1.3.07

De quoi j'me mêle ?

Airbus fait face à des difficultés sans précédent. Louis Gallois, son très talentueux dirigeant, arrivé à la rescousse, à dû se résoudre à proposer un plan de restructuration, entrainant des fermetures d'usines et plus de 10 000 suppressions d'emplois dont près de la moitié en France.

En pleine campagne éléctorale, les politiques réagissent logiquement à cette annonce. Heureusement, pas tous de la même façon.

Ségolène Royal, notamment, propose une mesure radicale et particulièrement efficace : un moratoire... - wahou ! - autrement dit, un arrêt immédiat du plan de relance pour remettre à plat la gestion de l'avionneur européen. Quelle ambition !

Une fois de plus, quelle inconscience, oui ! EADS, la maison-mère, a déjà trop subi des décisions plus politiques qu'économiques de ses actionnaires publiques. Son mode de gestion paritaire, sa double présidence franco-allemande, mis en place par le gouvernement Jospin et le primat de la nationalité sur la compétence technique des sites industriels, qui est une constante dans le développement industriel de l'entreprise, ont conduit Airbus dans le mur.
La réaction de Mme Royal est donc totalement inadaptée et dangereuse.

Celle de Nicolas Sarkozy est plus mesurée. Le candidat UMP ose affirmer que le problème d'Airbus est avant tout un problème d'actionnariat. Il critique les Etats actionnaires. Il ne les considère pas comme les actionnaires les plus avisés. Pour lui, EADS souffre d'un manque de leadership d'un opérateur industriel privé. Voici une sage réflexion, loin de la démagogie éléctorale qui consiste à dire ce que le peuple veut entendre : "les licenciements c'est mal !"

Certes, ce plan est douloureux. Mais l'avenir d'Airbus doit peut-être passer par là pour assurer l'avenir industriel des autres sites et la pérennité de milliers d'autres emplois. C'est un plan nécessaire. Nos voisins européens l'admettent volontiers. Alors Ségo, de quoi j'me mêle ?

5 commentaires:

Nicolas Vignolles a dit…

Les licenciements, ou suppressions de postes (c'est le stade antérieur ou le volontariat est encore la règle)sont TOUJOURS UNE TRAGEDIE. Humaine et sociale!Dire cela, ce n'est pas de la démagogie, c'est voir le monde un peu plus largement que sous le seul prisme économique.

Quand est-ce que la droite comprendra que le discours purement managérial, froidement tecniciste, bêtement rationaliste ne passera jamais en France et que les Français n'accepteront jamais ce discours maintenat dépassé sur les nécessaires restructurations, et sur les nouvelles exigences de la compétition mondiale ?

Etre social-démocrate en 2007, c'est continuer de dire comme Ségo que les hommes ne sont pas des variables d'ajustements.

Sarkozy a dit un jour sur scène lors d'un discours, en janvier: "Les hommes ne sont pas des marchandises comme les autres".
Ce jour-là, j'étais avec Clémentine devant la télé. Nous avons ri. Et puis nous nous sommes dit que cet homme-là était dangereux. Et qu'il n'était ni la France d'aujourd'hui, ni celle d'après.


Ce qu'a dit Ségo sur Airbus:

"Les présidents de régions qui ont sur leur territoire des emplois liés à l'avenir d'Airbus se sont adressés au Premier ministre pour lui demander que l'Etat actionnaire remplisse son rôle, et nous lui avons dit que nous étions prêts à entrer au capital d'Airbus comme le font les Länder allemands" (Etats régionaux.


Pour Ségolène Royal, "le moment est venu" pour les salariés de siéger dans les conseils d'administration car ce qui a manqué à Airbus, selon elle, c'est "une capacité de réactivité", une "capacité de demander à l'Etat d'accomplir son devoir d'actionnaire".
A Mont-de-Marsan, elle a notamment affirmé : "L'Etat peut faire, l'Etat doit faire" et précisé que "la puissance publique doit assumer ses responsabilités".

Selon elle, l'alternative proposée aux électeurs lors de la prochaine élection présidentielle sera entre un "Etat impotent" et "un Etat qui assume ses responsabilités".

Nicolas Vignolles a dit…

Pour être précis et pour ceux qui pensaient que les bonnes phrases ne pouvaient provenir que de Ségo:

Sarko a déclaré fièrement "L'homme n'est pas une marchandise comme une autre!" lors de son meeting du 9 novemebre 2006 à Saint Etienne.

