2.4.06

Il faut que jeunesse se place !


Pardon encore une fois pour le silence des ambidextres ces deriners temps. La main gauche n'a plus internet chez elle pour le moment et la main droite a une activité professionnelle qui laisse peu de temps au blog. Certains réclamaient nos réactions sur l'actualité sociale. Voici la mienne.

L'objet de mon post n'est pas de débattre sur le CPE en lui même (qui ne sera vraisemblablement pas la solution miracle au problème du chômage des jeunes), ni sur la manière dont le gouvernement a mené ce projet (non sans maladresse et archaïsme).

Le principal mérite de ce nouveau contrat est d'être innovant. Enfin de nouvelles solutions pour essayer de résoudre le problème du chômage. D'ailleurs, si ça ne marche pas, il sera temps de le supprimer en 2007. Après tout, les prochaines échéances électorales approchent à grand pas.

Mais la France n'aime pas le changement. Pire, les jeunes français sont profondément conservateurs. Ils se complaisent dans une situation moyenne (pas excellente mais somme toute confortable dans ce beau pays qu'est la 5e puissance économique mondiale) et expriment la crainte de devoir construire leur propre France (plutôt que de vivre tranquillement dans celle de papa et maman).

Pourquoi un petit contrat fait-il tant de bruits ? Regardons qui manifeste :
Les jeunes universitaires. La plupart d'entre eux connaissent très mal le monde du travail. Sont-ils aussi naïfs ? Croient-ils vraiment qu'aujourd'hui en 2006, des beaux CDI les attendent la sortie de leur licence ou master. Pire ! Croient-ils qu'ils feront toute leur carrière ou même les 10 premières années de leur vie active dans la même société ? C'est beau une jeunesse qui rêve.
En fait de quoi rêve t-elle ? D'avoir la même vie que leurs aînés... qui défilent à leur coté.
Les fonctionnaires. Pourquoi sont-ils encore une fois dans la rue ? Sont-ils concernés ? Pas vraiment, non ! Ils ne perdent simplement pas une occasion de rappeler au monde entier qu'ils ont le statut social le plus enviable au monde, payés convenablement, emplois garantis à vie et temps de travail dérisoire, et qu'ils comptent bien le garder, et en faire profiter aussi si possible leurs enfants.
Les lycéens sont aussi dans la rue. Vous ne m'enlèverez pas de la tête qu'à cet âge, on ne perd pas une occasion de mettre un peu de piment à son quotidien d'enfant gâté d'Occident.

Ca frôle le ridicule. Un nouveau mai 68 ? Simples néo-soixante-huitards déjà attardés, je pense. Ils s'emmerdent dans leur vie de lycéens et d'étudiants. Pas de guerre ni de service militaire, pas de révolte (les jeunes de banlieue en ont désormais le monopole), pas de débats de société (l'avortement, la contraception, la liberté sexuelle... ils ont déjà tout, le sida en plus).

Je généralise sur la jeunesse française pourtant elle n'est pas si uniforme.
La jeunesse révoltée ou plutôt arc-boutée (le mot est plus juste car on parle bien ici d'une posture conservatrice opposée au changement) est promise à un avenir relativement difficile. Universitaires, peu préparés pour le marché du travail, ils s'apprétent à galérer au début.
En face, une jeunesse positive (celle des grandes écoles essentiellement) qui n'aura pas de mal à trouver un bon vieux CDI. On pourrait penser que le CPE les inquiète. Au contraire, ils approuvent contrairement aux autres, pour qui ce CPE est fait.
Les abonnés aux contrats précaires pestent sur le CPE. Le mélange d'ignorance et de pensée dominante ultra-gauchisante est détonnant.

Face à un patronat dont les préoccupations sont beaucoup plus terre à terre. Embaucher un jeune : oui si j'en ai besoin et que j'en ai les moyens. Garder un jeune : oui s'il est compétent. Pour combien de temps : j'ignore les perspectives. Virer un jeune : je l'ai formé donc seulement s'il est incompétent ou si mon activité ne me permet pas de le garder.

