont les fins de mois durent trois semaines ? Comment être utile à ces jeunes couples qui ne trouvent pas le moyen de se loger ? A ces retraités qui ont travaillé toute leur vie, et qui se retrouvent démunis ? Comment être utile à ces jeunes des banlieues qui sont d’ici, et qu’on veut renvoyer ailleurs ? A tous ces jeunes qui accumulent les handicaps ? A ces hommes, à ces femmes qui travaillent dur ou qui ne travaillent pas ? Qui souffrent et qui parfois le crient ?

Notre peuple nous le dit : il y a urgence. Oui, il y a urgence, mais cette urgence n’est pas policière, elle est économique et elle est sociale.

Ce que je veux vous dire est simple : nous, socialistes, nous entendons la souffrance. A nous, socialistes, d’imaginer les solutions, à nous socialistes de nous rassembler pour les mettre en œuvre.

(...)
Je sais que nous ne devons pas décevoir et que nous avons le devoir de changer la vie de ceux qui souffrent le plus. Leur vie, c’est la précarisation. Alors, nous inventerons une nouvelle Sécurité sociale, celle des parcours professionnels.

Leur vie, ce sont les délocalisations. Alors, nous mobiliserons les moyens de l’État, et lorsqu’il le faut, nous imposerons des nationalisations temporaires. Leur vie, ce sont les salaires bloqués. Alors, nous convoquerons une conférence sur les revenus pour changer le partage entre les salaires et les profits. Leur vie, c’est l’inégalité des chances dès la naissance, alors nous fonderons un nouveau service public de la petite enfance, et nous dégagerons les moyens comme jamais, auparavant pour les concentrer sur les quartiers populaires là où il y en a le plus besoin.

Vous le voyez, nous avons les réponses concrètes aux problèmes concrets des Français. D’ailleurs, si on en doutait, il suffirait d’avoir écouté Jacques Chirac l’autre jour à la télévision qui reprenait sans le dire, et en les déformant, les propositions des socialistes, écoutez-le réclamer la police de proximité, alors que c’est lui qui l’a supprimée. Entendez-le, avancer vers le curriculum vitae anonyme, alors que c’est le Sénat de droite qui l’a repoussé quand nous le proposions.

Écoutez-le demander un vrai faux service civique alors que c’est sa majorité, à l’Assemblée, qui l’a repoussé quand nous le proposions. Imposture, si vous le voulez, le moment approche où nous mettrons fin à dix ans d’imposture politique.

Aux Français, nous ne proposons pas les lendemains qui chantent, mais le présent qui change. Nous ne voulons pas d’une gauche avec ses engagements flamboyants du dimanche et sa triste réalité du lundi. Nous ne voulons pas d’une gauche des paroles, mais d’une gauche des actes.

Parce que nous sommes socialistes, nous voulons transformer en profondeur la société.
(...)
Nous ne promettons pas le changement en cent jours, nous promettons le changement dès le premier jour et le changement jusqu’au dernier jour.


Dans la mondialisation, il nous faut reconstruire le compromis social. Qu’est-ce qui s’est passé depuis trente ans ? Les entreprises, dans toutes les régions, dans tous les secteurs, se sont considérablement modernisées, remodelées, restructurées, et la France aujourd’hui est beaucoup plus compétitive qu’elle ne l’était il y a trente ans. Mais qui a payé ? Les salariés. Que de dégâts en termes d’emploi, que de pannes dans l’ascenseur social, que de stress dans les nouvelles organisations du travail. L’équilibre français a été rompu. A nous de le reconstruire. D’ailleurs, c’est toujours à la gauche du Front populaire, au conseil national de la résistance, de l’union de la gauche à la gauche plurielle, c’est toujours à la gauche qu’il revient de mettre la France sur ses pieds. Aujourd’hui, c’est à vous.

Pour reconstruire ce compromis social, il nous faut protéger, promouvoir, prévoir, et ce triptyque ne nuit pas à la compétitivité.

Je partage l’idée que les salaires ne sont pas une charge, mais une chance, que le social n’est pas un frein à la production, mais un facteur de production, que la lutte contre les inégalités n’est pas une entrave à la croissance, mais une condition de la confiance. Notre horizon, ce n’est pas le marché. Certes, le marché produit des richesses, mais il ne fait pas une société. Nous, nous voulons une société, un vivre ensemble, qui, en France, porte le beau nom de République, et qui s’incarne dans un modèle social.


