19.12.08

Pourquoi les détenus ont filmé leur vie en prison

Pourquoi les détenus ont filmé leur vie en prison
Vidéo envoyée par lemondefr

A la tête d'une société de production (I-Screen), Omar Dawson et Karim Bellazaar ont récupéré les images vidéo de la prison de Fleury-Mérogis tournées clandestinement par des détenus. Dans un entretien au Monde, ils expliquent pourquoi les prisonniers ont voulu filmer leurs conditions de détention.

La prison de Fleury-Mérogis filmée par des détenus

La prison de Fleury-Mérogis filmée par des détenus
Vidéo envoyée par lemondefr

Des détenus de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) ont réussi à introduire une mini-caméra et ont filmé pendant plusieurs mois, à l'intérieur de leurs cellules, dans les douches et dans la cour de promenade.

3.12.08

Menaces sur les libertés : le vrai visage du sarkozysme.

Journaliste arrêté au petit matin (affaire Filippis), malades en psychiatrie contraints de porter un dispositif de suivi GPS après leur sortie de l'hôpital, prison pour les mineurs dès l'âge de 12 ans (rapport Varinard), reprise en main de l'audiovisuel public...Nous assistons depuis plusieurs semaines maintenant à un très puissant mouvement de régression démocratique. Hier c'était le fichier Edvige ou l'emploi exagéré du mot "terrorisme" pour des actes qui relevaient du simple "vandalisme" voir du "sabotage" (lignes TGV sabotées par l'ultra gauche) ; qu'on ne s'y trompe pas, le climat des libertés publiques a changé dans notre pays.

Comment ne pas avoir des craintes sur l'attitude de la police face à des citoyens "normaux" lorsqu'on constate que même un journaliste connu et reconnu fait l'objet d'une procédure illégale et d'un recours excessif à la force ?

Le sarkozysme est une politique de l'émotion, de l'opportunisme, du médiatique, de l'éphémère. Un meurtre à Grenoble ? Proposition de GPS pour les malades psychatriques. Récidives de grands criminels ? création de la rétention de sureté, une peine après la peine. Délinquance des mineurs ? Prison dès 12 ans...
Pendant ce temps, aucune réponse durable et efficace aux problèmes réels de sécurité, mais des lois d'annonce pour rassurer l'opinion publique. Pendant ce temps là aussi, pas d'amélioration de l'état de nos prisons, qui sont la honte de la République ; des hommes y croupissent à 4 ou 5 dans des cellules prévues pour deux. Voilà la politique de Sarkozy : une politique pénale extrêmement répressive, qui conduit à transformer de petits délinquants en véritables criminels lorsqu'ils sortent de prison... Où est l'efficacité en matière de sécurité et de tranquillité publique ? Certainement pas dans cette politique de l'affichage et de l'opinion ?

Les magistrats, avocats, le CSM, tous les personnels ne s'y trompent guère ; depuis des semaines, ils dénoncent la politique de la Garde des sceaux et les risques qu'elle comporte.

Il nous faut réagir vite car certaines règles élémentaires de notre Etat de droit sont aujourd'hui remises en cause. Dire cela ne peut plus prêter à sourire tant les remises en question sont quotidiennes et gravissimes. Sur fonds de crise économique et sociale, un climat déplorable du point de vue des libertés s'est installé en France.

Pour la première fois depuis bien longtemps, je dois l'avouer, j'ai peur pour les libertés publiques dans mon pays.

27.11.08

Une politique de droite


S'il fallait à certains quelques piqûres de rappel, les voici. Ces dernières semaines, le gouvernement a rappelé ce qu'est une politique de droite. Pardon, une politique de droite décomplexée. Des décisions catastrophiques dont je vous laisse juges.

En matière d'urbanisme commercial et d'équilibre des territoires, le gouvernement a permis la création sauvage de millions de mètres carrés de grandes surfaces sans aucun contrôle des élus locaux. Cela s'est fait dans le plus grand secret par le biais d'une circulaire au coeur de l'été (cliquez ici pour lire cette circulaire du 24 août). Les maires, tous les élus de terrain sont très inquiets de ce coup de force de la grande distribution, de ce véritable cadeau fait par le gouvernement, et qui va aggraver la situation de l'emploi et dégrader un peu plus encore les conditions de travail (des caissières payées 900 euros pour 30 heures de travail, fragmentées dans la semaine...). La "Wal-martisation" (du nom de l'enseigne leader au Etats-Unis) est en marche en France.


En matière de droit du travail, la crise sert d'accélérateur et de justification à toutes une série de régressions du droit du travail. Le comble de l'hypocrisie est franchi quand le gouvernement se réfugie dans une campagne de communication sur le thème "nous ne faisons que donner plus de choix et de liberté aux Français" ; le choix de partir ou non à la retraite à 70 ans, le choix ou non de travailler le dimanche... C'est exactement le même discours qui nous était servi au moment du dispositif sur les heures supplémentaires, or on le sait depuis, augmenter le contingent d'heures supplémentaires n'a pas crée d'emplois, il a juste permis à des entreprises de faire travailler plus à effectifs constants.

En matière de logement, le politique de Christine Boutin est un échec. C'est la bonne vieille politique de la charité qui permet de masquer l'inaction et l'absence de volonté réelle. La ministre, prenant tardivement conscience de personnes mourant dans le bois de Vincennes, décide d'obliger les SDF à aller en hébergement d'urgence. A côté de cela, l'association Droit au logement est condamnée par le Préfet de police de Paris, donc l'Etat, à 12 000 euros d'amende pour "abandon d'objets embarrassant la voie publique sans nécessité". Ces objets, ce sont les tentes abritant les SDF... A côté de cela aussi, même si cela peut paraitre plus éloigné ou obscur, on fragilise la caisse des dépôts et consignations et l'épargne populaire servant à financer le logement social. Boutin, c'est comme Dati, une droite de l'émotion, du médiatique, de l'immédiat, de l'urgence mais qui ne résout rien, ne construit rien, n'entend rien.
(cliquez ici pour lire la lettre de Martine Aubry au Premier Ministre)

Enfin, il y a la réforme de l'audiovisuel public. Le Président de la République pourra nommer et révoquer à sa guise le Président de France Télévision. Le comblement de l'immense trou financier que va causer la disparition de la publicité sur le service public n'est toujours pas garanti, laissant augurer de programmes de moindre qualité. Dans le même temps, les chaines privées auront biensûr droit à la manne publicitaire, dans un marché moins concurrentiel puisque France Télévision aura été retiré du jeu... Qui ne voit le cadeau tout berlusconien fait à Bouygues ? L'UMP va même jusqu'à concevoir des amendements permettant de repousser le début des programmes du soir sur France Télévisions, afin de ne pas perturber l'audience de TF1. En effet, en supprimant la pub, l'UMP s'est rendu compte que le programme suivant immédiatement le JT commencerait plus tôt sur France Télévision que sur les chaines concurrentes privées. On a donc immédiatement obligé France Télévision à programmer des programmes courts à caractère institutionnel...

C'est un colossal retour en arrière auquel on assiste aujourd'hui ; attaque des libertés publiques, régression majeure sur le plan social, absence de plan de relance économique rapide et ambitieux appuyé notamment sur le secteur du bâtiment et répondant au besoin en logements, politique d'aides au plus démunis placés sous le signe de la charité et non d'une véritable politique.

La fin du clivage droite/gauche ? Nicolas Sarkozy l'interventionniste, le pragmatique, le néo-keynésien ? Nicolas Sarkozy, Président de tous les Français ?

Le brouillage et la communication ne marchent qu'un temps. La vérité, c'est que jamais sans doute depuis 50 ans nous n'avions vu à l'oeuvre une droite aussi conservatrice (paquet fiscal), autoritaire (France Télévisions), réactionnaire (rétention de sureté), anti-sociale (franchises médicales, travail le dimanche, retraite à 70 ans) et "aligné" sur les Etats-Unis (renforcement des troupes en Afghanistan sans clarification de nos missions là-bas, réintégration du commandement intégré de l'OTAN).


Moralité : au-delà du débat des personnes, quand on vote pour la droite, on a une politique de droite. Qu'on ne me dise plus, comme je l'entends parfois, "j'ai voté Sarkozy, mais je suis de gauche". Désolé mais je ne peux pas l'entendre.

22.11.08

Tous unis derrière Martine Aubry !



Les militants socialistes ont choisi Martine Aubry au terme d'un scrutin extrêmement indécis.

Ségolène Royal a confirmé par son très bon score qu'elle demeurait une "valeur sure" pour le Parti. Si elle le veut, elle peut être un atout dans le travail collectif que nous devons mener pour battre la droite. Elle prônait l'unité des socialistes, elle peut aujourd'hui démontré sa grandeur de caractère en acceptant d'y contribuer concrètement.


Martine Aubry
, forte de sa solide expérience gouvernementale, d'une victoire éclatante à Lille en mars 2008, devenue aujourd'hui la première des socialistes, peut désormais conduire la remise au travail du Parti.

Tous les talents du PS doivent faire taire leurs divergences, respecter le vote des militants et donner tous ses chances au travail collectif, derrière Martine Aubry.

Avec Martine,en avant!

17.11.08

La parole aux militants






Reims n'a pas permis la synthèse. Tant mieux, c'est ce qui nous tue depuis 11 ans maintenant.
Reims n'a pas permis de se mettre d'accord sur un leader, tant mieux, c'est aux militants qu'il revient de le faire, de la manière la plus claire et la plus démocratique qui soit, en votant.

Pendant que l'UMP donne des leçons à n'en plus finir, ou claironne à qui veut l'entendre que le PS fait peine à voir, qu'il est au bord de l'implosion, je constate que si la situation n'est pas reluisante, nous sommes le seul parti à pratiquer la représentation "proportionnelle" pour notre Conseil national ("le Parlement du PS").

Le seul parti à faire voter nos militants au suffrage universel direct, en offrant de vrais choix et alternatives (Pour mémoire, Sarko élu en 2007 avec un score de monarchies du Golfe avoisinant les 80%...ridicule...)

Le seul aussi à avoir deux femmes et un homme de 41 ans candidats au leadership.

J'y vois pour ma part, sans nier les graves difficultés dans lesquelles il est empêtré, des signes de modernité. L'UMP et la droite (Nouveau Centre et Modem), incapables de relancer la croissance, dangereuses sur le plan de la cohésion sociale, inactives, impuissantes ou dociles face aux excès de la finance, démontrent chaque jour qui passe leur art consommé de la communication, que dis-je leur parfaite maîtrise du "bla-bla gouvernemental", sans que le sort économique de millions de Français ne s'améliore d'un pouce. Je suis désespéré par cet enfumage gouvernemental permanent, qui dure maintenant depuis presque 7 ans...Sans doute qu'en 2012, le meilleur slogan pour la gauche serait : "Jugez les résultats et réagissez !"

