27.4.06

Homos et parents ?


Je crois qu'il serait bon d'avoir vos avis sur le mariage homo et sur l'homoparentalité. Le vainqueur du concours lancé le 23 février sur notre blog se reconnaîtra vite. Bravo à lui. Son sujet a attiré l'attention d'Ambidextre.
C'est que, sur ce sujet, nos voisins avancent. La Belgique a franchi une nouvelle étape ces derniers jours dans la reconnaissance de l'égalité juridique entre couples hétérosexuels et couples de même sexe.
Après le mariage, c'est le droit à l'adoption que la Belgique a, comme d'autres pays européens avant elle, consacré. Et la France dans tout ça ?
Sur Ambidextre, pas d'ambiguités, le débat est ouvert...

5.4.06

Ma vision des choses




D'emblée une mise au point, je suis partisan du réformisme radical proposé notamment par DSK et porté en leur temps par Michel Rocard ou Jacques Delors. Je crois à une gauche qui joue la carte du programme réaliste . Je crois à la construction d'une gauche moderne. A la nécessité de dépasser un socialisme d'accompagnement, qui soigne les maux sans s'y attaquer. Il faut rentrer dans le temps de la social-démocratie, dans laquelle les effets néfastes produits par le capitalisme sont combattus à la source. C'est le capitalisme dans sa façon de produire de l'inégalité qu'il faut transformer. Il faut en finir avec le traitement a posteriori des maux et la dénonciation du capitalisme en tant que système économique. Le capitalisme doit être transformé, pas combattu! La répartition des richesses produites a besoin d'être repensée. L'actionnariat salarié est une bonne piste.
Soyons clairs! Pour DSK, le marché n'est pas un mal mais il n'est pas non plus un tout. Pour lui, le contrat unique avec capitalisation de droits au fil du temps, dans le cadre d'une sécurisation des parcours professionnels est une réponse adaptée au problème du chômage mais aussi au problème de précarité de ceux qui, bien que travaillant, sont pauvres. Pour inciter les entreprises à embaucher en CDI, il propose de jouer sur la fiscalité des entreprises et notamment l'impôt sur les sociétés : plus vous jouez le jeu de l'emploi stable, autrement dit plus vous montrez concrètement que vous êtes une entreprise qui investit dans son personnel, moins l'Etat vous ponctionne.

Je ne suis pas d'accord avec l'ensemble des idées de DSK mais dire aujourd'hui que la modernité est à droite me fait doucement rigoler. La droite actuelle est bien plus conservatrice et archaïque que son état-major tente de nous le faire croire. Il faut suivre de près ce qui se passe à l'Assemblée pour le ressentir. Même l'UDF se sent de plus en plus mal à l'aise avec de tels voisins de majorité! Récemment et pour donner un exemple concret de ce conservatisme: les Députés viennent de vider de son contenu la loi SRU obligeant à construire 20 % de logements sociaux. Grâce à l'amendement Ollier qui modifie la loi Borloo d'"Engagement national pour le logement", exit les 20%. Faire bouger les choses, être "moderne", c'est aussi mettre fin aux fractures spatiales et sociales. Pas qu'avec des mots mais avec une loi contraignante. Contraignante pour les élus locaux qui n'ont pas compris le message de novembre 2005. L'UMP a décidé que l'urgence, c'était les mots, pas la loi.

Concernant le regard que je porte sur les manifs anti-CPE, je dirais qu'elles m'ont semblé justes dans leurs motivations, mauvaises dans leurs revendications, affligeantes dans leurs débordements. Je m'explique. Le CPE est une mauvaise mesure selon moi car elle ajoute un contrat de travail à une liste déjà impressionnante. Qui plus est, elle envoie un mauvais message: la précarisation du contrat serait la solution à l'embauche. Faux, et économiquement, et socialement, et humainement. Ce n'est pas être marxiste -d'ailleurs Marx, que je relis actuellement, est bien plus complexe dans sa pensée que ceux qui ne l'ont pas lu peuvent se l'imaginer - que de dire cela, c'est connaître aussi le fonctionnement d'une entreprise. C'est par exemple connaître le rapport récent de l'OCDE sur le lien supposé entre facilité de licenciement et niveau d'emploi.

