27.11.08

Une politique de droite


S'il fallait à certains quelques piqûres de rappel, les voici. Ces dernières semaines, le gouvernement a rappelé ce qu'est une politique de droite. Pardon, une politique de droite décomplexée. Des décisions catastrophiques dont je vous laisse juges.

En matière d'urbanisme commercial et d'équilibre des territoires, le gouvernement a permis la création sauvage de millions de mètres carrés de grandes surfaces sans aucun contrôle des élus locaux. Cela s'est fait dans le plus grand secret par le biais d'une circulaire au coeur de l'été (cliquez ici pour lire cette circulaire du 24 août). Les maires, tous les élus de terrain sont très inquiets de ce coup de force de la grande distribution, de ce véritable cadeau fait par le gouvernement, et qui va aggraver la situation de l'emploi et dégrader un peu plus encore les conditions de travail (des caissières payées 900 euros pour 30 heures de travail, fragmentées dans la semaine...). La "Wal-martisation" (du nom de l'enseigne leader au Etats-Unis) est en marche en France.


En matière de droit du travail, la crise sert d'accélérateur et de justification à toutes une série de régressions du droit du travail. Le comble de l'hypocrisie est franchi quand le gouvernement se réfugie dans une campagne de communication sur le thème "nous ne faisons que donner plus de choix et de liberté aux Français" ; le choix de partir ou non à la retraite à 70 ans, le choix ou non de travailler le dimanche... C'est exactement le même discours qui nous était servi au moment du dispositif sur les heures supplémentaires, or on le sait depuis, augmenter le contingent d'heures supplémentaires n'a pas crée d'emplois, il a juste permis à des entreprises de faire travailler plus à effectifs constants.

En matière de logement, le politique de Christine Boutin est un échec. C'est la bonne vieille politique de la charité qui permet de masquer l'inaction et l'absence de volonté réelle. La ministre, prenant tardivement conscience de personnes mourant dans le bois de Vincennes, décide d'obliger les SDF à aller en hébergement d'urgence. A côté de cela, l'association Droit au logement est condamnée par le Préfet de police de Paris, donc l'Etat, à 12 000 euros d'amende pour "abandon d'objets embarrassant la voie publique sans nécessité". Ces objets, ce sont les tentes abritant les SDF... A côté de cela aussi, même si cela peut paraitre plus éloigné ou obscur, on fragilise la caisse des dépôts et consignations et l'épargne populaire servant à financer le logement social. Boutin, c'est comme Dati, une droite de l'émotion, du médiatique, de l'immédiat, de l'urgence mais qui ne résout rien, ne construit rien, n'entend rien.
(cliquez ici pour lire la lettre de Martine Aubry au Premier Ministre)

Enfin, il y a la réforme de l'audiovisuel public. Le Président de la République pourra nommer et révoquer à sa guise le Président de France Télévision. Le comblement de l'immense trou financier que va causer la disparition de la publicité sur le service public n'est toujours pas garanti, laissant augurer de programmes de moindre qualité. Dans le même temps, les chaines privées auront biensûr droit à la manne publicitaire, dans un marché moins concurrentiel puisque France Télévision aura été retiré du jeu... Qui ne voit le cadeau tout berlusconien fait à Bouygues ? L'UMP va même jusqu'à concevoir des amendements permettant de repousser le début des programmes du soir sur France Télévisions, afin de ne pas perturber l'audience de TF1. En effet, en supprimant la pub, l'UMP s'est rendu compte que le programme suivant immédiatement le JT commencerait plus tôt sur France Télévision que sur les chaines concurrentes privées. On a donc immédiatement obligé France Télévision à programmer des programmes courts à caractère institutionnel...

C'est un colossal retour en arrière auquel on assiste aujourd'hui ; attaque des libertés publiques, régression majeure sur le plan social, absence de plan de relance économique rapide et ambitieux appuyé notamment sur le secteur du bâtiment et répondant au besoin en logements, politique d'aides au plus démunis placés sous le signe de la charité et non d'une véritable politique.

La fin du clivage droite/gauche ? Nicolas Sarkozy l'interventionniste, le pragmatique, le néo-keynésien ? Nicolas Sarkozy, Président de tous les Français ?

Le brouillage et la communication ne marchent qu'un temps. La vérité, c'est que jamais sans doute depuis 50 ans nous n'avions vu à l'oeuvre une droite aussi conservatrice (paquet fiscal), autoritaire (France Télévisions), réactionnaire (rétention de sureté), anti-sociale (franchises médicales, travail le dimanche, retraite à 70 ans) et "aligné" sur les Etats-Unis (renforcement des troupes en Afghanistan sans clarification de nos missions là-bas, réintégration du commandement intégré de l'OTAN).


Moralité : au-delà du débat des personnes, quand on vote pour la droite, on a une politique de droite. Qu'on ne me dise plus, comme je l'entends parfois, "j'ai voté Sarkozy, mais je suis de gauche". Désolé mais je ne peux pas l'entendre.

Aucun commentaire: