23.2.06

Prenez les commandes du "Grand Débat" d'ambidextre!

Sortir d'une partition à deux mains...au moins une fois.

Après trois mois et 20 commentaires, un constat s'impose. Ambidextre a plus de lecteurs que de commentaires. Comment mieux attirer nos lecteurs vers les comments qu'en leur donnant carte blanche ? A vos claviers donc !

Livrez ici les sujets qui vous passionnent en ce moment et pour lesquels vous aimeriez un vrai débat ! Ambidextre vous donne la parole Amis bloggeurs! Nous lançons le challenge du "Grand Débat". Parmi vos propositions, une seule sera retenue et fera l'objet d'un vrai débat sur le blog!

3 règles: 1) un sujet d'actualité 2) relevant du politique 3) jamais abordé sur Ambidextre

Nous attendons...

14.2.06

Toc ! Toc ! C'est le plombier polonais !

N'ayez crainte, mesdemoiselles, vous ne devrez pas attendre vos prochaines vacances pour retrouver ce jeune et beau polonais sur ses terres. Lech (appelons-le ainsi car la notoriété de son illustre aîné syndicaliste nous assure que son prénom est ainsi typiquement polonais!), je reprends : Lech, plombier polonais, pourra très bientôt venir oeuvrer dans votre cuisine en toute légalité. En effet, la directive Bolkestein a enfin été adoptée par les députés européens après deux ans de débat houleux et un projet de constitution avorté. [Je ne sais pas d'ailleurs si la directive européenne relative à la libéralisation des services doit encore être nommée ainsi du nom du commissaire Bolkestein, qui doit aujourd'hui se sentir orphelin du texte initial dont il revendiquait la paternité.]


En bref, voici les explications nécessaires à la compréhension de mon post :
- le texte adopté ce soir est le fruit d'un consensus entre le PPE et le PSE. Dans le but d'une libéralisation du marché européen des services (après ceux des biens physiques, industriels et agricoles), il impose aux Etats membres d'assurer un libre accès à leur territoire aux prestataires de services des autres pays, avec la disparition d'obstacles jugés discriminatoires et disproportionnés. Cependant, il leur permet de restreindre l'accès à leur marché pour des raisons d'ordre public, de sécurité publique, de protection de l'environnement, de santé publique, de politique sociale et de protection des consommateurs.
- Ce texte est un compromis dans la mesure où le principe du "pays d'origine", aspect le plus critiqué du projet initial, n'y figure plus : Ce principe, décrié dans des pays comme la France et la Belgique, stipulait qu'un prestataire de services serait soumis à la seule loi de son pays d'établissement, pas à celle du pays d'accueil où il viendrait pour une mission temporaire.

Je me réjouis qu'une directive sur la libéralisation des services puisse enfin être adoptée. Il était temps. Cependant, mon optimisme reste limité.

Il s'agit d'un consensus relativement mou, qui ne témoigne pas d'une reprise de la dynamique de construction européenne et qui ne contente que peu de personnes. Il faut dire que le débat sur cette question est fortement clivé. Les passions se sont déchaînés et les "plombiers polonais" ont cristallisé toutes les peurs des altermondialistes, de l'extrême gauche et même au delà. Dans de telles circonstances, un simple consensus ne peut satisfaire personne. Les gauchistes ayant l'impression -horreur!- d'abdiquer devant le grand capital et les libéraux, de perdre toute l'essence du projet.


Je me rapproche de l'avis de ces derniers :

1/ Les partisans de la gauche craignaient principalement le dumping social. Dans les services, je pense le risque assez limité. Pourquoi ? Car quand nous parlons services, nous parlons d'hommes et de femmes et la mobilité du "travail" est au combien plus difficile que celle du "capital".

2/ Par ailleurs, pour un certain nombre de services, la France (puisque l'habitude est, quand nous étudions les politiques européennes, de les étudier au regard de nos propres intérêts franco-français) manque de main-d'oeuvre. C'est notamment le cas du BTP où certaines entreprises européennes seront ravies de pouvoir combler ce vide... A souligner tout de même, que même avec le principe du pays d'origine, un travailleur polonais comme Lech, qui viendrait individuellement en France, en dehors du cadre d'une entreprise polonaise aurait été soumis aux mêmes conditions d'embauche qu'un travailleur français (soumis au droit français du travail).

3/ Dernier point de mon argumentation -et pas des moindres- la France avait tout à gagner de la libéralisation des services et de la directive Bolkestein version 1. La structure de l'économie française est telle que les services sont parmi les premiers produits d'exportation de l'hexagone vers les autres pays de l'UE. Le secteur bancaire, les assurances, l'hôtellerie, le tourisme, le transport, la communication, les médias, les services aux collectivités, etc : dans tous ces secteurs d'avenir, à la main d'oeuvre souvent très qualifiée, les entreprises françaises brillent et n'avaient rien à craindre d'une telle libéralisation, au contraire.
Nos voisins hollandais, espagnols ou anglais, aux économies comparables à la nôtre, l'avaient bien compris... Aucune pitié pour leurs plombiers, me direz-vous !

13.2.06

Plutôt que la mise au pas de l’Afrique, penser enfin la mise au pot des riches du Nord.


