18.4.07

"La France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale."

Il est du devoir de toute la blogosphère de se faire l'écho des faits de campagne avérés mais non traités ou insuffisamment médiatisés. Comme plusieurs autres bloggeurs, j'ai décidé de jouer mon rôle d'informateur.

Communautarisme, eugénisme, nationalisme : la droite dure, brutale, menaçante est de retour. Et quand elle parle Europe et histoire, ça fait froid dans le dos. Le moteur franco-allemand, la poignée de main Köhl-Mitterrand (qui me fait pleurer à chaque fois que je vois la vidéo), tout cela est bien loin de l'idéal sarkosyste.



Nicolas Sarkozy, candidat UMP à la présidence de la République française a déclaré en meeting officiel : "(...) la France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale".



Je vous fais lire une partie du papier rédigé le 6 avril dans Libé par Daniel Schneidermann.




"Ce sont deux simples phrases, passées inaperçues dans l'emballement de fin de campagne. Deux phrases prononcées la semaine dernière, à Nice, dans un meeting, par Nicolas Sarkozy. Poursuivant son long monologue sur l'immigration et l'identité nationale et développant, Côte d'Azur oblige, les sous-chapitres colonisation et repentance, le candidat a dit : «Je suis de ceux qui pensent que la France n'a pas à rougir de son histoire. Elle n'a pas commis de génocide. Elle n'a pas inventé la solution finale. Elle a inventé les droits de l'homme, et elle est le pays du monde qui s'est le plus battu pour la liberté.» On n'en a pas vu d'images à la télévision, on a seulement lu la citation sur quelques blogs, mais on imagine volontiers Sarkozy prononçant ces phrases. L'air dégagé, observant un silence entre génocide et solution finale pour prolonger son effet, le faire durer en bouche, solliciter l'approbation du public, habité, propulsé par le simple bon sens, ce rappel au simple bon sens, aux choses qu'on a tout de même le droit de dire, n'est-ce pas, parce que si on n'a plus le droit de rappeler des faits élémentaires, de simples faits, alors à quoi bon voter ? Ce n'est tout de même pas la France qui a inventé le génocide et la solution finale. C'est-à-dire : tiens, l'Allemagne, tenez, les Allemands, tiens Angela Merkel, vous n'avez rien demandé, vous ne vous êtes mêlés de rien pendant cette campagne, mais attrapez-la dans les gencives, la solution finale !
Ces phrases ne sont pas seulement insultantes pour les Allemands d'aujourd'hui, et ceux d'hier, qui ont accompli un travail de mémoire tel qu'aucun autre peuple n'en a accompli. Elles sont surtout irresponsables. Sarkozy aspire à devenir Président. Et la parole du Président, c'est la parole de la France. La parole de la France à l'Allemagne, entre 2007 et 2012, consistera-t-elle à renvoyer le partenaire historique à Auschwitz ? Comment imaginer qu'un incendiaire ayant en tête ce genre de réminiscences puisse aller négocier avec la chancelière allemande, sans tabous ni arrière-pensées, avec la sérénité qui sied à deux partenaires quotidiens, par exemple sur la répartition des suppressions de postes à Airbus ?
Mais la question, dans le cadre de cette chronique, est surtout de savoir pourquoi aucun journal, aucune chaîne de télévision n'a fait écho à cette démonstration d'irresponsabilité de Sarkozy, alors que le piégeage de Ségolène Royal par un humoriste, à propos de la souveraineté québécoise, avait eu droit à de longs développements voici quelques semaines. Pourquoi faut-il que ce soient quelques blogs isolés, avec leurs quelques milliers de lecteurs, qui accomplissent ce travail-là ?"











Pour ceux qui veulent voter en conscience, lisez le discours disponible sur le site même de l'UMP:


http://www.u-m-p.org/site/index.php/ump/s_informer/discours/nicolas_sarkozy_a_nice

1 commentaire:

Anonyme a dit…

BON DEPART