21.5.08

L'échec Sarkozy


Il est bien difficile au terme d'un an de présidence Sarkozy de trouver quelques motifs de satisfaction. La stratégie choisie qui consiste à ouvrir en même temps tous les chantiers de réforme génère en fait un incroyable sentiment de cacophonie et débouche finalement sur la défiance des Français. Contrairement à ce que l'on a pu entendre ou lire, je ne crois qu'il faut voir dans la chute de popularité vertigineuse de l'exécutif plus qu'une simple sanction du style présidentiel. Bien sur, cela compte – surtout lorsque le Président finit par nous faire honte - mais je reste persuadée que le fossé qui se creuse chaque jour entre les Français et leur président de la République s'explique d'abord et avant tout par le sentiment d'injustice sociale et d'incohérence qui se dégage de la première année de présidence Sarkozy.


60% à 75% des Français, selon les instituts de sondages, se disent mécontents du bilan de Sarkozy au bout d'un an. Selon Frédéric Dabi de l'Ifop, l'actuel occupant de l'Elysée obtient, au terme d'un an de mandat, des scores de satisfaction inférieurs à ceux de tous ses prédécesseurs, y compris Jacques Chirac en 1996, au sortir de la grave crise sur les retraites.

Quel est ce bilan dont les Français ont bien raison de se défier ?


Sur le plan économique et social, c'est le fameux, l'emblématique (!) projet TEPA, Travail Emploi et Pouvoir d'achat. Le paquet fiscal a été justement interprété par la gauche et les Français comme une série de cadeaux fiscaux. Si l'on excepte la déductibilité des intérets d'emprunts immobiliers qui ont pu bénéficier à un partie des classes moyennes, et dans une certaine mesure le dispositif des heures supplémentaires, l'essentiel du paquet fiscal sert à assurer, et même à rassurer la clientèle électorale traditionnelle de l'UMP ; à savoir les classes les plus aisées. Il suffit pour faire ce constat de voir à qui profite le « bouclier fiscal »...80% profitent aux 10% les plus riches.

Au final , le « paquet fiscal » a eu pour effet de soustraire encore davantage à l'impôt les foyers les plus privilégiés (réforme des successions, bouclier fiscal, régime des donations) et a privé la collectivité de ressources fiscales importantes. Au contraire, certaines mesures défavorisent les plus modestes et les vraies classes moyennes (par exemple, les franchises médicales ou la réforme à venir des seuils de majoration des allocations familiales).


Autre mesure sur le plan social, le revenu de solidarité active (RSA), une idée soutenue par la gauche durant les campagnes présidentielle et législatives a été détourné de son usage. Cette mesure censé garantir que tout retour au travail donne lieu à une augmentation de revenu a été dénaturée et même complétement dévoyée. Pour financer ce projet de 13— milliards d'euros destiné à remplacer la plupart des minima sociaux (RMI, allocation de parent isolé, etc.), Sarkozy propose de redéployer les fonds de la prime pour l'emploi (PPE), qui profite à 8,5 millions de ménages modestes.Dans le contexte économique actuel, la PPE représente pour bon nombre des foyers modestes qui la perçoivent un soutien important. Leur retirer serait un nouveau coup porté aux véritables classes moyennes.

Dans le domaine de l'éducation, sans doute le domaine le plus prioritaire compte tenu du retard pris par la France dans l'economie de la connaissance, Nicolas Sarkozy, Xavier Darcos, continuent de développer un argumentaire extrêmement simpliste, une vision à courte vue, dangereuse pour l'avenir du pays. L'annonce de suppression de postes à l'heure où toutes les études convergent pour indiquer que les élèves ayant changé, le niveau d'encadrement des élèves par des adultes devaient être renforcés...Une éducation qui se fixe comme objectif la réussite scolaire ne peut pas dans le même temps réduire les effectifs enseignats dans nos écoles. C'est une vraie incohérence. On prévient mieux l'échec scolaire et le décrochage des certains jeunes, si l'on donne les myens au système éducatif d'exercer pleineemnt sa mission de transmission du savoir.

Sur le plan de l'environnement, le Grenelle de l'encvironnement avait été il faut le dire une réussite saluée de tous. Associant société civile, ONG, associations diverses, agriculteurs, syndicats et politiques, la démarche du Grenelle s'étaient vus attribués tous les satisfecit, y compris de la part de la gauche. Pourtant, ces espoirs ont été trahis avec le texte OGM il y a quelques jours. Le passage en force du gouvernement alors même qu'une majorité de députés avaient rejeté le texte à la suite de l'adoption de la question préalable, a signifié l'enterrement du Grenelle. Le vote sur le texte OGM, sur lequel je me suis battue à l'Assemblée durant de nombreuse commissions et séances, est une manace pour l'avenir de notre agriculture ; il tue définitivement toute possibilité de produire et de consommer sans OGM en France. C'est un vote qui discrédite pour le reste de mla mandature, la politique environnementale du Gouvernement Fillon.

Sur le plan des affaires étrangères enfin, le message de la France dans le monde qui nous garantit depuis de nombreuses années une place singulière sur la scène internationale, en tant que puissance d'équilibre entre le Nord et le sud, est en passe d'être totalement discrédité. Nous nous sommes ridiculisés en plusieurs occasions, notamment en donnant l'impression de sacrifier le discours historique de la Franche sur les droist de l'homme au profit d'une politique d'intérêts économique et commerciaux. La visite de Kadhafi à Paris, durant cinq jours, fut de ce point de vue un reniement total de ce qui fait la grandeur du message de la France dans le monde.
Derrière des signes d'incohence et de cacophonie, comme sur l'affaire du Tibet, la politique étrangère de Sarkozy s'isncrit toutefois dans une ligne iodéologique claire...Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, disait l'autre jour devant le goupe PS à l'Assemblée qu'il voyait de vraies similitudes entre la pensée sarkozienne etr celle des néo-conservateurs américains proches de Georges Bush : priorité donnée à l'OTAN sur l'ONU, défense de l'Occident face aux pays émergents et islamistes, etc.



Au final, un an de sarkozysme auront permis de dissiper le doutes, de transformer le volontarisme d'affichage en un véritable fiasco politique. Economie, social, éducation, environnement, politique étrangère, tout ou presque donne le sentiment au Français qu'on gesticule plus qu'on ne réforme. Tout ou presque vient acréditer l'idée que Sarkozy n'a pas su s'imposer comme « le Président de tous les Français » mais bien comme le Président d'un clan, d'une clientèle électorale, défenseur des intérêts particuliers de quelques-uns. D'où la déception des ouvriers et des employés chez qui Sarkozy avaitfait naître un espoir de changement ? Ce sont ceux qui ont fait son élection qui sont les plus oubliés de l'action gouvernementale aujourd'hui...

14.5.08

2008-2025 : gouverner, c'est anticiper.


Le monde en 2025, inspiré du National Intelligence
Council américain, est un travail de prospective auquel ont
participé les meilleurs experts de l'Union européenne. Pour la première
fois, il permet à la fois de compiler des sources d'informations
abondantes mais dispersées, et de les unifier pour faire parler
l'avenir. Démographie, économie, énergie, environnement, sciences
et technologies, ce travail, d'une inestimable richesse documentaire,
nous permet d'envisager ce que le monde de 2025 pourrait
être. Formidable entreprise lorsque l'on sait ce que présuppose
d'anticipation le bon gouvernement des hommes et la juste
administration des choses.

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