Alors évidemment, on fait appel au G20, on gesticule à la télévision, on pérore sur les +0,14% de croissance, et on se gausse du PS avec un air mi-réjoui mi condescendant...

En attendant, plus que jamais, je suis convaincu que les Français nous attendent pour redresser la barre! De l'air! De l'air! L'urgence est partout : une politique de justice sociale digne de ce nom, une politique de relance adossée à une politique du logement, une politique efficace en matière de sécurité et pas émotive ou réactive, une politique sociale européenne, une politique éducative, culturelle....Enfin, plus dure sans doute, une politique qui restaure la politique modeste, proche des gens, une politique de l'action, des petits pas. Il nous faudra restaurer l'autorité de la politique, de l'Etat, la confiance dans les institutions. Le chantier sera immense, à la hauteur du démantèlement qui s'opère.


Alors le 20 et le 21 novembre, même si je suis triste de voir le PS dans cet état, ou plus justement, parce que je suis triste de cette situation, je vais aller voter.

Et je voterai pour Martine Aubry, sans hésitation, et presque avec enthousiasme!

14.11.08

Critique de livre - Supplément socialiste au livre de la jungle




« Un beau soir l'avenir s'appelle le passé.
C'est alors qu'on se tourne et qu'on voit sa jeunesse . »




Aurélie Marcireau, Supplément socialiste au livre de la jungle, Edition Perrin, septembre 2008.

C'est avec talent qu'Aurélie Marcireau nous narre l'ascension contrariée – pour l'instant - de la jeune garde socialiste. Cette immersion au coeur du Parti socialiste se révèle instructive ; elle est le récit d'une génération empêchée. Cette histoire inachevée tient dans cette confidence rapportée par l'auteur: « Je suis comme un champignon qui tarde à éclore, pourtant je suis dans le paysage depuis longtemps »...

Ils ont entre quarante et cinquante ans, ont assumé pour la plupart des responsabilités importantes durant les années du gouvernement de Lionel Jospin et se sont frottés à plusieurs reprises déjà au suffrage universel, connaissant aussi bien la victoire que la défaite. De ce parcours, ils en tirent une force, une ambition. Mais ils demeurent toujours en quête de respectabilité et de reconnaissance, tenant désormais pour acquis que leur jeunesse ne peut plus sérieusement se voir opposée l'argument de l'inexpérience ou du manque d'épaisseur.

Et pourtant, talentueux, actifs à défaut d'être résolus, ils demeurent empêchés. Mais empêchés par qui et par quoi au juste ?

Sans doute d'abord par eux-mêmes, car si une génération ne fait pas spontanément une association cohérente d'idées ou un projet commun, il ne semble pas pour autant exister entre ces aspirants de divergences majeures. Tous ont en commun ou presque, d'assumer une vision réformiste du socialisme, où se conjuguent le combat pour une égalité réelle, la recherche de l'efficacité économique, l'impératif écologique, et l'affirmation de nouvelles libertés et droits individuels. Ils sont la génération en somme de la nouvelle déclaration de principes du Parti socialiste. Ils ont en commun ce socle, et pourtant ils ne se trouvent pas, ou ne s'associent que pour un temps court sans réelle volonté d'avancer ensemble. Au gré des circonstances, comme pour se tester, se jauger, mais jamais pour porter ensemble la rénovation.

Aurélie Marcireau raconte bien plus qu'une simple guerre des égos car cette génération vaut bien mieux que ce raccourci facile. Bien sûr il y a dans l'impossibilité à bâtir ensemble un projet l'obstacle premier des ambitions personnelles et dévorantes, mais il n'est pas à lui seul une explication.

Si ces électrons libres ne parviennent pas durablement à s'agréger, c'est aussi paradoxalement, qu'ils sont en quelque sorte coincés au milieu du gué. Longtemps dociles, ils ne veulent plus aujourd'hui travailler dans l'ombre de leurs aînés et refusent autant qu'ils le peuvent, les figures tutélaires trop pesantes. Réalistes, ils savent pour l'éprouver chaque jour la difficulté d'exister par soi-même et échouent ou hésitent à s'imposer aux militants et aux pays. Autrement dit, ils sont trop expérimentés pour être seconds et pas encore mûrs pour assumer totalement un leadership.

Etrange génération qui, nantie, a tôt goûté au pouvoir et se trouve aujourd'hui frustrée, comme piégée, ne se résolvant pas à demeurer dans une opposition éternelle.

Etrange génération qui a certainement plus d'idées en commun et plus de cohérence que ses devancières mais qui ne parvient pour autant ni à vouloir ni à trouver son expression propre.

Etrange génération enfin, qui veut se démarquer et choisit pourtant d'assumer jusque dans ses mots le legs des anciens, jusqu'à recourir au vocabulaire bestiaire pour se définir. Ils sont jeunes lions comme d'autres avant eux étaient gazelles ou éléphants.

Au coeur de la faune socialiste, il est au moins pour cette génération une raison d'espérer et de croire à nouveau qu'ils pourront travailler ensemble ; contrairement au tigre, le lion est un animal social.



Retrouvez cette critique dans le prochain numéro d'Esprit critique (n°87) sur le site de la Fondation Jean-Jaurès.

13.11.08

Réussir Reims, c'est possible !


Dire que je ne comprends rien au Parti socialiste serait euphémistique. Je suis comme la plupart des militants du parti, c'est-à-dire dans le flou le plus grand. Malgré le concert de critiques souvent injustes et les railleries nombreuses dont fait l'objet le PS en ce moment, je pense encore - sans doute est-ce là ma naïveté - que le Congrès de Reims qui s'ouvre demain peut nous permettre de nous redresser. Et si l'on s'en sortait par le haut finalement ?
Certains signes me laissent penser que le jeu de massacre complaisamment annoncé voire attendu par les médias...est évitable. Les lettres adressées par Ségolène Royal aux trois autres premiers signataires, Martine Aubry, Bertrand Delanoé et Benoit Hamon témoignent d'une volonté de rapprochement sur le fond. J'ai lu ces lettres (disponibles sur le blog de Jean-Jacques Urvoas), j'y vois un travail salutaire et propice à un débat d'idées constructif. On peut ne pas être un Ségolâtre et dire que cette démarche - dont la part de tactique ne m'échappe pas rassurez-vous - va dans le bon sens. Tant que Ségolène et ses troupes se positionnent dans le champ des idées et des propositions, le débat et l'unité du Parti sont possibles.
Bien sûr, les ambitions ne disparaitront pas en trois jours. Bien sûr, les inimitiés ne s'effaceront pas comme par magie le temps d'un week end en Champagne. Mais je veux encore croire, comme beaucoup de Français qui veulent et attendent une gauche crédible, unie, forte, que Reims peut être réussi. Croire qu'il sera le moment où les socialistes, après s'être expliqués les yeux dans les yeux, se sont remis au travail. Le moment où les socialistes ont décidé surtout de parler à nouveau aux Français.

6.11.08

Sans enthousiasme, je voterai pour la motion A.




Rue de Solférino, les marches qui mènent au bureau du Premier Secrétaire.



Je veux que la gauche gagne. Cela suppose deux préalables à mon sens : le choix d'une ligne politique et le choix d'un leader.
J'ai beaucoup hésité avant de faire mon choix, que j'exprimerai ce soir par mon vote. Je veux ici vous dire en deux mots la réflexion qui fut la mienne et qui sans doute est imparfaite.

Au plan des idées, je suis de ceux qui pensent que le Parti socialiste est totalement à reconstruire. La nouvelle déclaration de principes est de ce point de vue utile mais elle n'est évidemment pas suffisante pour nous faire entrer dans le 21è siècle. Pour moi,la social-démocratie française reste le grand projet politique à bâtir. Cela signifie la mise en place d'une vraie démocratie sociale renforcée avec un rôle accrue des syndicats et des organisations patronales. Cela signifie aussi d'initier une nouvelle et ambitieuse conquête de nouvelles libertés : dans les médias, dans la création artistique, dans l'Internet mais aussi pour les individus (liberté de se marier pour les personnes de même sexe, liberté de mourir dans la dignité, liberté de ne pas manger des produits OGM). Bref l'horizon est vaste des combats pour la LIBERTE qui restent à mener, et dont les progressistes de gauche, inspirés par le souvenir de la Révolution française, feraient bien de reprendre la tête. Voilà ma social-démocratie et mon libéralisme.

Et il nous faut un leader.
Sur ce point, je diverge avec nombre de mes camarades socialistes. Mais la logique de la 5ème République ne s'arrête pas comme par magie aux portes du Premier parti de France, le PS. La logique médiatique, nous pouvons bien sur la corriger, mais nous ne pouvons pas l'oublier ou la nier. Nous sommes dans l'ère du combat des images et des icônes. Organisons notre conquête politique en conséquence! Il faut en finir avec notre fausse pudeur et notre peur d'un leadership fort. Le futur Premier Secrétaire doit s'affirmer comme la voix de l'opposition dans le pays.

Ce soir, 6 novembre, bien que signataire de la motion B (pôle écologique),je voterai Delanoé.

5.11.08

Jim Crow est mort



"Jump Jim Crow" chantait en 1830 un blanc qui se produisait en public, le visage passé au cirage...Sous l'étiquette "Jim Crow", on a par la suite désigné toutes les lois ségrégationnistes qui entre 1876 et 1965 ont organisé la vie sociale et institué la mise à l'écart systématique de toute une partie de la population américaine.

La victoire de Barak Obama ne saurait être réduite à la lutte pour l'égalité des droits tant son credo universaliste lui a précisément permis de s'élever au dessus des questions strictement communautaires.

Reste qu'à 5h du matin, devant ma télévision, repensant aux mots de Martin Luther King, au courage de Rosa Park, j'ai mesuré comme beaucoup qu'une page de l'histoire américaine avait été tournée. Comme beaucoup aussi, l'émotion m'a rattrapé.



Comment les Etats-Unis pouvaient-ils plus clairement surmonter ce passé? Une loi mémorielle ou une décision de la Cour suprême auraient été perçus comme des réponses de l'Etat américain.

Par le vote du 4 novembre, ce sont les citoyens eux-mêmes, la nation américaine, qui ont scellé définitivement le sort des lois "Jim Crow". L'Amérique a fait une réponse simple, courte, massive, sans interprétation possible, en se rendant en nombre aux urnes.

