7.2.08

La rupture


La chute est vertigineuse et il ne faut pas s'en réjouir. Personne n'a à se féliciter d'une telle manifestation de désaffection des Français à l'égard de leur Président. Le Président de la République est plus que cet homme temporairement choisi pour assumer la fonction. C'est une institution qui doit être protégée, respectée et même, mais c'est mon avis personnel, une fonction qu'il convient de sacraliser.

La parole du Président n'est pas la parole d'un monarque; nous sommes en République bien sûr mais la parole d'un Président ne doit pas être moins grande et forte que celle d'un monarque. Pourquoi ? parce que la politique a besoin d'incarnation, de symboles, de repères, d'autorité. Le Prséident doit pouvoir incarner chaque jour, dans son comportement personnel, dans se mots, dans sa geste, ce que la France porte de meilleur.

Depuis plusieurs semaines déjà, le soir même de son élection d'ailleurs en se rendant au Fouquet's, Nicolas Sarkozy a cru que les Français ne seraient pas regardants sur le comportement de leur édile élyséen. Nicolas Sarkozy a cru que les votes des 53% de Français qui l'avaient choisi lui appartenaient quoi qu'il fasse quoi qu'il puisse advenir durant son quinquennat.

Concernant la Présidence de la République, Nicolas Sarkozy a cru que la modernité allait de pair avec la fin du sacré. Ce pari a échoué.

Aujourd'hui, et j'ai vraiment du mal à l'écrire, le comportement de Nicolas Sarkozy n'est pas digne, ni des 23 millions de voix qui se sont portées sur son nom, ni de l'ensemble des Français.

Comment peut-on parler de Dieu à Ryad, royaume du Wahabbisme tout puissant, avec ce manque de retenue et cette méconnaissance de ce qui fait le coeur de la République française : la laïcité ?

Comment peut-on abaisser la France en affichant, telle une starlette ou un animateur de jeu télévisé, partout, tout le temps, sa vie amoureuse, sans élégance ni pudeur ? Qui n'est pas gagné par un sentiment de gêne en voyant le Président avec ses rayban pilote ou encore le Président tutoyer à tout-va, menacer un marin pêcheur tel un docker...Toutes ces images restent dans l'esprit des Français encore plus surement que les mots. Et au final, il abaisse la fonction présidentielle.

Enfin, comment peut-on afficher un tel volontarisme politique durant plusieurs années de campagne électorale et décevoir autant au bout de seulement 9 mois ?

La réalité, c'est que le discours de la rupture a accouché d'une souris.

Au fait vous, vous travaillez plus pour gagner plus ?
Vous avez bénéficié du bouclier fiscal ?
La franchise médicale, payée quand vous êtes malade, c'est juste ?
Le droit opposable au logement, ça construit du logement ?
Vous êtes encouragés pour devenir propriétaire de votre premier logement ?
Sur vos impôts, une moins grande partie va au financement de la dette publique ?
Quelle grande mesure sociale portée par la droite pouvez vous citer depuis six ans ?

1 commentaire:

Nicolas a dit…

Je suis d'accord avec Ségolène Royal et ce qu'elle écrit fort justement dans Le Monde datée jeudi 7 février.


PARIS (Reuters) - Huit mois après l'entrée de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, Ségolène Royal dénonce le bilan "calamiteux" du président de la République, qu'elle qualifie de "monsieur taxe".

"Le choc de confiance promis a laissé place à un choc de défiance, qui dégénère aujourd'hui en vent de révolte", déclare l'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle dans une tribune publiée jeudi dans Le Monde.

"L'urgence du pouvoir d'achat n'a pas été traitée, l'avenir n'a pas été préparé, la désinvolture publique a tenu lieu de morale politique", ajoute-t-elle.

"Pour remplir les caisses qu'il a contribué à vider, Nicolas Sarkozy est devenu 'monsieur taxes'", accuse la présidente de la région Poitou-Charentes, qui cite la "taxe sur la santé" avec les franchises médicales, la hausse du rendement de la TIPP et de la TVA, la création d'un impôt sur les séjours hôteliers, la taxation de la publicité et "le retour en clair-obscur de la TVA sociale".

"Le gouvernement demande aux revenus moyens et modestes de rembourser un bouclier fiscal qui a notamment rapporté 350 millions d'euros à 16.000 contribuables privilégiés", souligne-t-elle.

Aux yeux de la responsable socialiste, "le creusement des inégalités ne fera que tirer la croissance vers le bas".

"Et si rien n'est fait pour construire la confiance, les injustices criantes déboucheront sur une violence ouverte", prévient-elle.

Pour Ségolène Royal, l'équipe au pouvoir doit répondre à en priorité à "trois urgences" : la réforme de l'Etat ; l'université et la recherche ; et faire de la sécurité professionnelle et de la hausse du pouvoir d'achat "deux réalités indissociables".