Sarkozy, Villepin, ces deux-là contrairement à ce qu’on a pu dire, ne sont pas différents. Ils veulent tous les deux la rupture, l’un le dit, l’autre le cache, mais les deux le font. La réforme de l’impôt sur le revenu qui est aujourd’hui en cours, ce n’est pas comme le fait traditionnellement la droite, la baisse de l’impôt des plus riches, pas seulement, c’est la mise à mal de la progressivité qui est un élément de la République. C’est la mise en cause de cent ans de justice sociale. Alors, dès que nous le pourrons, nous reviendrons sur cette mesure.

Le contrat nouvelle embauche, ce n’est pas un contrat à durée indéterminée, c’est un contrat journalier. C’est la remise en cause de cent ans de conquêtes sociales, alors quand nous le pourrons, nous reviendrons sur cette mesure. J’étais l’autre jour à Pau, je rencontrais un jeune homme, il avait un enfant, il avait un diplôme, et il avait un contrat nouvelle embauche. Il me disait : le pire, ce n’est pas lorsque j’arrive au travail tous les matins, de savoir si le lendemain matin, je serai encore là, le pire, c’est quand j’ai voulu louer un appartement, prendre un crédit pour acheter une voiture. On m’a dit : désolé, vous avez un contrat précaire, vous n’avez pas assez de garanties. Peut-être vos parents peuvent se porter caution, mais ce n’est pas un gamin, il avait plus de 30 ans ! Et il me dit : vous qui êtes socialiste, trouvez-vous que c’est juste ? Eh bien, non, je lui dis que ce n’est pas juste. Cette généralisation de la précarisation à laquelle se livre ce gouvernement, oui, il faudra l’abroger. Je dis bien abroger, nous n’avons pas à être inquiets devant ce terme, même si nous ne pouvons pas nous en contenter.

(...)
La diminution des subventions aux associations, le recul des services publics, la suppression des emplois jeunes, la réduction de la prévention. Tout ceci fait que la République a déserté un certain nombre de territoires, que l’État y est devenu faible et que la droite, à partir de là, s’en remet au communautarisme pour régler les problèmes. Ce n’est pas notre modèle.

Alors, ce centenaire de la loi de 1905, je veux le dire haut et fort, la diversité culturelle, oui, le communautarisme, jamais ! (...)"

DSK, Congrès du Mans, Extraits

Anonyme a dit…

Merci d'éclairer ma lanterne de Français exilé... Mai qui pensait naïvement que Hollande serait le candidat du PS.
Hier, j'ai reçu ma carte du parti ;)

Nicolas Vignolles a dit…

t'as vraiment ta carte Tom ? PS ?

Anonyme a dit…

Je me démasque...

Facile de vous reconnaitre!!!

Thomas Bertrand a dit…

Pas PS...
Je dois dire que parfois je suis perdu dans les Nicolas ici...

Anonyme a dit…

Intéressant, la candidature de Ségolène envisagée sérieusement... Dommage que vous éludiez le fait que 1) c'est une femme, et on peut se demander dans quelle mesure les Français (les Françaises aussi, d'ailleurs !) sauront surmonter le machisme latent qui les caractérise, en matière de politique notamment, et 2) elle a du mal à se défaire de son image de bourgeoise mondaine, qui pourrait faire de la candidate un puissant repoussoir de la gauche de la gauche...! Evidemment c'est un peu déprimant, puisque ça n'aura rien à voir avec le programme qu'elle pourrait éventuellement proposer, mais d'un naturel pessimiste je crains que les idées fassent aujourd'hui pâle figure face à l'image... snif !

Nicolas Vignolles a dit…

Pour ma part, je n'élude ni le fait que SR soit une femme, ni le fait qu'elle souffre d'une image bourgeoise mais j'ai préféré insister sur deux autres "handicaps" majeurs dans la course à l'Elysée: 1)l'absence d'un réseau politique solide et 2)l'absence d'une expérience gouvernementale de taille.

Mais oui, être une femme et défendre des valeurs telles que la famille ou la morale, sont un handicap quand on désire être en lice pour le poste suprême et porter les couleurs de la gauche.
Alors si en plus on s'appelle Royal...