Les racistes n'ont pas disparu, pas plus que leurs idées.Rien n'est réglé, tout reste à faire car la crise et deux guerres sont devant le Président élu. Mais les Etats-Unis referment bien plus que le chapitre des années Bush, ils renouent avec le message humaniste d'Abraham Lincoln.

Et l'on a le sentiment que la "promesse de l'Amérique" est redevenue crédible.

3.11.08

Hope Day




"(...) c'était le moment, c'était l'endroit où l'Amérique s'était remise à espérer". (Discours Obama, 3 janvier 2008, "merci l'Iowa")




C'est un mardi, tous les quatre ans, le mardi suivant le premier lundi de novembre. Et c'est ainsi depuis la décision du Congrès de 1845. Election Day a été fixé de telle manière à laisser libres le 1er novembre, fête de "tous les saints", le dimanche, journée consacrée au Seigneur, et le lundi, jour du voyage à cheval pour aller voter dans la Capital de l'Etat...
Mardi 4 novembre 2008, les Américains sont appelés à se rendre aux urnes. Certains l'ont déjà faits, soit physiquement soit par correspondance ("early voting") mais l'essentiel du corps électoral votera mardi. A une condition près... car il est une particularité du vote aux Etats-Unis plus importante à considérer que toutes les autres, un élément majeur pris en compte par les deux états-majors de campagne : l'inscription sur les listes électorales. Pour avoir le droit de voter il ne vous suffit pas d'exercer votre droit de vote, il vous faut encore avoir préalablement répondu à une condition essentielle : être inscrit sur les registres électoraux. C'est la distinction entre les eligible voters (corps électoral) et registered voters (électeurs inscrits)... Et c'est sans doute de la capacité des démocrates à transformer les électeurs potentiels en électeurs formels que va dépendre l'issue du scrutin présidentiel.

Depuis 1964 et l'élection de Ronald Reagan, aucun candidat n'a réuni sur son nom plus de 30% d'électeurs en capacité de voter... C'est dire si la participation est un enjeu de taille.

Mais je pressens qu'Election Day sera bel et bien "Hope Day"...Le vote anticipé se pratique désormais dans 32 des 50 Etats. Or ce "early voting" est un vrai succès populaire, et les démocrates sont d'ores et déjà devant dans plusieurs Etats-clés :




- en Floride : près de 2,6 millions de personnes ont déjà voté dans cet état-clé parmi les états-clés. Parmi eux, 45 % se sont déclarés démocrates et 39% républicains.

- en Caroline du Nord : près de 1,6 million personnes ont déjà voté - dont 54% de démocrates et 29% de républicains. Plus de 100 000 personnes sont des nouveaux votants, et ils sont démocrates aux 2/3.

- en Iowa : 370,000 pré-votants - 49% démocrates et 29% républicains.

- au Colorado : 815,000 pré-votants - 39% démocrates et 37% républicains.

- au Nevada : 342,000 pré-votants - 53% démocrates et 30% républicains.

- au Nouveau Mexique : 111,000 pré-votants - 55% démocrates et 33% républicains.

- en Géorgie : 35% des pré-votants étaient noirs - contre une participation de la population noire qui était limitée à 25% en 2004.


"(..) marcher vers l'avenir et tenir cette promesse, la promesse de l'Amérique"
(28 août 2008, "la promesse américaine", Convention démocrate de Denver)

23.10.08

Critique de livres - Fondation Jean Jaurès



Source : www.decitre.fr


LISEZ ESPRIT CRITIQUE


Au commencement il y eut une crise des crédits hypothécaires à risque...

Victimes d'une bulle immobilière et d'un système de prêt particulièrement efficace en temps de croissance mais singulièrement cruel en tant de crise, des millions d'américains se retrouvent aujourd'hui sans logements. Cleveland, Ohio, est une terre sinistrée. Efficace, Marie-Paule Virard nous plonge d'emblée dans la réalité de cette ville désormais fantôme, au coeur des conséquences humaines et sociales de la crise des « subprimes ». C'est là le point de départ de la crise que nous vivons et d'une certaine manière le point d'arrivée d'une conception du capitalisme.

Le marché immobilier américain fut en effet le détonateur d'une crise globale du système financier. Encore faut-il comprendre cette crise originelle et en expliquer les raisons. A l'origine il y a une idée simple ; les logements sont un marché comme un autre sur lequel il est possible d'obtenir par le jeu spéculatif d'importants rendements. Chaque nouvel actif est un nouvel eldorado. Hier les valeurs Internet, aujourd'hui les valeurs immobilières, la philosophie est la même. On ne regarde plus les fondamentaux économiques mais si le rendement d'un actif sera plus ou moins élevé. Pourtant le marché immobilier a ses spécificités ; effet démultiplicateur ou aggravant, aux Etats-Unis, la capacité à s'endetter est liée à la valeur des biens. Ce que les économistes ont identifié comme étant « l'effet richesse » recèle de nombreux risques. Plus un bien prend de la valeur, plus on gagne, et plus on est autorisé et même invité à s'endetter...

Enfin, dernière perversité du système, les ménages se voient offrir une gamme élargie de crédits : à taux variable, hybrides ou « ballons », ceux-ci sont de véritables « bombes à retardement » en cas de retournement du marché immobilier. Bombes dont les effets sur les ménages sont aisément prévisibles : impossibilité de rembourser l'emprunt contracté, expulsion au bout de trois mois d'impayés, saisie du bien, chômage, etc... En 2006, les taux pratiqués aux Etats-Unis étaient compris entre 3 et 4 %, en août 2007, ils étaient de 16%.

La crise immobilière américaine aurait pu rester un problème « domestique » mais c'était oublier un peu vite le goût immodéré de la finance mondiale pour les crédits hypothécaires américains! Ainsi est-on passé d'un problème à priori circonscrit aux Etats-Unis à une contagion généralisée du monde financier et bancaire mondial. Elle s'explique en grande partie par les choix mimétiques des acteurs de la finance mondiale qui achètent au même moment les mêmes actifs que leurs voisins, préférant encourir le risque d'une chute collective à celui d'une chute isolée...


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15.10.08

La la la

Source : Spectacle, Benjamin Lazar



Quoi de plus indiqué en ces temps de crise et d'anxiété collective que de s'évader par la chanson et le théâtre ? Pas grand chose à mon sens, surtout lorsqu'un spectacle d'une rare fraicheur nous propose de réunir les deux sur une même scène. Hier soir donc, mardi 14 octobre, oubliant un instant mon goût immodéré pour les joutes footballistiques,j'ai préféré pendant 1h40 le théâtre Jean Vilard de Suresne aux tribunes du Stade de France.

Geoffroy Jourdain, à la tête du choeur de chambre Les Cris de Paris, traditionnellement plus habitué à la pratique de la musique contemporaine, et le metteur en scène Benjamin Lazar – spécialiste du théâtre et de l’opéra baroque – nous proposent un spectacle de "théâtre musical" particulièrement enthousiasmant. Sur scène, de jeunes artistes pétris d'énergie, revisitent et même revitalisent les grands standards de la musique populaire!

On rit et on prend un immense plaisir en passant de Prince et Madonna,à un autre tableau, où l'on entend chanté Dalida ou Julio Iglesias. Et tout cela a capella, par un groupe d'une quarantaine d'artistes, aussi justes dans leur jeu d'acteur que talentueux dans leur interprétation vocale.

Ce ne fut pas humour ou émotion mais humour et émotion! Il me reste par exemple ce tableau fabuleux ; une soirée entre adolescents qui tous fredonnent la musique de la boom, a capella,
Il me reste aussi les morceaux de disco et de musique électronique, les enchainements réussis et drôlatiques entre "Porque te vas" et Thomas Fersen, des Rita Mitsouko à Lou Reed...

"La la la", opéra en chansons, c'est du théâtre vivant et enthousiasmant.

Dommage que le théâtre soit encore trop cher. Hier j'étais invité, mais la place pour les autres spectateurs était de 12 euros, au moins 2,20 euros de plus que le tarif normal au cinéma...

9.10.08

Critique de livres - Fondation Jean-Jaurès

Critique de trois livres autour du monde ouvrier et de mai 68.

Extrait:

"Comme dans L’Etabli, on retrouve un monde d’inégalités profondes, de méfiance généralisée, symbolisée par la présence sur les chantiers de « mouchards ». Confrontés au déni quotidien de leurs droits élémentaires, les intérimaires ne peuvent mener aucune action collective de revendication du fait même de leur statut. Le statut, élément déterminant de différenciation et de discrimination sur les chantiers, se fonde sur deux éléments : la couleur de la peau et le type de contrat de travail. La couleur de votre peau, hier comme aujourd’hui – aujourd’hui de manière plus insidieuse qu’hier – demeure un élément de discrimination entre travailleurs omniprésent sur les chantiers. Mâtiné d’humour, le racisme structure et fige les relations de travail, les hiérarchies, les droits. Quant au type de contrat de travail, il est une sorte de seconde carte d’identité du travailleur ; c’est lui qui indique aujourd’hui la nature de son lien à l’entreprise, détermine la nature de ses droits, fixe le degré de considération et de dignité auquel il peut prétendre. Pire, ce que démontre l’enquête de Nicolas Jounin, c’est qu’il existe de la part de certaines entreprises une stratégie consciente d’exclusion des intérimaires de toutes formes de sécurité. Là encore, le statut prime ; d’un côté, les « embauchés » sont associés et bénéficient des règles de sécurité en vigueur dans « leurs » entreprises, de l’autre, les exécutants sous-traitants, intérimaires, sont renvoyés à leurs seules attributions de production. Passagers clandestins, ils se trouvent dépourvus de sécurités juridique et physique."


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2.10.08

Crise financière, terminus d'une ligne idéologique.

Ainsi donc, en ce début de mois d'octobre, les plus hautes autorités de l'Etat, Président de la République en tête, prennent enfin la mesure d'une crise financière qui a éclaté outre-Atlantique...en août 2007. Après des mois de communication gouvernementale digne du régime de Kim Jong-il, le gouvernement Fillon découvre que la crise financière ne s'arrêtera malheureusement pas à nos frontières. Les gouvernements passent mais la communication dite de "l'autruche" reste. On se souvient que le nuage radioactif de tchernobyl devait en son temps épargner la France...

La réalité est bien différente. Pas plus que la chaîne des Alpes n'a pu empêcher la pollution radioactive hier, la suffisance de la ministre de l'économie et des finances n'a pu empêcher la crise économique aujourd'hui. On ne croit plus depuis longtemps à l'absurde ritournelle qu'elle nous servait encore au mois de septembre.Aujourd'hui, la chanson préférée de Mme Lagarde, "ma petite entreprise connait pas la crise", ne fait plus guère recette. Les masques tombent et l'on s'érige soudain côté UMP en régulateurs d'une économie mondiale devenue folle. Sans raison ou presque.