A coté de cela, les délires marxistes de la jeunesse des centres villes prêtent à rire.
Ce qui fait pleurer, c'est la désintégration totale d'une partie de la jeunesse des banlieues. Ils seraient presque à plaindre s'ils ne se comportaient pas comme des barbares.
Il y a aujourd'hui deux vraies urgences : Retrouver la sécurité civile (la France ne peut se résoudre à autant de violence) et préserver les plus jeunes de La Courneuve ou de Clichy sous Bois d'un avenir aussi sombre. Eux un CPE dans 15 ans, ils ne sont pas contre...

3 commentaires:

Nicolas Vignolles a dit…

Personne ne peut évidemment se réjouir de la situation actuelle. Ni la droite ni la gauche. Mais l'échec est bel et bien celui de la majorité gouvernementale. Tout simplement ridicule.
Avant le vote, l'UDF avait proposé quelques amendements sur le CPE, notamment de ramener la durée de 2 à 1 an et d'inscrire au moins la nécessité de donner un motif au licenciement.Les Député UMP les ont rejeté à l'unanimité.
Aujourd'hui la majorité parlementaire, UMP toujours, nous dit reprendre la main et préparer une proposition de loi. Ok, très bien. Et là, Bernard Accoyer, chef du troupeau UMP égaré, déclare que deux points semblent être améliorables: les deux ans et le motif. Il ne fait aucun doute qu'une telle proposition serait cette fois-ci votée à la quasi unanimité par les Députés UMP!
L'UMP vient de démontrer que le CPE n'était pas seulement le signe d'un manque d'habileté politique mais bien le révélateur d'une totale incompétence.
Quand à ceux qui avancent l'argument selon lequel on ne donne même pas sa chance au CPE, au moins une courte préiode pour "voir si ça marche", je leur répondrai que le CNE a bel et bien été voté et qu'il aurait pu tout à fait servir de ballon d'esssai. La gauche serait archaïque quand la droite serait moderne ? La modernité, c'est aussi une manière de gouverner. Celle du Gouvernement Villepin est calamiteuse. Les Français sauront, j'en suis sûr, s'en souveneir. J'en viens même à espérer Ségolène!

Nicolas Vignolles a dit…

Nico, je reste sur ma faim...
il y quatre questions bien distinctes:
1/ La loi Borloo sur l'égalité des chances et le CPE en particulier dont il fait partie. Tu ne te prononces pas sur ce point.
2/ La façon que le gouvernement l'a fait voté par le parlement. C'est sur ce point que ta critique se concentre. Je peux être d'accord avec toi sur un certain nombre de point.
3/ Les réactions de la rue (lycéens, étudiants, syndicats et casseurs). Tu ne portes pas de jugement. Approuves-tu la manière dont les manifestants se comportent ?
4/ Plus largement, les résistances au changement en France, notre rapport à la réforme, au libéralisme, à la mondialisation, tout cela mis en perspective avec l'attitude de nos voisins européens. Sur cela non plus, je n'ai pas ton avis.
Le seul scoop de ton commentaire, c'est de voir le revers de ta veste DSK aux couleurs de Ségolène...

Nicolas Vignolles a dit…

J'ai relu ton post main droite. Un peu cynique la fin tout de même...Dans le genre stigmatisation de certains jeunes de banlieue parisienne, on ne fait pas mieux!
C'est pas parce que des jeunes au fond du trou sont près à prendre un CPE ou de l'interim que la mesure est bonne. Biensur que certains jeunes seront relancés grâce à l'embauche en CPE. Mais le problème du contrat de travail renvoie à un problème plus vaste encore. Celle de la précarité. Celle de la merde dans laquelle certaines personnes vivent aujourd'hui en France. On ne peut plus se payer le luxe d'ignorer un quart de notre population! en leur balançant des contrats déséquilibrés sous prétexte que les temps sont dures. Novembre 2005 fut, je le crois, un sérieux avertissement. La précarité conduit in fine à du désespoir...