2.3.07

Lettre à mon père, lettre à nos maires

Cher papa,

la loi éléctorale t'a confié une mission particulière. En tant que maire d'une petite commune du Pas-de-Calais, tu fais partie des 36 000 maires de France à avoir la possibilité de parrainer l'un des candidats à la présidence de la république.

Cette procédure a été mis en place comme garde-fou pour éviter la multiplication de candidature saugrenue à une éléction où tout un chacun peut se présenter. C'est dans le principe une règle utile.

Pourtant, cette règle a de nombreux travers. L'évolution de la loi qui a instauré la transparence sur les parrainages fait peser sur toi un responsabilité engageante.
Tu ne souhaites pas l'assumer, à l'instar de la grande majorité de tes collègues. Je le comprends. Tu es un élu sans étiquette. Tu ne roules pour aucun parti politique et tu n'as jamais fait part de tes préférences politiques dans le cadre de tes mandats locaux. Tu ne souhaites pas que ton parrainage puisse être considéré comme un soutien politique à tel ou tel candidat.

C'est cependant un point de vue que je ne partage pas. Le parrainage d'un candidat n'est ni un adoubement, ni un manifeste, ni même le reflet d'une sympathie pour tel ou tel candidat. Ce n'est pas un geste politique.
Il s'agit simplement d'un geste démocratique et républicain. La responsablité est donnée aux maires de parrainer le candidat qu'ils jugent utiles et légitimes dans le débat politique national.

Or, aujourd'hui, certains candidats, utiles au débat, en vertu du pluralisme démocratique, ne pourront peut-être pas se présenter devant les français alors même qu'ils représentent un parti politique et avec lui des centaines de milliers voire des millions d'électeurs.

Je pense principalement à Jean-Marie Le Pen (mais Olivier Besancenot, Dominique Voynet ou Philippe De Villiers et quelques autres sont également concernés). Inutile de rappeler que je me situe aux antipodes de ses convictions extrêmes. Je me battrais pourtant pour qu'il puisse figurer dans le débat présidentiel. C'est aussi ça la démocratie.

Sa position de challenger en 2002, présent au second tour, prouve à elle seule, qu'il n'a plus à démontrer sa légitimité éléctorale à l'échelon national. Quelle signification aurait l'élection de 2007 si Jean-Marie Le Pen ne pouvait y participer. On imagine déjà le cataclysme que cela provoquerait, à un mois seulement du premier tour. Et quelle légitimité pour le président élu, si près de 20% des français n'avaient pu se prononcer fidélement à leur opinion au 1er tour ?

Parrainer Le Pen n'est pas un acte simple, surtout lorsque l'on doit l'expliquer à des élécteurs qui connaissent mal la logique des parrainages, à un an des municipales. Pourtant, à ta place, je sauterai le pas. Les arguments ne manquent pas pour le justifier, au nom de la démocratie...

Je terminerai par un souhait : Que plus jamais le suspens des signatures ne prenne autant de place dans la campagne présidentielle et que 2007 serve de leçon pour remettre à plat cette procédure, certes utile mais ô combien imparfaite.

A bientôt

Ton fils

4 commentaires:

Nicolas Vignolles a dit…

Je suis pour que Le Pen puisse être présent au premier tour. Son absence serait un vrai raté démocratique.

Peut-être faudrit prévoir un parrainage "populaire" en plus du parrainage d'élus. Par exemple: 100 signatures d'élus + une pétition signée par 200 000 personnes = possibilité de se présenter. Cela existe déjà chez nos voisins européens.

Unknown a dit…

joli titre !!

Nicolas Vignolles a dit…

Je m'étonne que le ministre de l'Intérieur, qui est aussi le ministre des élections, découvre ce problème aujourd'hui. Il aurait pu en réformer la règle.

Non ?

Nicolas Vignolles a dit…

Effectivement.
Je le regrette.