Personne n'est dupe. Au-delà de ce changement de ton, officiellement acté avec le discours présidentiel de Toulon, la crise financière,la crise économique qu'elle va immanquablement engendrée, sont le produit d'un contexte international particulier et d'une politique économique précise. Si le contexte échappe en partie à la responsabilité de l'exécutif français, il doit aujourd'hui s'expliquer en revanche sur la politique imprévoyante conduite depuis plus d'un an. Les 15 milliards de TEPA ont été décidés alors que les analyses d'une crise à venir existaient déjà...

Il est trop facile d'en appeler, maintenant que la crise est là, à "l'unité nationale". De se réfugier dans une habile communication ; la gauche est sommée de faire taire ses critiques et de se rallier aux pyromanes d'hier pour combattre l'incendie.

C'est évidemment inacceptable.

Qui depuis des années maintenant, tient un langage constant en faveur de la régulation, du maintien d'un contrôle de la puissance publique sur les marchés ?

Qui a tenté de mettre en garde avec constance contre les dangers de la déréglementation ?

Qui dénonce depuis longtemps le mythe économique de "l'autorégulation" des marchés ?


Qui proposait la possibilité de recourir de manière ciblée à des "nationalisations temporaires" en cas de risques économiques majeurs ?

Le Parti socialiste, que l'on disait dépassé sur le terrain des idées, ne tient pas avec la crise financière et économique sa revanche. Quand on fait de la politique, on ne souhaite pas la crise à son pays pour démontrer que l'on avait raison contre l'idéologie dominante. Mais toute crise est porteuse de remises en question et d'opportunités de rebond.

La gauche n'acceptera pas de se laisser berner par la droite maintenant que la crise est là. L'éthique de responsabilité impose au gouvernement de répondre devant les Français de ses choix. Ces choix, la gauche ne les aurait pas fait. Voilà la vérité. L'"unité nationale" réclamée par Fillon n'a aucun sens en la matière. En France, la droite est majoritaire dans toutes les institutions de la République ; la situation politique n'est donc nullement comparable avec celle prévalant aux Etats-Unis.

Ce qu'il faut au pays, ce n'est pas l'unité nationale mais un débat national.Et ensuite, assumer ses choix politiques!!

La gauche doit rappeler avec force la pertinence de son discours. Les propositions du PS pour sortir la France de la crise ou l'en protéger sont prêtes.

1- créer un fonds de garantie des prêts permettant l’accès au crédit des PME et des ménages afin d’assurer leur rôle de distribution de liquidités à l’ensemble de l’économie.

2- soutenir l’investissement privé comme public, en modulant l’impôt sur les sociétés selon que le bénéfice est réinvesti ou que le bénéfice est distribué aux actionnaires.

Il est temps de rétablir certaines vérités politiques. Au milieu d'autres poncifs largement alimentés par les médias, la gauche et la droite seraient aujourd'hui devenus un clivage dépassé, entend-on trop souvent. C'est faux. Cette crise en est un puissant révélateur.

Je vous laisse juge et comptable des responsabilités. Mais juste pour rappel, et alors que la crise des "subprimes" a révélé toutes les perversités du système immobilier américain, voici ce qu'écrivait le très inspiré candidat Sarkozy en avril 2007 (abécédaire des propositions):

"Les ménages français sont aujourd’hui les moins endettés d'Europe. Or, une économie qui ne s'endette pas suffisamment, c'est une économie qui ne croit pas en l'avenir, qui doute de ses atouts, qui a peur du lendemain. C'est pour cette raison que je souhaite développer le crédit hypothécaire pour les ménages et que l'État intervienne pour garantir l'accès au crédit des personnes malades.
Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement.
Il faut réformer le crédit hypothécaire. Si le recours à l’hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l’emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué. Ceci profiterait alors directement à tous ceux dont les revenus fluctuent, comme les intérimaires et de nombreux indépendants".

1.9.08

La Rochelle, rose fanée


Premier crochet par La Rochelle cette année et l'Université d'été du Parti socialiste. Je suis arrivé vendredi vers 17h30 à l'espace "l'Encan", lieu des ateliers thématiques et point névralgique pour toutes les rencontres du week end.
19h: Réunion de la Contribution "besoin de gauche", réunissant Socialisme et démocratie, courant de DSK et rénover maintenant d'Arnaud Montebourg. Après 1h30 et les interventions d'Arnaud, Pierre, Marisol et Camba, quelques échanges avec la salle, quelques garanties nouvelles aussi, finalement une clarification : nous voulons transformer la contribution en une motion majoritaire au Congrès de Reims, dont Pierre serait le premier signataire.
21h-22h : Pot avec les militants socialistes du 29, qui peu à peu sortent de leur réunions-conciliabules respectives : les uns arrivent certains de la dynamique crée par Delanoé, les autres convaincus qu'un "truc se passe" autour de Martine Aubry, enfin les partisans de Benoit Hamon, qui ne pointeront finalement pas leur nez de toute la soirée... Les strauss-kahniens la jouent confiants mais modestes...
22h-23h30 : Restaurant fort sympathique avec les militants du Finistère et leur premier fédéral, député de la première circonscription.Premières esquisse d'analyse, premières conjectures...la nébuleuse socialiste est loin d'avoir encore révélé tous ses secrets...
23h30-1h30 : pots en terrasse sur le port de la Rochelle avec quelques jeunes "solférinosques" et militantes parisiennes...
1h30-3h : Fin de soirée dans la quiétude du port rochelais, sur le bateau d'amis de circonstance, rencontrés au gré des échanges nocturnes. Discussion autour d'une tasse de tisane avec le président d'Homosexualité et socialisme, Gilles Bon-Maury. Soirée très agréable.
Coucher 3h30 dans une chambre dans un appart hôtel qu'un camarade rencontré quelques heures plus tôt a bien voulu partager avec moi. Ah ces socialistes, partageurs...!

Samedi matin, levé à 9h et lecture de Libé sur le port. Café, croissant, et en face de moi Laurent Baumel, absorbé par la lecture du journal. J'ai envie d'aller le saluer et de me présenter mais la timidité et la peur de le déranger dans sa lecture m'empêchent de faire ce geste pourtant pas si compliqué.

9h30-12h30 : Atelier sur les "think tanks" de la gauche. Présentation de la Fondation Jean-Jaurès par Gilles Finchelstein, de Terra Nova par Olivier Ferrand et de la Forge par Hugues (je ne sais plus son nom de famille...). Echanges intéressants avec la salle : pourquoi les think tanks sont-ils aussi parisiens, élitistes, éloignés, coupés du mouvement social, syndical, universitaire ? Quels sont les financements ? Quel rôle par rapport au parti ? Sont-ils les paravents de courants politiques, au service d'une personnalité politique précise ? Débat passionnant sur un thème que je connais bien pour y avoir consacré un mémoire universitaire...

13h-14h30: déjeuner avec les journalistes de Solfé. Les deux "ariane" et leurs acolytes. Derrière moi la table des finistériens réunis autour de JJU et de Bernard Poignant, le maire de Quimper. A quelques mètres de là, le ballet des élus et le théâtre des ambitions se poursuivent : les tenants de la ligne claire rodent autour des strauss-kahniens. Valls passe, accompagné d'une caméra de télévision. Collomb et Menucci déambulent, dans des styles différents ; l'un calme et serein, l'autre goguenard et fier. Guérini ne tardera pas bientôt à compléter la parade des grands barons locaux...

14h30: réunion autour de Pierre de tous les jeunes strauss-kahniens. Face au jeunes SDJ réunis sur un bateau non loin de l'Encan, Pierre nous expose le contenu de la contribution qu'il défend. Il le fait, je trouve, avec plus de conviction que la veille. Sans doute le fait de s'exprimer face à des jeunes lui donne t-il plus s'enthousiasme...Quelques questions rapides. Pierre répond avec pédagogie puis conclut sur la nécessité de défendre l'accord conclu entre nous vendredi soir, à savoir défendre notre texte et notre intention d'aller vers une motion ont il serait le premier signataire...J'avoue applaudir mais douter de notre capacité à exaucer son voeux.

15h30 : discussion avec JJU et Olivier Faure, secrétaire général du groupe PS à l'Assemblée. Nous évoquons les sujets de la rentrée et les possibles novations dans l'organisation du groupe. L'Afghanistan semble le sujet tout désigné pour de nouvelles divisions entre socialistes dans quelques jours...

16h30-18h : Pot en terrasse avec des amis parisiens, finistériens, rencontre avec des collaborateurs du groupe PS à l'Assemblée : Magali et Sylvain.

18h28 : J'attaque la Confusion des sentiments de Stefan Sweig dans le train qui me ramène à Paris. Comme moi, JP Huchon et Olivier Faure rentrent à Paris le samedi soir. La Rochelle, c'est fini pour cette année. J'écouterais le discours de clôture du Premier secrétaire le lendemain à la télé. Plutôt bon ce Hollande. Malheureusement, comme souvent.

26.8.08

Voir, comprendre, humer l'Amérique

Californie, Arizona, Utah, Nevada, Nouveau Mexique, j'ai eu la chance de découvrir un bout d'Amérique. Les grands espaces, le Grand Canyon en particulier, sont d'une beauté incroyable. C'est sans doute le paysage qui m'a le plus marqué. La nature est par endroits si généreuse qu'elle en devient émouvante. Le parc Yosémite ou les vallées vertigineuses entre lesquelles filent la rivière Colorado demeurent des sanctuaires préservés, hors du temps ou presque. Se trouver là, dans des territoires sauvages, immenses, parfois presque silencieux, est une chance en même temps que la possibilité de comprendre définitivement, d'appréhender physiquement, le combat environnemental.

Côté villes, San Francisco, Los Angeles, Las Vegas, San Diego,réservent des caractères très divers ; à chaque ville son identité, son organisation, son architecture et ses communautés. Un mot sur chacune d'entre elles pour vous donner mon sentiment. San Francisco m'est apparue comme une ville sans rythme, une sorte de belle endormie, balayée par le vent frais du Pacifique, qui ondule jusqu'à une jolie baie brumeuse, sorte de ouate protectrice. Il me reste aussi les homeless par dizaine vivant dans une grande misère, notamment dans le Civic Center.

Los Angeles est incompréhensible pour un européen. Pour moi, c'est une ville de communautés isolées, percées d'autoroutes, composées de quartiers s'étendant sur plusieurs kilomètres sans liens entre eux, abritant des populations très diverses sur les plans économique et social notamment...Entre Westood à Beverly Hills et Koreantown, pas grand chose de commun en matière de réalités humaines...

