14.3.06

« Think Tanks » : diffuser des idées neuves pour le débat public

Le jeudi 2 mars, à l’initiative de l’Institut Montaigne, le Conseil Economique et Social organisait un séminaire sur le thème « Les idées nouvelles intéressent-elles les politiques et les journalistes ? ». J'y étais.
Invités à échanger, hommes de presse, dirigeants politiques et lobbyistes ont souligné la nécessité de repenser les canaux de production et de diffusion des idées neuves en France. L’occasion de s’interroger sur le rôle joué par les « Think tanks » français.

« Les idées neuves sont récompensées par le système médiatique, usées par le système institutionnel, punies par le système partisan ».
Tout est dit de la difficulté de faire émerger puis accepter une idée nouvelle en France. La phrase de Christophe Barbier, Directeur adjoint de l’Express, fait mouche. Elle rappelle que, dans la course aux idées, la France a pris plusieurs longueurs de retard. Ailleurs, aux Etats-Unis très largement, en Allemagne aussi, l’offre est structurée autour de grands centres de recherches, véritables « réservoirs », gros pourvoyeurs de réflexions en matière de politique publique. Ces « fournisseurs de créativité », placés en amont de l’activité politico-administrative, sont les dépositaires d’une certaine innovation politique. A l’instar des services recherche-développement dans l’entreprise, ils sont conçus comme la source de profits politiques futurs.

Les expériences allemande et américaine sont éclairantes pour la France. Elles montrent que la force d’un « think tank » se mesure d’abord à l’aune de sa puissance médiatique, de sa capacité d’influence. L’Heritage Foundation ou la Brookings Institution ont intégré ces dimensions depuis longtemps, en disposant de leurs propres studios d’enregistrement. La leçon américaine est à méditer. Outre-atlantique, on a compris que la bataille des idées est d’abord celle des moyens mis en oeuvre pour leur diffusion
C’est à cette seule condition – d’exister médiatiquement, donc politiquement – que les idées issues de la recherche des « think tanks » ne restent pas seulement des idées mais qu’elles trouvent une traduction politique concrète soit dans l’action gouvernementale soit dans les programmes électoraux des partis de gouvernement. C’est tout le sens des interventions du Dr. Michael Eilfort, directeur du très influent Stiftung MarktWirtschaft de Berlin et Véronique de Rugy, chercheur à l’American Enterprise Institute (AEI), qui ont particulièrement insisté sur la grande perméabilité existant dans leurs pays, entre monde politique et « think tanks ».

De ce point de vue, les « thinks tanks » français souffrent encore de la faible pénétration de leurs idées dans le monde politique. Les chercheurs sont des penseurs avant d’être des diffuseurs, pis encore, ils sont très souvent uniquement des penseurs, oubliant d’être des diffuseurs. Une nouvelle stratégie de communication, intégrant d’autres supports que leurs seules publications, envisageant de nouvelles cibles, en particulier les dirigeants économiques, doit être pensée. Les revues académiques, éditées par et pour des cercles de réflexion restreints souffrent d’une trop grande confidentialité et d’un manque d’exposition. Les articles publiés dans ces revues d’influence ne sont pas ou insuffisamment repris dans la presse, inexistants ou presque à la télévision. Aux Etats-Unis, les directeurs de « think tanks » sont invités quasi quotidiennement à commenter l’actualité sur les grands réseaux nationaux, faisant ainsi coup double, en promouvant leurs idées et leurs institutions.

Le temps est peut-être venu pour les « think tanks » français de passer du « B to B » (leaders d’opinions - leaders d’opinions) au « B to C to B» (leaders d’opinion – grand public – leaders d’opinions). Il leur faut envisager les moyens d’une vraie communication grand public. Et faire enfin le pari d’une plus grande visibilité, d’une plus grande influence sur les décideurs publics aussi !

5.3.06

Privé de télé !


je vous prie de nous excuser pour cette interruption momentanée de l'image et du son. Merci de nous avoir proposé des thèmes de débat. Nous traiterons chacun d'entre eux dans nos prochains posts. Je relance le blog ce soir avec un sujet assez polémique qui ne manquera pas de vous faire réagir...

Il faut privatiser France 2 !
L'audiovisuel public français devient tentaculaire. La holding France Télévisions regroupe maintenant les chaînes France 2, France 3, France 4, France 5, France Ô. L'assemblée nationale a sa propre chaîne, LCP AN. Le Sénat aussi, Public Sénat. Le gouvernement va donner naissance à la CF2I, la nouvelle chaîne française d'information internationale qui viendra s'ajouter à TV5 Monde à la charge du ministère des affaires étrangères.
Ce véritable arsenal médiatique, auquel s'ajoute également les stations de radio de la holding Radio France, s'apparente presque à un système sournois de propagande, camouflé dans l'illusion de la diversité. Et il coûte cher.
L'Etat n'a pas, à l'heure actuelle, les moyens de ses grandes ambitions.
Plusieurs solutions sont envisageables et régulièrement envisagées.
La hausse de la redevance en est une. Il est vrai qu'elle est en France assez inférieure à celle demandée aux contribuables allemands ou anglais...
Un recours plus important aux recettes publicitaires en est une autre. On pourrait assouplir la réglementation qui s'applique aux chaînes publiques en matière de financement publicitaire, très restrictives.
Je pense que ces solutions sont insuffisantes, dans la mesure où elles n'envisagent que de jouer sur le levier des recettes, sans se poser la question d'une rationalisation des dépenses, davantage en ligne avec les objectifs fixés au service public.
Envisager la privatisation de la première chaîne publique permettrait au service public de mieux assurer ses missions, de clarifier sa position quant à sa dépendance vis à vis des recettes publicitaires et ainsi de stopper sa compétition déloyale avec le géant TF1. La position dominante de la première chaîne française est unique au monde. Privatiser France 2 permettrait d'assainir le marché publicitaire français, à l'aube de l'autorisation pour la distribution de communiquer sur les grandes chaînes hertziennes.
Ensuite, rien n'empêche d'augmenter la redevance et de la répartir plus intelligemment sur un nombre plus limité de chaînes.
Le service public continuerait d'être assuré sans mal... L'arrivée de la TNT et la naissance de France 4 permettent le maintien d'un niveau de service équivalent... sans compter que le téléspectateurs aurait tout à gagner de l'arrivée d'un nouvel intervenant sur le PAF. La démocratie se nourrit de la diversité...