Je suis contre le blocage des universités car ils ne sont pas démocratiques. Ils sont même complétement illégaux. Je suis contre les grèves à répétition qui fragilisent un peu plus notre économie et la cohésion nationale, en creusant de nouveau la fracture entre salariés du public et salariés du privé. Et pourtant,comme près de 65 ou 70% de Français, je n'accepte pas qu'au nom du "réalisme", de la "nécessité d'ouvrir les yeux sur le fonctionnement même du monde", on tente de créer des salariés corvéables à merci.
Contrairement aux stéréotypes de droite, pour laquelle un anti-cpe est forcément un jeune qui rêve d'un monde qui n'est pas. Un jeune naïf face à une réalité sociale et économique qu'il ne connaît pas. Un jeune grogui par le rabâchage de clichés gauchistes sur le "méchant patron". Ce jeune, au tee-shirt à l'effigie du Che, incapable de prendre des risques car élevé et entretenu dans l'illusion de l'assistanat. Je crois, moi, comme tous ceux qui veulent une rénovation dans ce pays, que les jeunes français n'attendent qu'un projet motivant pour retrouver du peps. La précarité est ausi psychologique.
Une gauche responsable se construit. Fière de ce qu'elle a fait en 1997 avec Lionel Jospin. Consciente de ses ratés. Pas une gauche tiède, pas une gauche qui renie le socialisme réformiste. Pas une gauche qui accepte de se faire donner des leçons de gestion et de gouvernance économique par des bâtisseurs de croissance molle. Une gauche qui a bien compris que l'économique est au service du social. Que le social a un coût. Que le financement global des finances publiques doit passer par des efforts, notamment sous la forme du non renouvellement des fonctionnaires partant en retraite. Une gauche, enfin, qui a compris, que notre modèle social devait être modernisé.
Mais la gauche, battue sur la question de l'insécurité, n'oubliera pas de rappeler qu'un bilan doit être fait. Pourquoi serait-on plus exigeant en la matière pour la gauche que pour la droite? Posez-vous la question: la droite a t-elle réussi économiquement (l'argument de la croissance mondiale ne tient plus aujourd'hui)? La droite a-t-elle fait baisser l'insécurité? A-t-elle baissé la fiscalité comme promis?
Il faut exiger qu'en politique, on soit comme dans le monde économique, jugé sur ses actes, jugé sur ses résultats. C'est selon moi la meilleure façon de concevoir l'action politique et son évaluation par le citoyen. Les Nord-Américains parlent en la matière d'accountability, c'est à dire de l'exigence éthique pour le politique de rendre compte aux citoyens de son action à l'issue de son mandat. Le même droit d'inventaire, au-delà des palabres électorales, doit être exigé! Sarkozy, Villepin, Chirac ont peut-être un projet pour la France. Certes. Ils ont aussi un bilan. Non?
A l'heure du bilan, j'espère que le réalisme sera de mise.

2.4.06

Il faut que jeunesse se place !


Pardon encore une fois pour le silence des ambidextres ces deriners temps. La main gauche n'a plus internet chez elle pour le moment et la main droite a une activité professionnelle qui laisse peu de temps au blog. Certains réclamaient nos réactions sur l'actualité sociale. Voici la mienne.

L'objet de mon post n'est pas de débattre sur le CPE en lui même (qui ne sera vraisemblablement pas la solution miracle au problème du chômage des jeunes), ni sur la manière dont le gouvernement a mené ce projet (non sans maladresse et archaïsme).