Las Vegas, c'est déjanté. Un immense parc d'attraction pour adultes. Une ville dont j'avoue volontiers ne pas avoir partagé l'enthousiasme. Les hommes-sandwiches mexicains postés tous les 30 mètres, vous proposant une fille dans votre chambre d'hôtel dans les 20 minutes qui suivent...ou les personnes au regard vide, épuisé autant qu'abruti face à une machine à sous...J'aime le poker, les strass, les filles et même l'alcool mais décidément pas cette ville. Cette ville de l'argent-roi, où le dollar est magnifié, où l'apparence et le bling-bling priment tout, est une grande carnassière; elle ne révèle que les pires instincts de l'homme et finalement ne cherche qu'à l'avaler.

San Diego, dernière étape de mon voyage. Plus petite, plus humaine, elle offre à l'européen en voyage quelques moyens de comparaison. Et puis une après-midi sur les plages de Coronado Island au Sud ne peuvent pas laisser insensibles...J'aurais aimé me rendre en Trolley à quelques kilomètres de là, à Tirujana, côté Mexique mais le temps a manqué. Quelques kilomètres seulement et une réalité sociale bien différente de la prospérité californienne. Une réalité dont l'Amérique se "protège", une réalité qu'elle craint et qu'elle repousse, à voir les barrières métalliques dressées sur les plages au sud de San diego, à Impérial beach notamment.

Voici livrées en quelques mots ici mes premières impressions de voyage, la possibilité pour moi de vous faire partager un peu de ce que j'y ai vu.

18.7.08

Parti socialiste, parti inaudible




Pourquoi le PS est-il inaudible ?



Alors que la session extraordinaire du Parlement s'achève jeudi prochain et que le Congrès de lundi agite les esprits et les langues, je ne peux m'empêcher de revenir sur le fait majeur de cette première année post présidentielle. Malgré l'impopularité de l'exécutif, le PS, la gauche est inaudible.

Dans les conversations de tous les jours, dans la presse, jusque chez certains sympathisants de gauche, on ne cesse de dénoncer l'absence du PS, sa mollesse, son inaction, son manque d'esprit de responsabilité. Autrement dit, on doute peu à peu de son statut d'opposant et de sa capacité à permettre une alternative crédible. Une donnée parmi d'autres, le Parti socialiste, c'est en juin 2008, 42% d'opinions favorables contre 47% d'opinions défavorables...

Mes sentiments sont confus face à ce constat. Je veux ici vous donner quelques éléments d'analyse.

De l'ambition !

D'abord, le PS est au moins en partie responsable de cette situation. Si l'opinion publique n'adhère pas à notre message ou pire encore, si elle ne nous entend pas, c'est que nous ne sommes pas bons collectivement. Ce n'est pas l'opinion publique qui se trompe, c'est nous qui ne convainquons pas les Français. Il ne faut pas nous auto-flageller en permanence sur la place publique, pas plus qu'il n'est nécessaire d'invoquer la rénovation comme d'autres invoquent les esprits...

Pourquoi butons-nous sur les questions où précisément nous sommes attendus voire espérés ? Sans doute, et c'est mon sentiment, parce nous manquons de clarté et de consistance dans nos prises de position. Contrairement à ce que je peux entendre autour de moi, il n'est pas tant question pour le PS d'une carence en termes de communication ; notre faiblesse – que je veux croire temporaire bien qu'ancienne – tient d'abord et avant tout à notre manque d'ambition dans nos propositions.

Le courage, individuellement, les militants et élus socialistes n'en manquent pas. Il leur faudrait pouvoir l'assumer collectivement.
Trois éléments d'analyse sont aujourd'hui selon moi insuffisamment pris en compte, mésestimés à gauche. D'abord, les Français ne sont pas rétifs à la politique, ils sont en demande de politique. Conclusion : il nous faudrait une ligne claire et un leader très rapidement!
Ensuite, les Français ne sont pas rétifs à la gauche, ou comme on peut parfois l'entendre ou le lire « sociologiquement de droite », leurs principaux sujets de préoccupation – l'emploi, le pouvoir d'achat, la qualité de vie – sont une véritable invite à plus de gauche !
Enfin, les Français ne se défient pas de l'Europe, ils veulent, comme pour la République, pouvoir la faire et s'y retrouver.

Penser socialiste, penser Europe

Il est un thème sur lequel je veux insister, et qui selon moi devrait être au centre du travail de rénovation socialiste. L'Europe. Quand porterons-nous enfin, à nouveau, haut et fort, fièrement, le flambeau de ce qui reste le plus beau projet d'avenir sur le plan politique ? N'est-ce pas à une opposition socialiste que de proposer une vision claire en la matière ? N'avons-nous pas là un horizon d'action considérable alors que tout reste à faire sur le plan des droits sociaux sur le continent ? Là se situe le projet de socialistes modernes et courageux. Il nous faut aller au-delà de nos préventions, car l'Europe se meure, à force de non-dits et de manque de transparence vis-à-vis des peuples européens. Construire les Etats-Unis d'Europe, assumer un projet clairement fédéraliste, assumer de le dire, voilà où serait l'audace et la rupture! L'Europe à 27 n'interdit en rien le rêve d'une Europe fédérale ; elle nous oblige en revanche, sur tous les sujets, à simplifier les modes de décision et à démocratiser au plus vite ses institutions. Il ne faut pas lâcher sur la question institutionnelle, là se joue l'avenir et le rêve d'une Europe unie, intégrée, fédérale.

Cessons de nous leurrer, c'est bien dans ce cadre, celui d'une Europe à 27, et non plus dans celui de l'Etat-nation d'antan, que la gauche se relèvera. C'est dans ce cadre élargi et non dans celui dépassé de ses frontières nationales qu'elle aura à élaborer demain une politique sociale, économique, environnementale.


Pour autant, le PS n'a pas démérité depuis un an.

La gauche, le PS singulièrement, ne sont pas épargnés par la critique. La presse, les médias devraient être des facilitateurs de l'expression publique, ils sont devenus des « brouilleurs ». La presse – j'ai conscience qu'attaquer « la » presse n'a pas grand sens et que l'amalgame est aisé - devrait nous permettre de faire passer nos idées à l'opinion, dans les faits, elle se complait à relater nos supposées absences et lacunes.

Cette situation est frustrante au vu du travail effectué, notamment au Parlement, par les élus d'opposition. Dernière exemple en date, le texte sur la représentativité syndicale et le temps de travail ; les médias, très peu intéressés par le contenu du texte, n'ont ensuite eu de cesse que de dénoncer la faiblesse de l'opposition... Comme si pour cacher leur propre inconséquence, certains journalistes préféraient se cachait derrière une supposée inconséquence politique des socialistes! 1500 amendements ont été déposés sur ce texte par le groupe socialiste à l'Assemblée ; une quinzaine de députés se sont relayés jour et nuit pour défendre le droit du travail et même la santé des salariés...Pourtant j'entends hier soir, dans une discussion entre amis, les rires et les sarcasmes lorsque j'évoque le travail courageux de la gauche à l'Assemblée...

Sur les institutions dans quelques jours, il est à parier que la gauche sera pointée du doigt une fois de plus, et ce quelque soit le résultat. Si la réforme est votée sans nos voix ; le président Sarkozy parlera d'une victoire démocratique à laquelle la gauche n'a pas eu le courage ni la hauteur de vue de s'associer...et si la réforme échoue, la gauche sera tenue pour responsable de ce qui sera présentée comme une faute historique du Parti socialiste devant l'histoire...!

Ces quelques remarques n'ont pas pour but d'enfermer la gauche et le PS dans une lecture victimaire mais elles sont des données éparses à prendre en compte lorqu'on évoque la gauche « inaudible ». Pluralisme dans les médias, dose de proportionnelle à l'Assemblée, réforme du Sénat pour permettre un jour « d'envisager » l'aternance, mandat unique pour les parlementaires...voilà ce que nous demandions par exemple dans la réforme des institutions. Qui nous jugera sur ces apports au débat lundi prochain ?

Dès lors, il nous faudra aussi, au cours des mois qui viennent, autour de la future direction du Parti socialiste, réfléchir à la manière de délivrer nos messages, développer une vrai politique des « moyens de communication ». Ne pas nous contenter d'une pseudo « cellule de risposte » mais mettre en place un service réactif, entièrement dédié à la promotion de nos idées sur les nouveaux supports technologiques par exemples. Nous devons regagner d'ici à 2012 la bataille médiatique. Elle est une des conditions essentielles de la victoire idéologique et politique.

7.7.08

Du dépit amoureux


Le responsable politique est le mal aimé chronique d'une société éclatée. Ma conviction, c'est que l'individu a certes son projet dans l'entreprise, mais ses demandes de collectif, de solidarité, de reconnaissance sociale, de progrès, de rêves, c'est plus que jamais dans la Cité qu'il les espère, et au politique qu'il les adresse.

On compare trop souvent autour de moi deux fractures ; celle touchant les élites économiques et celles touchant le politique. C'est une erreur car le salarié et le citoyen ne formule ni les mêmes espoirs ni les mêmes exigences à leur égard.
Entre l'entreprise et la collectivité publique, entre le chef d'entreprise et le politique, le challenge n'est pas de même nature. La déception n'est donc pas de même ampleur. Les Français préfèrent le chef d'entreprise au responsable politique. Mais s'ils ont plus confiance dans le premier, ils attendent plus du second.

ANALYSE RAPIDE

De nombreux éléments d'appoints seraient nécessaires pour éclairer correctement un débat plus vaste et plus complexe que les fragments d'analyse proposés ici. Toutefois, un regard rapide sur les enquêtes d'opinions récentes permet de percevoir une première réalité ; en Europe (voir Eurostat des 5 dernières années), en France singulièrement, les responsables politiques sont jugés globalement « beaucoup plus sévèrement » que tout autre acteur public. Au niveau institutionnel, l'Etat beaucoup plus sévèrement que l'entreprise. Dans des proportions qui n'ont absolument rien de comparable. Le jugement porté par les Français sur leurs élites politiques frappe par son intensité et son ancienneté.

Une partie de la victoire de 2007 s'explique par une juste analyse de cette situation par Nicolas Sarkozy ; les Français sont en demande de politique. Ils encouragent leurs responsables à prendre une influence accrue sur les affaires du monde, mais aussi sur les affaires intérieures. Mais ils n'attendent pas - là est l'erreur de Sarkozy - d'un responsable politique qu'il agisse en "chef d'entreprise".

