21.12.07

2012 et la possibilité DSK


Interrogé par Jean-Michel Apathie ce matin sur RTL, DSK a de nouveau clairement fait comprendre qu'il n'avait en rien tiré un trait sur son ambition de devenir Président de la République en 2012.
Le Directeur général du FMI a répondu, avec malice, à la question qu'on lui posait : "Vous avez raison de remarquer que de dire 'je ne renonce pas à être Français' devait cacher quelque chose, parce que personne ne renonce à être Français. Ca devait vouloir dire autre chose".

La France part à la dérive.
La situation économique n'est pas bonne. Une croissance de 1,8% au lieu des 2,25% annoncés...
La situation sociale est plus tendue que jamais.
Le discours de la France dans le monde se brouille chaque jour un peu plus ; lisez pour vous en persuader le discours prononcé par notre président en la basilique du Latran jeudi 20 décembre..."Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes"...
Enfin la Présidence de la République elle-même est en train d'être abaissée, maltraitée, devoyée ; l'épisode Kadhafi, aujourd'hui l'épisode Crala Bruni suffisent pour s'en convaincre. Proche des Français ne veut pas dire ridicule. Or Sarkozy est en train d'abîmer la fonction présidentielle.


Toute cette politique de "l'esbrouffe permanente", cette politqiue "bling bling" dont la nuit inaugurale s'était tout de même déroulée au Fouquet's...(c'était un signe)...toute cette politique d'affichage va sombrer dans l'échec, et plus vite qu'on ne le pense.
D'abord et surtout du fait de son inefficacité économique. La France est confrontée à un défi majeur de modernisation de ses capacités productives, de ses capacités industrielles, technologiques. Là est le principal défi lancé par la mondialisation. Il nous faudrait dès aujourd'hui, un Président qui a les idées claires en matière économique. Un Président capable d'initier au plus vite une vraie politique de l'offre!

C'est ça le grand paradoxe de ce début du XXIè siècle ; en France, la droite n'a jamais été aussi peu du côté de l'offre et du libéralisme économique. Les droites européennes, la droite française aujourd'hui, sont de plus en plus des droites compassionnelles qui iennent un discours du pouvoir d'achat mais récompensent les rentiers et les hauts revenus. Rien ou presque sur l'actionnariat salarié, sur la question de la participation, sur les moyens de doper nos capacités de recherche, d'innovation, sur la simplification des procédures de création d'entreprise, rien non plus ou presque pour permettre au système bancaire de prendre plus de risque en soutenant les projets d'entreprises...Où sont les business angels à la française ? Où sont les sociétés de capital risque ? Où est la volonté réelle de relancer la France dans la grande concurrence mondiale ?

Nous coulons à petit feu faute d'une politique économique dynamique,tournée non vers la rente mais la prisque de risque, l'innovation. Le discours de DSK a toujours été celui là : il faut créer de la nouvelle richesse et non se contenter de l'entretenir oisivement. Pour créer cette nouvelle richesse, il faut jouer à la fois sur la demande et à la fois restaurer les conditions d'une compétitivité accrue pour nos entreprises.

Il n'est pas exclu que le débat présidentiel de 2012 se pose dans les termes suivants : "Comment relancer la France dans la compétition économique mondiale ?". Tout indique que la rupture de Sarkozy brasse de l'air. Ni le projet de loi TEPA ni la tentaive de monétisation des RTT (qui ne touche que peu de salariés au final) ne seront reçus comme un signal fort par les salariés et les chefs d'entreprises. Ce sont des lois inefficaces économiquement et très difficiles à appliquer par les entreprises du fait de leur très grande complexité, notamment juridique.

Il faudra vite sortir du mythe "travailler plus pour gagner plus" dont on voit un peu plus chaque jour qu'il n'était au fond qu'un slogan d'affichage, déconnecté des réalités économiques réelles.


Que DSK ne renonce pas à être candidat, c'est dans le contexte économique qui s'annonce, une vraie bonne nouvelle et même un espoir. L'espoir de voir la compétence constructive de strauss-kahn réparer le dogmatisme agité de Sarkozy. Cet espoir-là s'avèrera d'ailleur le seul de taille à faire gagner le centre gauche le jour venu...

14.12.07

La France ridicule, immorale ou réaliste ?