Une confession d’entrée en forme de prise de conscience, j’ai souvent tourné en dérision les personnes, de gauche ou non, qui essayaient de changer notre regard sur l’Afrique. J’ai eu tort. Ces jeunes bénévoles défendant de grandes idées, de belles idées, comme la générosité ou la solidarité internationale méritent mieux que mon cynisme. Penser un développement solidaire est aussi urgent que de penser un développement durable. Ce ne doit plus être une question subsidiaire, en marge des problèmes de flux migratoires ou de défense de la francophonie. Ce ne peut plus être une question laissée aux seuls alter mondialistes et tiers-mondistes. Pourquoi les partis de gouvernement doivent-ils s’en saisir rapidement ?


Première raison. Les pays de l’Union européenne et de l’espace Schengen en particulier sont confrontés aujourd’hui à une gestion problématique des flux migratoires. Les images d’immigrés clandestins de Lampedusa ou plus proche de nous, ceux du centre de rétention de Calais, doivent conduire à proposer des solutions beaucoup plus ambitieuses que de simples barbelés ou même la coordination des polices européennes. C’est à sa racine qu’il faut attaquer le problème, c’est-à-dire en aidant les pays d’Afrique à sortir de l’extrême pauvreté. Deux contradictions sont traditionnellement avancées : 1) l’aide de l’Union européenne est déjà très importante 2) l’Afrique manque d’une élite responsable et offre une multitude d’exemples de gâchis ou de corruption. Cela ne doit pas conduire à laisser les choses en l’état. L’UE devrait accroître sa coopération avec l’Afrique et l’aider à développer ses infrastructures. La jeunesse africaine doit être la cible à garder en tête, c’est elle que l’UE doit viser à travers sa politique d’aide à l’Afrique. Créer sur place des moyens d’encourager l’intelligence avec des universités et des pôles de recherche. Donner à la future génération des chances de s’en sortir. Je me souviens de la phrase de cette jeune ivoirienne invitée au sommet de la francophonie qui s’est tenu en fin d’année dernière : « Si vous ne vous occupez pas de la jeunesse, elle s’occupera de vous »…

Deuxième raison. Le développement économique de l’Afrique peut nous être profitable. Nous ne pouvons pas continuer, au nom de la seule francophonie, d’une politique étrangère de prestige, à financer l’Afrique en pure perte. Il nous faut sortir l’Afrique de la pauvreté pour booster notre propre dynamique. Comment ne pas voir que l’Afrique avec son énorme réservoir de ressources, à la fois humaines et en matières premières, peut être un formidable « dopant » pour l’économie communautaire ?

Le développement solidaire, nouvelle manière d’envisager l’économie et la mondialisation, devra être au cœur des projets politiques en construction. La solidarité n’est pas seulement une exigence morale, c’est un formidable réservoir de croissance, une philosophie de développement économique, aussi efficace que durable.

Disons le clairement, avoir des voisins plus riches, plus sûrs, donc mieux dans leurs propres frontières, ce serait une tranquilité et un sérieux atout pour la France et l'UE !

6.2.06

Fatwa contre ambidextre

Mieux vaut tard que jamais... Ambidextre ne pouvait pas ignorer la polémique qui agite le monde entier.
Après avoir froissé un bon nombre d'entre vous en défendant, ici même, la liberté d'expression à l'occasion de la mise en cause par la justice française des propos d'un député de la représentation nationale, j'attends vos réactions en publiant, tout comme le quotidien danois Jyllands-Posten et France Soir, la caricature tant décriée de Mahomet portant une bombe en guise de couvre-chef...

Je ne suis pas étonné par les réactions d'une partie des masses du monde musulman. Elles prouvent l'influence croissante de l'intégrisme dans ces régions. Attendues, elles n'en sont pas moins inquiétantes...
Je rejette l'idée que l'Islam soit une religion de haine et de terrorisme et j'imagine assez aisément que cette caricature puisse heurter.

Pourtant, cette caricature est, au mieux, une invitation au débat sur l'intégrisme religieux et le terrorisme islamiste, et au pire, un vulgaire blasphème pouvant blesser les croyances de certains, mais en aucun cas, elle est une invitation à la haine raciale et dans ce sens, rien ne doit la rendre illégale.

C'est étonnant comment l'actualité vient alimenter le débat lancé dans mon précédent article sur la liberté d'expression (à travers l'exemple de propos homophobes). Cela me permet d'étayer mon propos.

La liberté d'expression et la liberté de la presse qui en dépend n'ont de limite, selon moi, que dans l'expression de propos disqualifiants, personnellement ciblés, relevant de la diffamation ou de la calomnie. La loi de la république a instauré des garde-fous dans ce sens et c'est bien normal.
Ensuite, les lois interdisent les propos incitant à la haine raciale. Pour moi, les croyances et les choix sexuels ne sont pas de cet ordre.
Je refuse donc qu'on s'attaque à la liberté d'expression au nom de la défense de telle croyance, telle opinion, tel groupe sociale ou telle pratique sexuelle. L'accepter c'est prendre le risque de la censure, au nom du politiquement correct et de la peur de l'affrontement.
Faut-il rappeller que la liberté est fondatrice de la démocratie ? Si effectivement la liberté des uns s'arrête ou commence celle des autres, je ne pense pas que la liberté des musulams soit, de quelque façon que ce soit, entravée par l'expression de la liberté de ce caricaturiste ou que la liberté des homosexuels soit limitée par les propos libres et insultants du député Vanneste...
Je persiste et signe au risque de déclencher les Fatwa simultanées des intégristes islamistes et des illuminés d'Act up !