Deux points plutôt que de longs développements pour comprendre la nature du divorce (1) et sa singularité (2)


1.Entre Français et élite politiques, une forme de « dépit amoureux » : "je ne t'aime plus mais reviens!"

La déception est à la hauteur de l'incroyable "demande de politique":
http://www.tns-sofres.com/etudes/pol/020408_elites_r.htm
On fait bien plus confiance à l'association et à l'entreprise privée qu'au politique :
http://www.fonda.asso.fr/PDF/sondage%20synthese%20.pdf

2.Contrairement à un discours dont l'origine partisane fait peu de doutes, relayé complaisamment par la presse depuis des années, l'entreprise est loin d'être discréditée en France.
C'est là que l'on perçoit « la victoire gramscienne » de la droite – victoire politique grâce à la domination et à la pénétration de ses idées et de sa « culture ». Le Français seraient rétifs à l'entreprise, bercés par les 35h, ennemis du capitalisme et du travail, trop attachés à l'Etat providence et à l'étatisme... Sauf que tout ceci est sinon contredit du moins à relativiser lorsqu'on jette un oeil aux enquêtes d'opinions. Mais lire une enquête, c'est long pour une presse dont le moteur est moins la vérité que la vitesse. La vérité, c'est qu'en France, même en France, pays présenté comme celui d'indécrottables grévistes – moins de jours de grèves cumulés qu'aux Etats-Unis chaque année - les dirigeants d'entreprise jouissent d'une côte de confiance bien meilleure auprès des Français que les responsables politiques.

Regard porté par les français sur le chef d'entreprise et l'entreprise :
(panachage d'instituts)


Le jugement des Français à l'égard des dirigeants économiques n'a cessé de se dégrader depuis 1985. Mais il ne devient négatif qu'autour des années 2002-2003 - les années 1985-95 constituant une forme d'apogée tant le chef d'entreprise est valorisé - et il reste par ailleurs sans commune mesure avec les résultats enregistrés pour les élites politiques, y compris lorsque la question porte sur les dirigeants de très grandes entreprises ( autour de 55% d'opinions défavorables contre 75% pour les politiques)

Évolution 1985-2002:
http://www.tns-sofres.com/etudes/corporate/040203_gouvernance.htm
En 2002
http://www.tns-sofres.com/etudes/corporate/040202_entreprise.htm
En 2003
http://csa.eu/dataset/data2003/opi20030522c.htm
En 2006
http://www.ipsos.fr/Canalipsos/articles/2000.asp

En 2008
Extrait du JDD - Politique 15/04/2008
« Sondage: Les Français apprécient leurs boss »

Une large majorité de Français, 72%, ont une bonne opinion des chefs d'entreprise mais 59% estiment qu'ils sont trop payés, selon un sondage BVA pour le magazine L'Express publié mardi. Interrogées sur les adjectifs qui s'appliquent le mieux aux patrons en général, 53% des personnes sondées choisissent "compétent", 38% "autoritaire" ou encore 13% "mauvais gestionnaire" et 10% "malhonnête". Le sondage a été réalisé par téléphone les 14 et 15 mars auprès d'un échantillon de 964 personnes réprésentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.



Une analyse lacunaire mais qui appelle de votre part réactions et compléments...

3.7.08

Libertad !


Libre, Ingrid. Libre!
Cette femme est faite dans un matériau inconnu. Comment ne pas rester coi devant tant de dignité et de ténacité ? Il est certes facile de trouver des qualités de courage à un otage libéré ; là, c’est assez suffoquant.

Se tenir droite après tant d’années d’humiliation dans la jungle, tant d'années contrainte à une précarité absolue, tant d'années privée de sa liberté, de sa famille, coupée de la vie, et pourtant se tenir droite en dépit de tout cela, c’est la démonstration d’une volonté et d’une force de caractère qui ne peuvent que laisser admiratif.

Mais, au risque de verser dans l'idéalisme et la naïveté, je ne peux m'empêcher de penser que la liberté reste un combat sur tous les continents. Un combat gagnable.
Je pense au monde arabe, je pense aussi bien sur à l'Afrique.

Ingrid Bétancourt est libre, il faut s'en réjouir. D'autres libérations attendent maintenant.

2.7.08

L'établi

Au moment même où le Parlement examine le projet de loi portant rénovation de la démocratie sociale et réforme du temps de travail, je vous recommande la lecture de L'établi, de Robert Linhart. L'auteur, militant maoiste et intellectuel, a choisit de travailler durant une année comme ouvrier spécialisé dans l'usine Citroën de Choisy.De son expérience est né ce livre ; une description précise et précieuse de la vie d'usine, de ses rites, de ses abus. Des relations entre les hommes, de leur entraide, de leur solidarité, de leurs faiblesses et de leur goût du pouvoir aussi. C'est un livre sur la routine, sur la chosification de l'homme, sur son abaissement par le travail, sur la mécanisation des gestes qui finit par avilir. C'est un livre sur le "travailler dur", sur le "travailler mal", sur le "travailler bête". Au centre de l'usine, la chaîne de montage, manège infernal de pièces métalliques en tous genres, use, consomme et consume les hommes.

On lit surtout chez Linhart une illustration formidable de l'analyse marxiste des rapports de production. A lire !

27.6.08

Un risque pour la France

"Je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas, je ne vous décevrai pas"...Mais à qui donc s'adressait ce message délivré le 7 mai 2007 place de la Concorde ?

Il est des billets plus difficiles à rédiger que d'autres, ce sont ceux pour lesquels il vous vient tant de choses à écrire que vous finissez par ne plus savoir que dire. C'est le cas aujourd'hui. Je commence donc par vous donner mon état d'esprit : je suis consterné. Pas abattu mais consterné.

Consterné de voir ce que parvient à faire accepter sans broncher ou presque à notre pays Nicolas Sarkozy. L'une des plus belles avancées, libérales au sens noble du terme, obtenues par François Mitterrand, je veux parler de l'autonomie de la télévision publique, vient d'être battue en brèche de manière autoritaire. Cette décision a fonctionné en moi comme un déclic : et si Nicolas Sarkozy était vraiment porteur d'un risque pour la France ?

Je veux que chacun soit bien conscient de ce qui se joue depuis plusieurs mois maintenant en France.
Désaveu sur la scène extérieure avec un Président peu apprécié des autres dirigeants européens (voir la Chancelière Merkel), ridiculisé par Khadafi, ne maîtrisant en aucune circonstance ce qui pour moi demeure un élément important de notre diplomatie ; la maîtrise des apparences et des symboles. Ce ne sont pas les invitations du chef de l'Etat lybien ou même syrien qui pose réellement problème, tant l'idée de dialoguer avec tous les dirigeants peut s'avérer pertinente sous certaines conditions. Ce qui est choquant, c'est de recevoir Kadhafi en visite d'Etat durant cinq jours, avec tente bédouine dans les jardins de l'hotel Marigny et visite de l'Assemblée nationale, lieu sacré de la République et des droits de l'homme. Ce qui choque encore, c'est de recevoir Assad le 14 juillet, jour de notre fête nationale, commémorant tout de même une révolution dont l'achèvement fut la République...
Sur le plan intérieur, je suis consterné par la politique d'expulsion et de traque organisée par Sarkozy et Hortefeux. Personne ne dit qu'il ne faut pas lutter contre l'immigration clandestine mais il est scandaleux de fixer aux préfets des objectifs chiffrés en termes d'expulsion. Ceci conduit à traquer les gens à la sortie des écoles ou jusqu'à leur domicile. Un sans papiers n'est pas un sans-droits. Il est un homme ou une femme avec son histoire, sa dignité et ses droits inaliénables. La politique d'Hortefeux, c'est faire du chiffre pour rassurer l'électorat de droite et les ruraux sans véritable réflexion sur l'atout que peut représenter une immigration maîtrisée. Je suis favorable pour ma part à une politique d'immigration fondée sur des quotas professionels fixés annuellement par une Autorité administrative indépendante dont le rapport ferait l'objet d'un vote par le Parlement.

Enfin, et dans le désordre, je suis consterné par la politique des copains. Qui ne voit comment Sarkozy ne cesse de satisfaire les attentes d'un clan d'industriels avec qui il a partie liée ? L'hebdo Marianne est depuis longtemps sur cette ligne. Je la partage désormais totalement tant les exemples sont flagrants. Dans la loi de modernisation de l'économie, un amendement UMP déposé par le pote du président, Frédéric Lefebvre, permet à numéricable de bénéficier d'un avantge décisif face à ses concurrents, une sorte de monopole des immeubles ou l'opérateur est déjà présent. Qui dirige numéricale ? Carlyle dont un certain Olivier Sarkozy, demi frère du président un des principaux dirigeants...

Plus récemment, vote à l'Assemblée d'un texte sur les contrats de partenariats public privé qui permet à l'Etat ou aux collectivités locales de confier la réalisation d'ouvrages particulièrement complexes à un partenaire privé, qui ensuite peut exploiter l'équipement public durant plusieurs décennies. Sans rentrer dans les détails d'un texte sur lequel Jean-Jacques Urvoas, Député du Finistère s'est beaucoup investi, ce projet de loi qui étend le recours aux PPP est destiné à satisfaire l'appétit des grands majors du BTP que sont Bouygues, Eiffage, Vinci et Icade...au détriment de tout un tissu de PME qui en France vivent très largement de la commande publique. Demain, elles ne seront plus que les sous-traitants dociles de grands groupes placés grâce à leurs bonnes relations avec le pouvoir en véritable position d'oligopole.
Là encore, on ne manquera pas d'y voir des cadeaux pour les copains du 92 et les financeurs de la campagne du Président Sarkozy. Avec la découpe à la hâche de l'audiovisuel et l'octroi de pubs en plus pour TF1 notamment, Bouygues y trouvera deux fois son compte. Quand on aime, on ne compte pas...

Sarkozy n'est pas la rupture. Et je me suis étranglé hier en lisant le billet d'Alain Duhamel dans Libération qui tentait de démontrer en 800 mots combien Sarkozy était tout sauf un conservateur!
Duhamel n'a rien compris de ce qui se jouait en ce moment. Sarkozy n'est ni un conservateur ni un réformiste. Sarkozy est un lobbyiste au services d'intérêts bien précis, identifiés par lui depuis bien longtemps. Si ce lobbying s'exerçait pour au final servir les intérêts de l'entreprise France, nous n'aurions rien à dire, mais ce n'est pas le cas.

Sarkozy est un risque pour la France, l'unité de la République, sa place dans le Monde et son économie. Ni plus ni moins.

23.6.08

Au Grand Rex, on joue quoi ce soir ?