"Soyons fermes, purs et fidèles ; au bout de nos peines, il y a la plus grande gloire du monde, celle des hommes qui n'ont pas cédé."
Charles De Gaulle, 1943

13.12.07

Enfermer les monstres


Début janvier l'Assemblée nationale va examiner le projet de loi "Rétention de sûreté et déclaration d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental". Pour tous les passionnés de droit et de sciences fiction, ce texte est à regarder de près. Rachida Dati continue de développer, avec l'appui du Président Sarkozy, une vision du droit absolument terrifiante. La Garde des Sceaux déconstruit les grands principes de notre droit pénal en invoquant tour à tour l'affaire Outreau, les drames récents du RER D ou l'affaire Romain Dupuy, avec comme moteur unique à toutes ses réformes, l'émotion.Or le droit, s'il ne peut bien évidemment ignoré l'opinion, la société dans laquelle il s'écrit, doit être aussi un droit protecteur face à l'opinion commune.

De quoi s'agit t-il ici ? Principalement de prévoir pour les personnes condamnées pour crimes sur mineurs, en particulier de nature sexuelle, la possibilité d'une "rétention de sureté" à l'issue de leur peine de prison. Cette rétention sera décidée par une commission de psychatres appelés à se prononcer sur la... "dangerosité" de la personne.
Ce texte pose 3 problèmes :
1/ Aucun Etat de droit au monde ne juge une personne sur ce qu'il est supposé pouvoir faire à l'avenir. L'enfermement est toujours la réponse à la commission d'actes criminels ou délictueux avérés ou prouvés.
2/ Comment ne pas voir la profonde ambiguité du terme "dangerosité" ? Par définition, un criminel ayant tué, souffrant de troubles mentaux, est potentiellement dangereux. Il l'est sans doute encore plus, après 5 ans d'enfermement sans réel suivi socio-médical.
3/ Aucun psychatre, aucune commission d'experts, ne prendra le risque de déclarer la "non dangerosité" d'un détenu condamné pour crime, psychotique ou psychopathe, même si celui-ci a suivi des soins durant plusieurs années et montré une réelle aptitude à la réinsertion. Les psychtres, pointés du doigt dans de nombreuses affaires récentes, choisiront toujours de se couvrir et déclareront qu'"un risque de récidive, même faible, n'est jamais totalement à écarter..."
Ce que prépare ce projet de loi, c'est tout simplement la prison après la prison. Après avoir purgé sa peine, souvent longue, après avoir "payé sa dette à la société", le détenu, parce qu'il est malade, se verra ajouter une autre peine.
Pire encore, et vous l'aurez certainement compris, ce que ce texte cache en fait, c'est le rétablissement de la peine à perpétuité sans sortie possible.

Parce que l'émotion le commande, parce que l'opinion le réclame, Rachida Dati s'apprête à mettre à mal plusieurs principes fondamentaux de notre droit pénal. Le principe de précaution doit pouvoir s'exercer à l'encontre d'individus dangereux pour la société mais la méthode retenue par la Garde des Sceaux n'est ni réfléchie ni acceptable humainement.

Le groupe socialiste à l'Assemblée se battra sur ce texte début janvier pour faire prévaloir une autre vision de la justice. Elle proposera notamment la mise en place d'une commission plurisdiciplinaire qui pourra, durant quelques semaines, faire un diagnostic complet de la personne jugée. Ce diagnostic pourrait intervenir avant la sentence de la Cour d'assise et permettrait de prévoir dès le moment de la décision de justice, une obligation de suivi thérapeutique dès le premier jour d'incarcération. Le Danemark, la Hollande et l'Allemagne l'ont fait.

La gauche n'est pas l'ennemi des victimes en matière de justice, comme la droite aime souvent à nous présenter. Mais condamner les gens à perpétuité,à l'issue d'une peine longue, sur le seul critère de la dangerosité, n'est pas conforme à l'idée que nous nous faisons de la justice.

6.12.07

Bill Maher aime les Français

Bill Maher aime les Français
Vidéo envoyée par yom_

Histoire de rire en flattant notre égo national...

