31.5.07

Un choix de société à combattre

Nicolas Sarkozy, bien qu'élu et devant à ce titre représenter l'ensemble des Français au-delà de leurs inclinations partidaires, notre président donc, est toujours en campagne! Cette fois-ci pour les élections législatives.Tous ses ministres se présentent ou presque. Et chacun sait pourtant qu'aucun n'entrera au Palais Bourbon à l'ouverture de la session d'été.
Enfin passons. Le Président fait campagne. On vote pour des ministres qui se présentent pour être député mais ne le seront pas... Mais à part ça la politique, sa conception, ont cahngé... Enfin, ce n'est pas comme si certain ministres, comme celui de la Défense par exemple, présentait tous les membres de leur famille, jusqu'à leur chauffeur (!), histoire d'engranger des deniers publics pour leur parti naissant....

Dans l'enthousiasme général, il est déjà des signes qui ne trompent pas. Et qui ne tarderont pas à démontrer toute l'incohérence du programme sarkozyste. Toute sa démagogie aussi. Qu'un seul slogan, matraqué à loisir durant la campagne, suffisait à résumer : "Travailler plus pour gagner plus".

Les plus grands économistes, dont Michel Godet, économiste libéral des arts et métiers, inspirateur de mesures sarkozystes, s'accordent à dire que l'effet des mesures envisagées par le président de la République seront au mieux nuls économiquement, au pire, extrêmement dangereuses budgétairement.

Prenons une mesure phare en exemple : les emprunts immobiliers déductibles

La majorité des gens pourront récupérer autour de 1000 euros par an sous forme de déduction ou de cérdit d'impots. Il n'y a pas là de réelle incitation à acheter ! 1000 euros par an, pensez-vous que ça permet de créer "une France de propriétaires" ? A la rigueur ça libère du pouvoir d'achat chez les personnes déjà propriétaires de leur logement. Autrement dit ça creuse le fossé entre locataires et propriétaires...

Les finances publiques de la France d'après...dont hériteront nos enfants...

ISF, droits de succession (7 à 10 milliards)
+ Exonération d'impot sur le revenu, de CSG et de charges sociales sur les heures sup (3 à 4,5 milliards)
+ déduction des intérets d'emprunts (1,5 à 2,5 milliards)
= 12 à 15 milliards de cadeaux fiscaux...

Rappelons que le remboursement de la dette (64% de notre PIB) est le deuxième poste de dépenses budgétaires chaque année...et engloutit 40 milliards d'euros qui pourraient être utilisés ailleurs...de manière active et constructive!

Avec Sarkozy, c'est un projet non seulement injuste mais inefficace et extrêmement couteux qui s'annonce. Un coût totalement insupportable pour nos finances publiques.


Le futur de la gauche est là : rebâtir notre projet autour d'une conception saine et responsable de l'économie et des deniers publics, répondre aux questions fondamentales sans tomber ni dans la facilité des slogans, ni dans le suivisme de l'opinion majoritaire.

1 commentaire:

Nicolas Vignolles a dit…

En complément, lu aujourd'hui (31/05)