En votant Sarko, on sait clairement pour qui on vote. C'est pas lui qui a prévenu qu'il ferait ce qu'il dirait... ça fait froid dans le dos avec une conception de l'homme pareille.

pauline a dit…

quel homme ce Sarko, heureusement qu'il est là!
Là ou je réféchis, plus sérieuseemnt, c'est en me demandant quelle elcture auront les Français de cet événement et des centaines de suppressions d'emplois sous ce gouvernement.
Ce matin à la Radio Laurent Fabius a dit quelque chose que j'ai tourvé assez juste (et pourtant je ne suis pas vraiment fan de lui...)
Il a dit en fait que si l'élection de 2002 avait vu les préoccupations sécuritaores comme thème principal de campagne, les préoccupations en 2007 étaient bien plus sociales.
Je crois qu'il a raison et je crois que c'est pour cela que Ségolène gagnera en mai prochain.

Nicolas Vignolles a dit…

Le licenciement n'est pas une tragédie. C'est un aléa de la vie professionnel et une variable d'ajustement de l'activité économique. Il ne devient une tragédie seulement dans certaines circonstances, lorsqu'il concerne des personnes peu qualifiées, peu mobiles ou relativement agés, autrement dit lorsque la personne licenciée se trouve inadaptée au marché du travail.

C'est certainement le cas pour un bon nombre de salariés d'Airbus qui vont subir un licenciement. C'est pour cela que la société doit mettre en oeuvre un système de sécurité sociale qui permet d'amortir financiérement les aléas de la vie et de proposer reclassement et requalification si nécessaire. Ces mécanismes existent en France.

Ce qui manque au marché du travail français, c'est de la souplesse et de la flexibilité pour faciliter l'emploi et le licenciement (l'un ne va pas sans l'autre). Il faut dédramatiser le mouvement sur le marché du travail.

Le changement est inévitable. Il est inhérent à l'économie libérale dans laquelle nous avons décidé de vivre en Europe. Une restructuration n'est pas un gros mot. Au contraire, elle permet souvent de remettre à flot des entreprises mal organisées, mal gérées. C'est avec des entreprises saines que la France prospera. Et la prospérité, c'est bien sur elle qu'il faut compter pour assurer aux français un avenir favorable et donner à l'Etat les moyens de ses ambitions en matière de service public et de protection sociale.

Tu dis :"Quand est-ce que la droite comprendra ?" je crains que ce soit justement la droite qui a compris. Elle a compris que la démagogie qui consistait à faire croire au peuple que une économie sans mouvement, sans licenciement, sans faillite, était une voie sans issue pour la politique et qu'il fallait parler un discours humain mais réaliste et économiquement constructif. C'est cela faire de la politique autrement.

Pour terminer, la phrase de Sarkozy est effectivement malheureuse. Je la met sur le compte du lapsus.

Ce que je retiens de mon coté, c'est la prestation de Ségolène Royal sur TF1 face à 100 français. Elle confirme tes propos, Nico. Elle n'a su que nous livrer un discours pathos, en étant d'accord avec tout le monde, en ne froissant personne mais ne sachant jamais relever le débat d'un point de vue macro, là où pourtant notre avenir se joue, dans un contexte international exigeant !

Nicolas Vignolles a dit…

Depuis quand joue-t-on avec les mêmes règles ? C'est archi faux. L'UE a instauré des règles bien plus libre-échangistes que nulle part ailleurs. Quand on parle de la PAC, on ne parle que très rarement de la véritable mise sous perfusion des éleveurs américains du middle west. Qui faussent le plus les règles du commerce mondial ? Les argentins, néo-zed et australiens veulent vendre leurs viandes sur le marché de l'UE mais les viandes européennes n'ont pas droit de cité dans ces pays!!

Nous sommes en train de nous faire cocufier, sous le prétexte de la nécessité vitale de l'ouverture et du libre échange sans contrepartie.

Max et Nico, vous semblez prisonniers d'une pensée unique en matière d'économie et de commerce mondial. Aujourd'hui, plus que jamais le libéralisme est partout interrogé et vous, vous en êtes restés au combat d'arrière garde!!

La gauche joue le jeu de la réalité économique mais il est de sa responsabilité de créer les bonnes règles du jeu! Le moins disant social pour être à la hauteur de la compétition internationale, c'est le rêve des libéraux qui ont une vision faussée de l'économie. Nous devons investir massivement dans l'humain, le savoir, la formation de nos cadres, encourager le travail par une politqiue salariale ambitieuse et ne surtout pas chercher à calquer tel ou tel modèle.

Les Etats-Unis sont loin d'être un modèle économique et social attractif...