27.3.08

1000 soldats de plus en terre afghane : oui, mais pour faire quoi précisément ?


Je ne suis en rien spécialiste des questions internationales mais l'annonce faite par Nicolas Sarkozy d'un renforcement de la présence militaire française en Afghanistan me semble illégitime pour plusieurs raisons.
La mission de la France en Afghanistan n'est plus du tout claire quant à ses objectifs. Comment peut-on vouloir renforcer notre présence alors que l'OTAN se montre incapable de définir les visées précises de sa présence en terre afghane ?

L'objectif est-il de combattre les talibans ? Eux et leurs affidés contrôlent 70% du territoire.
Est-ce un soutien à la démocratie et à Karzaï ? Un régime dans lequel un journaliste afghan est aujourd'hui condamné à mort pour "blasphème"...
Est-il question alors de remettre sur pied un pays et l'aider à se reconstruire ? L'agence Acbar, qui regroupe près d'une centaine d'organisations non gouvernementales travaillant en Afghanistan, vient de publier un rapport montrant que l'aide internationale débouche sur une véritable gabegie et une corruption généralisée...

L'Afghanistan a moins besoin de militaires que d'aide à la reconstruction civile...Les américains dépensent 100 millions de dollars par jour pour faire la guerre, quand l'aide internationale à la reconstruction est de 7 millions de dollars...

Et Nicolas Sarkozy déduit de la situation actuelle afghane, qu'un renforcement de notre présence militaire est nécessaire. Il le décide seul et l'annonce au Parlement britannique avant même de demander au Parlement de son propre pays d'en débattre. Ce désaisissement intolérable de la Représentation nationale qu'est le Parlement, sur une question aussi grave que l'engagement de troupes dans la guerre, est une faute politique majeure.

11.3.08

Dimanche 16 mars, Sarkozy la tête dans le sac !

On le sait, les élections municipales sont d'abord des élections à enjeu local. L'envie de sanctionner le gouvernement à travers ce vote, n'est exprimée que par 25 à 30% des Français. Difficile toutefois de ne pas lier les résultats du premier tour, largement favorables à la gauche, au désamour soudain et brutal des Français pour leur Président.
Enseignement majeur de ce 1er tour et symbole puissant de ce divorce, les classes populaires ont plus que d'autres transformé le vote du 9 mars en sanction. Il est vrai qu'après avoir assurées la victoire du candidat Sarkozy en mai 2007, attirées par le mensonger "travailler plus pour gagner plus", elles ont eu à encaisser successivement les franchises médicales, la baisse du pouvoir d'achat, la hausse du travail précaire, la compression des aides sociales (notamment aux logements), et le discours défaitiste de l'impuissance... Les 15 milliards du bouclier fiscal n'étaient pas pour eux mais pour les classes moyennes supérieures. Et l'UMP, qui était la majorité populaire durant la campagne...est redevenue au pouvoir, l'UMR, la majorité des rentiers. Et certains se sont réveillés avec la gueule de bois, constatant que la droite au pouvoir appliquait bien un programme... de droite.

Dans de nombreuses villes, des édiles appréciés, de droite comme de gauche, ont été ou seront reconduits, les électeurs reconnaissant la qualité de leur travail sur le plan local. Reste qu'au-delà des commentaires parfois "mi chèvre mi-choux" de la presse, ce premier scrutin d'après présidentielle sonne moins comme un avertissement que comme une confirmation.

Au-delà du clivage gauche/droite, les Français ne croient plus au sarkozysme. Au volontarisme dans les mots, il préfère l'action dans les faits.

La gauche peut remporter dimanche plusieurs succès de taille : gagner Paris, Marseille, Lille et Strasbourg semblent possibles. Elle pourrait ainsi effacer la défaite cinglante de 2001 et remporter entre 3 et six départements.

Mais les victoires locales doivent lui servir à gagner au plan national.

Son ancrage local doit être affiché et non pas caché. Le PS doit à l'avenir pouvoir profiter à plein de sa force au niveau des territoires, il doit en être fier et en faire un atout au service de son projet pour le pays. Nous sommes reconnus partout comme de bons gestionnaires, perçus le plus souvent comme des responsables à la fois sérieux et innovants, capitalisons là-dessus, communiquons là-dessus !