Le programme économique de Nicolas Sarkozy inquiète Bruxelles

BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne s'inquiète des risques de dérapage budgétaire inhérents aux engagements pris par Nicolas Sarkozy, tout en laissant pour l'instant le bénéfice du doute au nouveau gouvernement français.
"Le même président de la République ne peut à la fois appeler de ses voeux une meilleure gouvernance économique de la zone euro et prendre des dispositions qui risquent de faire déraper les comptes", estime un commissaire européen.
Sarkozy s'est engagé à réduire les déficits publics et l'endettement de la France pour parvenir à l'équilibre des finances à la fin de son quinquennat, en 2012.
Pour lui, cela passe par une politique volontariste afin d'accroître une croissance économique jugée trop faible.
"Je suis bien obligé de réfléchir à un véritable choc économique et fiscal pour que la France parte à la conquête de ce point de croissance qui lui manque", a-t-il déclaré le 23 mai à Bruxelles, après sa rencontre avec José Manuel Barroso.
Cette stratégie suscite quelques froncements de sourcils au siège de l'exécutif européen, où l'on fait ses comptes.
Sarkozy remet en effet en question l'engagement pris le 30 janvier dernier par la France devant le Conseil des ministres de l'Economie et des Finances de revenir à l'équilibre en 2010.
L'Ecofin avait accepté de clore la procédure pour déficit excessif dans lequel les finances françaises étaient plongées depuis 2002 en échange d'un "programme de stabilité" tiré du pacte du même nom qui prévoyait un déficit zéro et un endettement inférieur à 60% du PIB à la fin de la décennie.
LIGNES ROUGES
A l'époque, la Commission européenne avait jugé "plausible" le scénario français, tout en exhortant Paris à faire davantage d'efforts en 2007 pour tenir la dépense publique.
A 2,4% de déficit prévu cette année, la France est loin d'être dans une situation confortable, puisqu'elle est très proche de la barre fatidique des 3% du PIB.
Elle reste le plus mauvais élève de la classe avec le Portugal, le déficit moyen pour la zone euro étant de 1% du PIB en 2007 -- 0,6% à peine pour l'Allemagne.
A Berlin, en avril dernier, les ministres des Finances de la zone euro avaient d'ailleurs solennellement confirmé l'objectif 2010 que le nouveau président vient de remettre en cause.
Le pacte de stabilité de l'euro avait en outre été réformé en 2003 en laissant plus de temps aux Etats membres pour corriger leur déficit en période de vaches maigres mais avec l'obligation de faire des réserves en période de vaches grasses, comme c'est le cas actuellement avec une croissance forte.
"La France ne peut ignorer que le pacte a été réformé, mais avec des lignes rouges", a expliqué un commissaire.
Or, malgré les risques impliqués par la fragilité des comptes, le gouvernement entend engager très rapidement des dépenses importantes et se prépare à biffer nombre de recettes fiscales, alors que les fruits de la croissance auraient dû être consacrés à la réduction accélérée des déficits.
CONVIVIAL POUR L'INSTANT
Bouclier fiscal, suppression des droits de succession, réduction de l'impôt sur les sociétés, déduction des intérêts de l'emprunt immobilier du revenu imposable, augmentation des dépenses de recherche et développement et exonération de charges sociales: tout cela coûtera extrêmement cher.
Nicolas Sarkozy compte sur la croissance pour parvenir à son objectif sans creuser à nouveau les déficits.
"Mais c'est un pari économique", estime un responsable européen. "Il faut que la croissance redémarre vite, sinon cela deviendra un sujet de contentieux avec les partenaires."
La déduction fiscale des emprunts immobiliers suscite à Bruxelles un scepticisme tout particulier en raison de l'importance de la perte de recettes pour le Trésor public.
Lors du dîner qui a réuni le 23 mai Nicolas Sarkozy, le président de l'exécutif européen, José Manuel Barroso, le commissaire aux Transports, le Français Jacques Barrot, et le responsable des Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia, le président français n'a pas été mis sous pression.
"C'était convivial. On ne peut pas jouer le gendarme qui siffle au carrefour", explique un participant. "Almunia lui a dit qu'il ne fallait pas s'éloigner de l'esprit du pacte, Sarkozy a répondu: 'laissez-moi un peu de temps'".
Mais l'épreuve de vérité viendra à la rentrée, lorsque le gouvernement aura précisé ses intentions et elles risquent de contredire la volonté de Sarkozy de créer un gouvernement économique chargé de dialoguer d'égal à égal avec la Banque centrale européenne (BCE) critiquée à cause de l'euro fort.
"Il faudra bien que la France choisisse entre deux options: un gouvernement économique efficace et la tentation d'engager de dépenses inconsidérés liées au pouvoir d'achat", a averti la même participant au dîner.