Ce soir, lundi 23 juin, et pour la première fois, le groupe parlementaire PS du Sénat et de l'Assemblée nationale donne rendez-vous aux acteurs de la société civile, à la presse, aux militants socialistes et aux citoyens pour un compte rendu de la session parlementaire écoulée.
Avant même que l'évènement ne se déroule, l'initiative mérite d'être saluée. Elle démontre que le PS est capable d'innover dans sa communication, que ses élus sont conscients et capables de rendre des comptes sur les actions qu'ils entreprennent.
Test ADN, droit du travail, OGM, Afghanistan, Institutions, LME, les députés et sénateurs socialistes veulent ce soir pouvoir montrer clairement les actions et propositions qu'ils ont su opposer au gouvernement Fillon et à sa majorité parlementaire.

Sans préjuger du résultat, saluons au moins la méthode, qui participe de la revalorisation du Parlement et de la démocratie, en instituant pour la première fois le principe du "bilan de session". Même dans l'opposition, la gauche, le PS ont conscience de devoir rendre des comptes aux citoyens.

A l'UMP, c'est semble t-il "no comment", pendant encore quatre ans...

19.6.08

La mère de toutes les réformes : le mandat unique des parlementaires!



Article 6.11 des statuts du PS : consultation directe des adhérents


Sur proposition du(de la) Premier(e) Secrétaire du Parti, du Bureau national, de 35 fédérations ou à la demande d’au moins 15% des adhérents (par rapport au nombre arrêté au 31 décembre de l’année précédente),le Conseil national peut décider, après en avoir débattu sur le fonds et à la majorité qualifiée des deux tiers de ses membres, d’organiser une consultation directe des adhérents en leur soumettant une question rédigée simplement. Le Conseil national fixe les modalités de discussion collective et d’organisation des votes en découlant.

C'est le bon moment pour les membres du Parti Socialiste de demander que soit enfin organisée une consultation directe des adhérents, visant à interdire le cumul d’un mandat parlementaire (Député/e, Sénateur/trice, Député/e Européen) par l’introduction, dans l’article 9.3 des statuts du Parti Socialiste du paragraphe suivant :

« Le parti Socialiste applique le mandat unique parlementaire. En conséquence tout(e) candidat(e) membre du parti prend par écrit, avant la ratification de sa candidature, l’engagement
sur l’honneur de remettre sa démission de ses autres mandats électifs après son élection au parlement national ou européen ».

5.6.08

Projet de loi de modernisation de l'économie (discours d'Annick Le Loch, Députée du Finistère)


Monsieur le Président,
Madame la ministre,
Messieurs les ministres,
Monsieur le rapporteur,
Chers collègues,

Il est beaucoup question dans la sémantique gouvernementale ces derniers temps de « modernisation ». On modernise le marché du travail, on modernise les institutions, on modernise maintenant l'économie. Mais il ne suffit pas d'accoler le beau terme « modernisation » pour qu'instantanément nos concitoyens en soient convaincus. Pour au moins deux raisons, ce texte n'augure en rien d'une modernisation.

D'abord il participe de l'empilement des textes législatifs, à la suite d'une série de textes dont nous ne connaissons toujours pas les effets : par exemple ceux de la loi Chatel. Il crée ainsi pour les entrepreneurs une véritable insécurité juridique.
Ensuite, sont agrégées des dispositions extrêmement disparates, rendant le texte particulièrement difficile à lire pour le citoyen. On crée ici un « maquis juridique ».

Par souci de clarté et d'efficacité, je choisirai dans cet assemblage opaque de dispositions, celles traitant de l'équipement commercial. Le gouvernement choisit de modifier le régime d’autorisation des implantations commerciales. Pourquoi cette facilité donnée aux grandes surfaces ?

La Commission européenne n'oblige la France qu'à modifier sa réglementation et non à la saborder. Elle lui demande de supprimer toutes les obligations pouvant être assimilées à des tests économiques, et de modifier la composition des commissions délivrant les autorisations de façon à supprimer la présence d’opérateurs concurrents. Aucune obligation donc de relever à 1 000 m² le seuil de déclenchement de la procédure d’autorisation.

Chaque jour, des élus locaux, toutes tendances politiques confondues, se donnent du mal pour revitaliser nos centres-villes, pour faire vivre les petits centres-bourgs, pour maintenir dans leurs villages une animation commerciale, qui admettons-le, est une garantie du lien social. Pourtant, enfermé dans une vision simpliste des relations commerciales, aveugle face aux enjeux d'aménagement du territoire, oubliant le Grenelle de l'environnement, le gouvernement entend encourager les projets commerciaux en périphérie des villes. Hors des villes, loin de ses habitants, sans réfléchir aux besoins spécifiques des personnes âgées par exemple. Stop, nous sommes déjà allés trop loin!

On nous avance l'argument du pouvoir d'achat des Français. On nous dit que le consommateur aura tout à gagner d'une plus grande concurrence mais quel sera le bilan social des magasins « hard discount » ? Côté pile, des prix cassés pour le consommateur et des produits de moindre qualité, côté face, des salaires cassés en interne. Résultat : des salariés à temps partiel payés en dessous du SMIC, et la disparition programmée de plusieurs commerces indépendants...

Quelles conséquence enfin sur les relations commerciales, sur nos commerces de proximité, sur ce commerce de centres-bourgs auxquels beaucoup dans cet hémicycle sont attachés ? Votre texte fragilise là où il faudrait renforcer.

D'un côté, vous voulez introduire plus de concurrence dans les relations commerciales, de l'autre – je pense à l'article 21- vous confortez les distributeurs dans leur position dominante et étranglez un peu plus leurs fournisseurs.
D'un côté, vous promouvez de nouvelles règles en matière d'urbanisme commercial, de l'autre vous mettez sous perfusion les commerces de proximité en agitant la solution FISAC. Les fonds Fisac étaient de l'ordre de 120 millions d'euros, sur les quelques 640 millions de la TACA. 80, 90, 100 millions, où en est-on aujourd'hui ? Où vont les sommes de la TACA ?

Comment soutenir ces commerces de proximité qui font et fondent notre qualité de vie ? Il faut comme nous le proposerons dans ce débat, à travers plusieurs amendements, penser en termes d'équilibre du territoire, d'offre commerciale et de bassin de vie. Par exemple en s'appuyant sur les schémas d'organisation qui existent déjà comme les SCOT. On ne peut pas continuer à organiser d'un côté une course aux mètres carrés et se contenter de l'autre d'organiser la mort à petit feu du commerce de centre-ville en réparant les dégâts que l'on a soi même contribués à créer. C'est une politique incohérente et dangereuse.

J'ai organisé il y a quelques jours, dans ma circonscription une table ronde avec l'ensemble des acteurs du tissu économique local. De ces échanges, il me reste notamment ce que m'a dit ce gérant d'un petit supermarché établi dans l’extrême ouest de la Cornouaille ; il perçoit le texte comme une remise en cause de son métier. A terme, il craint pour la pérennité de son activité et l’emploi de ses 15 salariés. Les changements de règles fréquents rendent impossible un développement serein, anticipé, lisible de l’activité de son commerce.

Il me reste aussi de cette table ronde le silence des patrons de PME de l'agro-alimentaire, qui ont finalement choisi de me parler quelques jours après sans la présence de la grande distribution. Ces craintes de représailles, c'est le révélateur de la pression que connaissent les fournisseurs! Ce silence, cette peur, en disent long sur la profonde inégalité du combat entre fournisseurs et grande distibution.

Rien dans votre texte sur le développement des petits commerçants ou presque. Pour accompagner le petit commerce, il faudrait aborder plus sérieusement que vous ne le faites la question du financement de la formation des salariés et de l’apprentissage. Le petit commerce, c’est avant tout l’expression d’un savoir-faire. Il faut se battre chaque jour pour le faire savoir. Le petit commerce, pour peu qu'on lui donne les moyens de se développer, peut permettre de recréer la confiance du consommateur dans un juste rapport qualité-prix.

Le petit commerce tient un rôle structurant, il contribue à créer du lien social. Vous le mettez en péril, aggravant encore le déséquilibre de notre offre commerciale. En 10 ans, 177 boucheries-charcuteries ont fermé dans le Finistère par absence de repreneur ou en raison des flux de consommation toujours plus orientés vers la grande distribution. L’érosion du commerce traditionnel est-elle une fatalité pour ce gouvernement ?

Au final, pensant défendre une libéralisation vertueuse, vous n'organisez qu'un jeu concurrentiel bancal et inabouti, dont on peut douter des effets positifs sur le pouvoir d'achat des Français et sur notre économie plus largement.

21.5.08

L'échec Sarkozy


Il est bien difficile au terme d'un an de présidence Sarkozy de trouver quelques motifs de satisfaction. La stratégie choisie qui consiste à ouvrir en même temps tous les chantiers de réforme génère en fait un incroyable sentiment de cacophonie et débouche finalement sur la défiance des Français. Contrairement à ce que l'on a pu entendre ou lire, je ne crois qu'il faut voir dans la chute de popularité vertigineuse de l'exécutif plus qu'une simple sanction du style présidentiel. Bien sur, cela compte – surtout lorsque le Président finit par nous faire honte - mais je reste persuadée que le fossé qui se creuse chaque jour entre les Français et leur président de la République s'explique d'abord et avant tout par le sentiment d'injustice sociale et d'incohérence qui se dégage de la première année de présidence Sarkozy.


60% à 75% des Français, selon les instituts de sondages, se disent mécontents du bilan de Sarkozy au bout d'un an. Selon Frédéric Dabi de l'Ifop, l'actuel occupant de l'Elysée obtient, au terme d'un an de mandat, des scores de satisfaction inférieurs à ceux de tous ses prédécesseurs, y compris Jacques Chirac en 1996, au sortir de la grave crise sur les retraites.

Quel est ce bilan dont les Français ont bien raison de se défier ?


Sur le plan économique et social, c'est le fameux, l'emblématique (!) projet TEPA, Travail Emploi et Pouvoir d'achat. Le paquet fiscal a été justement interprété par la gauche et les Français comme une série de cadeaux fiscaux. Si l'on excepte la déductibilité des intérets d'emprunts immobiliers qui ont pu bénéficier à un partie des classes moyennes, et dans une certaine mesure le dispositif des heures supplémentaires, l'essentiel du paquet fiscal sert à assurer, et même à rassurer la clientèle électorale traditionnelle de l'UMP ; à savoir les classes les plus aisées. Il suffit pour faire ce constat de voir à qui profite le « bouclier fiscal »...80% profitent aux 10% les plus riches.

