28.7.09

Critique de livre - "Adieu, Abidjan-sur-Seine"


« Adieu, Abidjan-sur-seine ! », Les coulisses du conflit ivoirien, Guy Labertit, Editions autres temps, septembre 2008, 17 euros.

Retrouver l'intégralité de cette critique dans l'Esprit critique n°92 de la Fondation Jean Jaurès.



C'est par un cri du coeur « Adieu, Abidjan-sur-seine! » que Guy Labertit entend remettre à l’endroit l’histoire politique ivoirienne vue de France. Remettre à l’endroit une histoire dont la classe politique et les médias français ont livré ces dernières années, une image déformée. Pour Labertit, on a construit à l’Elysée et au Quai d’Orsay, avec le renfort complice des grands relais d’opinion un récit arrangeant, le récit français d’une histoire ivoirienne.


La charge de l’ancien délégué national à l’Afrique du Parti socialiste est violente. Elle ne s’embarrasse pas de précautions de langage ou de circonvolutions diplomatiques. Guy Labertit a ses cibles, il ne les rate pas. Déterminé, il tente de rétablir, reconquérir une histoire étrangère à la France, qu’elle a pourtant cherchée à confisquer. De ce récit différent du récit officiel français, de cette écriture directe, franche, se dégage une force indéniable et un talent de conviction certain. L’ami de Laurent Gbagbo n’épargne pas les principaux responsables de ce qu’il prend pour une falsification de l’histoire. Chirac et Villepin surtout, nombre de responsables socialistes aussi, tous à des degrés divers, par calcul, méconnaissance ou manque de courage, ont cédé à la facilité, choisissant de lire l’histoire de la Côte d’Ivoire avec les lunettes du passé.


Au fond, c'est ici notre rapport à l’Afrique qu'on interroge. Les Français aiment l’Afrique mais la connaissent-ils seulement ? Font-ils l’effort de la comprendre ? En réalité, peu de responsables politiques s’intéressent à l’Afrique avec sincérité. Peu la connaissent vraiment, et seule une poignée a la volonté d’entrer dans le détail des histoires nationales. Une session de rattrapage nous est offerte. Pour son expérience inestimable des questions africaines autant que pour le ton sans fard qu’il choisit d’adopter, il faut lire Labertit.

la vidéo de l'entretien réalisé avec Guy Labertit en cliquant ici...