Et si l'avenir du PS, c'était ses territoires ? Pas au sens d'un repli sur un socialisme municipal, pas non plus dans la défense de "baronies" comme au temps de la SFIO mais bien dans une tentative ambitieuse d'écrire un projet pour la France en phase avec ce qu'elle est, avec ses réalités locales.

Il faudra au PS dès novembre, inventer un projet national, en partant enfin de ce qu'il sait faire au niveau local. Et si la rénovation passait aussi par une meilleure utilisation des ressources humaines de ce parti, une démocratie participative ouverte aux expériences locales?!

6.3.08

Avantage Mc Cain

John Mc Cain est désormais assuré d'être investi par son parti lors de la convention républicaine de septembre. Sorti vainqueur des primaires républicaines sans laissé trop de force, il peut dès à présent se renforcer et bâtir une stratégie de conquête de la Maison Blanche. Celle-ci commence bien évidemment - c'est la règle en Amérique - par une nouvelle campagne pour lever des fonds. Le rapprochement avec les réseaux Bush sera indispensable au Sénateur de l'Arizona pour envisager le combat final. Reste qu'au-delà de la manne financière, plusieurs atouts font du vétéran du Vietnam âgé de 71 ans, un candidat très sérieux. Et pour tout dire, à mes yeux, le favori pour novembre.

Comment ne pas voir que les Français, les médias en particulier, ne relaient de la campagne que le débat faisant rage au sein du camp démocrate, ignorant quasi systématiquement le camp républicain? Il est vrai, que le combat entre Clinton et Obama a tout pour séduire l'industrie médiatique. L'experience contre le changement, une femme contre un métisse, la calculatrice contre le charismatique, c'est toute l'Amérique qui semble devoir se passionner pour ce duel aux allures de sitcom. Et pourtant cette vision est réductrice. Elle n'est pas le juste reflet de l'Amérique politique. Elle est juste l'Amérique vue de France. Il y aussi une dynamique Mc Cain.

Qu'on ne se méprenne pas sur la valeur du candidat désigné par les républicains. Ses atouts sont nombreux.
Il a pour lui sa vaillance au Vietnam unanimement reconnue, et qui constitue un avantage de taille dans un pays où près de 3 voitures sur 4 arborent aujourd'hhui encore des stickers "We proud of our guys" ("Nous sommes fiers de nos gars").
Il peut compter également sur une popularité acquise dans travail de parlementaire et sur une capacité à dépasser sur certaines questions les clivages politiques traditionnelles. Il a cosigné avec Edward Kennedy, véritable icône de la gauche américaine, un projet de loi qui visait à régulariser quelque 12 millions d'immigrés clandestins. Il s'est en outre élevé au Congrès contre l'usage de la torture. Enfin, c'est un des rares républicains à s'intéresser à la question du réchauffement climatique.
Enfin, il aura à coeur de reconquérir l'aile la plus conservatrice de l'électorat républicain, à qui il a déjà su offrir un certain nombre de garanties, notamment sur la question du droit à l'avortement, du mariage homosexuel ou du contrôle des armes.


Pendant que les démocrates se déchireront jusqu'à leur convention de Denver, John Mc Cain aura tout le temps de cultiver sa stature présidentielle. Il peut même se permettre, comme il y a quelques jours de décerner à tel ou tel des satisfecits et se hisser ainsi au-dessus du jeu politicien. Ecoutez le qui, habilement déclare à propos de Hillary Clinton : "Je la félicite. Je sais qu'elle se dépense à fond. C'est une vraie battante. J'ai remarqué qu'elle était restée éveillée l'autre soir après la campagne et qu'elle a été en même temps capable d'être à Washington et prête à recommencer la campagne le matin même. C'est une vraie gagneuse. Je lui accorde tout mon crédit".



Pour moi, c'est clair, que ce soit Obama ou Clinton, l'avantage est à Mc Cain.