Le principal mérite de ce nouveau contrat est d'être innovant. Enfin de nouvelles solutions pour essayer de résoudre le problème du chômage. D'ailleurs, si ça ne marche pas, il sera temps de le supprimer en 2007. Après tout, les prochaines échéances électorales approchent à grand pas.

Mais la France n'aime pas le changement. Pire, les jeunes français sont profondément conservateurs. Ils se complaisent dans une situation moyenne (pas excellente mais somme toute confortable dans ce beau pays qu'est la 5e puissance économique mondiale) et expriment la crainte de devoir construire leur propre France (plutôt que de vivre tranquillement dans celle de papa et maman).

Pourquoi un petit contrat fait-il tant de bruits ? Regardons qui manifeste :
Les jeunes universitaires. La plupart d'entre eux connaissent très mal le monde du travail. Sont-ils aussi naïfs ? Croient-ils vraiment qu'aujourd'hui en 2006, des beaux CDI les attendent la sortie de leur licence ou master. Pire ! Croient-ils qu'ils feront toute leur carrière ou même les 10 premières années de leur vie active dans la même société ? C'est beau une jeunesse qui rêve.
En fait de quoi rêve t-elle ? D'avoir la même vie que leurs aînés... qui défilent à leur coté.
Les fonctionnaires. Pourquoi sont-ils encore une fois dans la rue ? Sont-ils concernés ? Pas vraiment, non ! Ils ne perdent simplement pas une occasion de rappeler au monde entier qu'ils ont le statut social le plus enviable au monde, payés convenablement, emplois garantis à vie et temps de travail dérisoire, et qu'ils comptent bien le garder, et en faire profiter aussi si possible leurs enfants.
Les lycéens sont aussi dans la rue. Vous ne m'enlèverez pas de la tête qu'à cet âge, on ne perd pas une occasion de mettre un peu de piment à son quotidien d'enfant gâté d'Occident.

Ca frôle le ridicule. Un nouveau mai 68 ? Simples néo-soixante-huitards déjà attardés, je pense. Ils s'emmerdent dans leur vie de lycéens et d'étudiants. Pas de guerre ni de service militaire, pas de révolte (les jeunes de banlieue en ont désormais le monopole), pas de débats de société (l'avortement, la contraception, la liberté sexuelle... ils ont déjà tout, le sida en plus).

Je généralise sur la jeunesse française pourtant elle n'est pas si uniforme.
La jeunesse révoltée ou plutôt arc-boutée (le mot est plus juste car on parle bien ici d'une posture conservatrice opposée au changement) est promise à un avenir relativement difficile. Universitaires, peu préparés pour le marché du travail, ils s'apprétent à galérer au début.
En face, une jeunesse positive (celle des grandes écoles essentiellement) qui n'aura pas de mal à trouver un bon vieux CDI. On pourrait penser que le CPE les inquiète. Au contraire, ils approuvent contrairement aux autres, pour qui ce CPE est fait.
Les abonnés aux contrats précaires pestent sur le CPE. Le mélange d'ignorance et de pensée dominante ultra-gauchisante est détonnant.

Face à un patronat dont les préoccupations sont beaucoup plus terre à terre. Embaucher un jeune : oui si j'en ai besoin et que j'en ai les moyens. Garder un jeune : oui s'il est compétent. Pour combien de temps : j'ignore les perspectives. Virer un jeune : je l'ai formé donc seulement s'il est incompétent ou si mon activité ne me permet pas de le garder.

A coté de cela, les délires marxistes de la jeunesse des centres villes prêtent à rire.
Ce qui fait pleurer, c'est la désintégration totale d'une partie de la jeunesse des banlieues. Ils seraient presque à plaindre s'ils ne se comportaient pas comme des barbares.
Il y a aujourd'hui deux vraies urgences : Retrouver la sécurité civile (la France ne peut se résoudre à autant de violence) et préserver les plus jeunes de La Courneuve ou de Clichy sous Bois d'un avenir aussi sombre. Eux un CPE dans 15 ans, ils ne sont pas contre...