3.12.07

"Non, ne montez pas, il y a du monde dans la rue"


Dans son livre à paraître cette semaine, Ségolène Royal fait une confidence de taille; elle aurait proposé Matignon à Bayrou, entre les deux tours de l'élection présidentielle. Face à ce qui aurait pu conduire à un bouleversement complet des équilibres politiques, bouleversement dont le PS n'avait aucune garantie de sortir vivant, le leader centriste se serait dégonflé...
"Non, ne montez pas, il y a du monde dans la rue", aurait dit le prude Bayrou à une Ségolène venu le séduire jusque chez lui.

Et si l'accord avait eu lieu, comment l'auriez-vous juger ? Pensez-vous que la victoire face à Sarkozy devenait possible ? Le Modem et Bayrou n'ont-ils pas raté là une chance historique, l'opportunité d'absorber le centre-gauche ?

30.11.07

Le blocage et la violence ne se justifient pas!

Un directeur d'IEP agresse un étudiant à Grenoble
Vidéo envoyée par kallok

Le blocage des Universités ne peut pas être une réponse acceptable de la part d'étudiants minoritaires, qui recherchent dans le conflit ce qu'ils ne sont pas capables de défendre avec des mots et des revendications claires.

Je suis de gauche. Je suis membre du Parti socialiste depuis maintenant plusieurs années. Je crois que la loi sur les autonomies est illusoire si elle ne s'accompagne pas d'un vrai plan financier d'urgence.

Je connais bien l'IEP Grenoble, ses débats surchauffés en Amphi, l'emprise de quelques groupes d'étudiants extrémistes et radicaux. Rien ne peut justifier leurs actions et la forme de pression psychologique qu'ils font vivre à la majorité des étudiants.
C'est d'autant plus intolérable qu'ils désservent les revendications légitimes d'un certain nombre d'étudiants qui réclament plus de moyens pour réussir.

En attendant que la lumière soit faite sur les évènements déplorables de jeudi, qui donnent de l'IEP une bien mauvaise image, et sans excuser le geste violent qui n'avait pas lieu d'être de la part d'un Directeur d'IEP, j'apporte d'ores et déjà mon soutien à Olivier Ihl.

29.11.07

Le rêve de Brice Hortefeux : une société propre...

Brice Hortefeux Interview (Capital M6)
Vidéo envoyée par cocallica

Dimanche dernier j'ai regardé le magazine Capital qui consacrait plusieurs sujets au thème de l'immigration.
Et puis au terme de plusieurs reportages, dont l'un portait notamment sur la manière dont la Catalogne avait engagé concrètement l'immigration choisie, il y eut l'entretien avec Brice Hortefeux.

C'est peu dire que Brice Hortefeux m'a fait froid dans le dos. Ce qu'il a dit ce soir-là révèle un racisme latent. C'est indigne d'un Ministre de la République.

L'immigration mérite certes des réponses claires, que le PS n'a pas toujours eu. L'immigration choisie, dont je ne partage ni la philosophie, ni les objectifs, mérite un débat argumenté.
Mais les mots d'Hortefeux sont choquants. Et c'est malheureusement aussi le signe qu'une partie de la droite encore aujourd'hui n'a pas réglé tous se comptes avec ses vieux démons...

28.11.07

Forum de la rénovation : Jean-Jacques Urvoas

Forum de la rénovation : Jean-Jacques Urvoas
Vidéo envoyée par PartiSocialiste

Discours de Jean-Jacques Urvoas au forum de la rénovation "Les socialistes et la nation" à Avignon le 24 novembre 2007.


J'entends d'ici les critiques...Ambidextre se serait transformé en un simple blog promotionnel! Et bien oui! face à la machine UMP et au travail de sappe de l'opinion, Ambidextre réagit et montre que, même modestement, le PS a commencé de réfléchir et de se rénover. Le chemin est long, mais certains, responsables ou militants ont le mérite de chercher un contenu au mot Rénovation. D'autres s'en gargarisent à longueur d'interviews, sans jamais indiquer de quelle rénovation ils parlent...