Au final , le « paquet fiscal » a eu pour effet de soustraire encore davantage à l'impôt les foyers les plus privilégiés (réforme des successions, bouclier fiscal, régime des donations) et a privé la collectivité de ressources fiscales importantes. Au contraire, certaines mesures défavorisent les plus modestes et les vraies classes moyennes (par exemple, les franchises médicales ou la réforme à venir des seuils de majoration des allocations familiales).


Autre mesure sur le plan social, le revenu de solidarité active (RSA), une idée soutenue par la gauche durant les campagnes présidentielle et législatives a été détourné de son usage. Cette mesure censé garantir que tout retour au travail donne lieu à une augmentation de revenu a été dénaturée et même complétement dévoyée. Pour financer ce projet de 13— milliards d'euros destiné à remplacer la plupart des minima sociaux (RMI, allocation de parent isolé, etc.), Sarkozy propose de redéployer les fonds de la prime pour l'emploi (PPE), qui profite à 8,5 millions de ménages modestes.Dans le contexte économique actuel, la PPE représente pour bon nombre des foyers modestes qui la perçoivent un soutien important. Leur retirer serait un nouveau coup porté aux véritables classes moyennes.

Dans le domaine de l'éducation, sans doute le domaine le plus prioritaire compte tenu du retard pris par la France dans l'economie de la connaissance, Nicolas Sarkozy, Xavier Darcos, continuent de développer un argumentaire extrêmement simpliste, une vision à courte vue, dangereuse pour l'avenir du pays. L'annonce de suppression de postes à l'heure où toutes les études convergent pour indiquer que les élèves ayant changé, le niveau d'encadrement des élèves par des adultes devaient être renforcés...Une éducation qui se fixe comme objectif la réussite scolaire ne peut pas dans le même temps réduire les effectifs enseignats dans nos écoles. C'est une vraie incohérence. On prévient mieux l'échec scolaire et le décrochage des certains jeunes, si l'on donne les myens au système éducatif d'exercer pleineemnt sa mission de transmission du savoir.

Sur le plan de l'environnement, le Grenelle de l'encvironnement avait été il faut le dire une réussite saluée de tous. Associant société civile, ONG, associations diverses, agriculteurs, syndicats et politiques, la démarche du Grenelle s'étaient vus attribués tous les satisfecit, y compris de la part de la gauche. Pourtant, ces espoirs ont été trahis avec le texte OGM il y a quelques jours. Le passage en force du gouvernement alors même qu'une majorité de députés avaient rejeté le texte à la suite de l'adoption de la question préalable, a signifié l'enterrement du Grenelle. Le vote sur le texte OGM, sur lequel je me suis battue à l'Assemblée durant de nombreuse commissions et séances, est une manace pour l'avenir de notre agriculture ; il tue définitivement toute possibilité de produire et de consommer sans OGM en France. C'est un vote qui discrédite pour le reste de mla mandature, la politique environnementale du Gouvernement Fillon.

Sur le plan des affaires étrangères enfin, le message de la France dans le monde qui nous garantit depuis de nombreuses années une place singulière sur la scène internationale, en tant que puissance d'équilibre entre le Nord et le sud, est en passe d'être totalement discrédité. Nous nous sommes ridiculisés en plusieurs occasions, notamment en donnant l'impression de sacrifier le discours historique de la Franche sur les droist de l'homme au profit d'une politique d'intérêts économique et commerciaux. La visite de Kadhafi à Paris, durant cinq jours, fut de ce point de vue un reniement total de ce qui fait la grandeur du message de la France dans le monde.
Derrière des signes d'incohence et de cacophonie, comme sur l'affaire du Tibet, la politique étrangère de Sarkozy s'isncrit toutefois dans une ligne iodéologique claire...Hubert Védrine, ancien ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin, disait l'autre jour devant le goupe PS à l'Assemblée qu'il voyait de vraies similitudes entre la pensée sarkozienne etr celle des néo-conservateurs américains proches de Georges Bush : priorité donnée à l'OTAN sur l'ONU, défense de l'Occident face aux pays émergents et islamistes, etc.



Au final, un an de sarkozysme auront permis de dissiper le doutes, de transformer le volontarisme d'affichage en un véritable fiasco politique. Economie, social, éducation, environnement, politique étrangère, tout ou presque donne le sentiment au Français qu'on gesticule plus qu'on ne réforme. Tout ou presque vient acréditer l'idée que Sarkozy n'a pas su s'imposer comme « le Président de tous les Français » mais bien comme le Président d'un clan, d'une clientèle électorale, défenseur des intérêts particuliers de quelques-uns. D'où la déception des ouvriers et des employés chez qui Sarkozy avaitfait naître un espoir de changement ? Ce sont ceux qui ont fait son élection qui sont les plus oubliés de l'action gouvernementale aujourd'hui...

14.5.08

2008-2025 : gouverner, c'est anticiper.


Le monde en 2025, inspiré du National Intelligence
Council américain, est un travail de prospective auquel ont
participé les meilleurs experts de l'Union européenne. Pour la première
fois, il permet à la fois de compiler des sources d'informations
abondantes mais dispersées, et de les unifier pour faire parler
l'avenir. Démographie, économie, énergie, environnement, sciences
et technologies, ce travail, d'une inestimable richesse documentaire,
nous permet d'envisager ce que le monde de 2025 pourrait
être. Formidable entreprise lorsque l'on sait ce que présuppose
d'anticipation le bon gouvernement des hommes et la juste
administration des choses.

Retrouvez le reste de ma critique de ce livre sur le site de la Fondation Jean Jaurès ou en cliquant sur ce lien : http://www.jean-jaures.org/PUB/EC83/EC83.pdf

28.4.08

France Soir titre sur le malaise des assistants parlementaires

Politique - Les états d'âme des attachés parlementaires

Philippe Cohen-Grillet, le lundi 28 avril 2008

A l’Assemblée nationale et au Sénat, les assistants parlementaires pestent contre leur rémunération, et réclament un statut. Certains élus embauchent des membres de leur famille ou captent des sommes théoriquement dédiées à leurs collaborateurs.

Ils ont beau voter et « faire » la loi, certains députés et sénateurs n’hésitent pas, parfois, à la contourner. La condamnation de Ségolène Royale dans un litige qui l’opposait à deux de ses anciennes collaboratrices parlementaires a fait couler beaucoup d’encre… uniquement parce qu’elle concernait l’ancienne candidate à l’élection présidentielle. Jean-Pierre Raffarin a même exploité politiquement l’affaire avec gourmandise, en réclamant la démission de la présidente de la région Poitou-Charentes.

Mais le cas Royal est, en quelque sorte, l’arbre qui cache la forêt. Actuellement, douze procédures contentieuses sont engagées devant les prud’hommes par des assistants qui s’estiment floués par leurs anciens patrons. Des dossiers dont la presse ne se fait pas l’écho, les élus en cause n’étant pas des « vedettes » de la politique.
A en croire Jean-François Cassant, assistant du député PS Jean-Michel Clément et fondateur de l’Union syndicale des collaborateurs parlementaires, la liste des brimades dont ceux-ci seraient victimes est longue comme un jour sans pain : « droits salariés bafoués, contrats précaires, rémunérations insuffisantes, heures supplémentaires non rémunérées, discrimination salariale hommes-femmes, menaces contre les femmes enceintes, harcèlement moral et sexuel, licenciements minutes ou sans motif, crédit collaborateur détourné ». Des comportements d’élus qu’il qualifie, sans détour ni grande diplomatie, de « voyous ».

La revendication centrale, et ancienne, des assistants parlementaires porte sur la rémunération. Or, précisément, il apparaît que le système en lui-même permet de « détourner » une part des crédits théoriquement dévolus aux collaborateurs.

Explication : les quelque 2.100 assistants de l’Assemblée sont recrutés par les députés qui disposent d’une enveloppe pour les rémunérer. Outre un salaire de 6.952 euros brut mensuels, un élu perçoit 6.278 euros d'« indemnité représentative de frais de mandat » (IRFM) et, enfin, 8.948 euros de « crédit collaborateur ». C’est sur cette dernière enveloppe qu’il peut embaucher jusqu’à cinq assistants parlementaires (l’Assemblée réglant directement les charges patronales). Selon Jean-François Cassan, ce sont ces fameux crédits collaborateurs qui sont parfois « détournés de leur finalité ». Pour cela, trois techniques. L’élu peut tout d’abord embaucher un membre de sa famille. Selon une étude réalisée par deux universitaires lillois en 2007, les « fils et filles » de députés représentent entre 10 et 15 % des assistants qui arpentent les couloirs du Palais-Bourbon. Cela ne veut bien sûr pas dire qu’il s’agisse, dans tous les cas, d’emplois de complaisance. Mais pour limiter les abus, leur salaire ne peut excéder 50 % du crédit collaborateur. Confortable, tout de même.

Ensuite, un député peut empocher personnellement une petite partie du pécule destiné aux collaborateurs. Le 30 octobre dernier, le service des affaires financières de l’Assemblée a envoyé sous pli « personnel et confidentiel » aux 577 députés une note indiquant : « Il vous est possible de transférer, dans la limite annuelle de 5.958 euros brut, soit 5495,66 euros net, la partie non consommée de votre crédit collaborateur sur votre indemnité représentative de frais de mandat. » En clair, directement dans leur poche.

Enfin, un élu peut encore reverser le plus légalement du monde la moitié de ses crédits collaborateurs à son groupe politique.

Le Sénat s’est doté de règles plus strictes. L’enveloppe collaborateur de la Haute Assemblée est plus mince : 6.984,42 euros brut. Un salaire minimum est fixé pour un emploi temps-plein à 2.363 euros. Et surtout, un seul emploi familial est autorisé, qui plus est plafonné à un tiers du pécule destiné aux assistants. Mais, les vieux routiers de la politiques savent prendre des chemins de traverse. Certains sénateurs ont trouvé l’astuce pour contourner l’obstacle : ils se mettent d’accord à deux pour embaucher chacun la compagne ou l’enfant de l’autre. Officiellement, aucun n’emploie ainsi directement un membre de sa famille. Les apparences sont sauves et le tour est joué.

Régulièrement, les collaborateurs parlementaires réclament, via leurs représentants, qu’un statut leur soit accordé, voire une convention collective en bonne et due forme. Pour l’heure, en vain. Leurs revendications s’expriment toutefois bien timidement. En plus de trente ans d’existence, une fois et une seule ce corps indispensable au bon fonctionnement du Parlement –et donc de la démocratie – s’est mis en grève. C’était à l’époque du vote de la loi instaurant les 35 heures. Les députés n’avaient pas prévu de les appliquer à leurs assistants dévoués. Sans doute un oubli. Réparé depuis.