26.11.07

Forum "Les socialistes et la nation"

Réactions : Forum "Les socialistes et la nation"
Vidéo envoyée par PartiSocialiste

J'étais à Avignon samedi pour le premier forum de la rénovation, consacré à la nation. Plusieurs centaines de militants et responsables étaient réunis pour échanger et débattre.
Les principaux leaders du PS ont boycotté ce premier grand rendez-vous de la rénovation...sans doute pour discréditer définitivement François Hollande. Je trouve cette attitude déplorable. Sans doute ceux-là pensent-ils que le PS peut attendre pour réfléchir. Sans doute pensent-ils aussi qu'il vaut mieux réserver à la presse la primeur de leurs grandes envolées moralisatrices.
La presse a dans une large mesure choisi de railler ce premier rendez-vous collectif organisé par le PS, au motif que les éléphants n'étaient pas là, ou que le thème semblait bien loin des préoccupations immédiates : retraites, crise sociale, étudiants, logements, etc...
Moi j'ai trouvé cette journée très riche et utile.

22.11.07

LE FIASCO SARKOZY


Le Président avait choisi de rêver l'économie de notre pays. Il nous a asséné de grandes déclarations d'intention durant six mois, mais derrière les "je serai le Président du pouvoir d'achat" ou "je serai le Président de tous les Français"...se cachait bien une toute autre réalité! La droite démontre une fois de plus qu'en matière de politique économique et financière, elle n'a aucune leçon à donner à la gauche. Entre 2002 et 2007, l'excuse était l'atonie de la croissance internationale, aujourd'hui en 2007, c'est le prix du baril de pétrole ou les 35h. La droite n'assume jamais ses échecs et pourtant, c'est bien elle et non la gauche qui est aux commandes depuis...6 années! Où est le rebond ? Où est ce fameux choc que l'on devait voir ?
La croissance ? plombée!
Le pouvoir d'achat ? plombé!
La confiance ? plombée!
Les finances publiques ? plombées!

Fiscalité avantageuse pour les plus favorisés, dispositif des heures sup insuffisant de l'aveu même des chefs d'entreprises, budget 2008 préparent la rigueur budgétaire, salaires bloqués, moral en berne des ménages, grèves, blocages, défiance.

Point de rupture, mais un fiasco.

16.11.07

Un maroquin sinon rien - Episodes 3/4

Cette semaine, le temps du mouvement social s'est accéléré. Entre le vote du budget à l'Assemblée, mission par mission, et la gestion de la grogne liée aux régimes spéciaux, le Gouvernement a eu fort à faire. Lagarde, Bertrand, Pécresse et l'impayable Laporte ont été les grands acteurs de ces deux dernières semaines trépidantes.Mais que dire alors de la performance magistrale de Rachida Dati qui à elle seule ou presque est parvenue à faire entrer "Un maroquin sinon rien" dans le cercle très fermé des plus grandes sitcoms comico-gouvernementales.

Plus que jamais, le Président est à l'image de la jeune génération et de son activité favorite : le "zapping". Ajaccio, le Tchad, le Guilvinec, Washington, Strasbourg, le Président est partout, rarement longtemps, rarement muet, rarement précis mais toujours fracassant et tonitruant. Il ne nous reste aucune mesure concrète en tête ou presque mais des images, de bien belles images, ça oui! Les ajacciens embastillés à domicile, le tour opérator hispano-français, le poissonnier, l'homme de stand-up devant The Congress sur un texte de Guaino, l'Européen magnifique...Président zapping, malaise social zappé ?

Tout le monde sur le Pont ! Avis de gros temps ! Exceptionnelle solidarité gouvernementale ces derniers jours ; personne ne doit s'empêcher d'attirer la foudre sur lui. Il n'y a pas de raison d'être en retrait. On ouvre tous la "boîte à claques" en même temps...
Lagarde propose aux Français de préférer leur vélo à leur voiture...(l'A86 à vélib, ça doit être sympa le matin!)
Bertrand ne dort plus, ne se rase plus (pas le temps d'avoir des ambitions donc), il reçoit, il consulte, il n-é-g-o-c-i-e...tout en prévenant que l'Etat n'a pas sa place dans les discussions entreprise par entreprise. Deux jours de bazarre monstre, des sondages à gogo, des nuits blanches, un Premier ministre totalement absent, et finalement Bertrand...accepte de prendre part aux négociations salariales qui suivront dans les entreprises...

Mais c'est du côté de la Place Vendôme que le meilleur est venu. Dans une chevauchée fantastique saluée comme il se devait par des magistrats euphoriques, conclue par le vote de son budget et 8 heures de débats acharnés à l'Assemmblée, la Garde des Sceaux Rachida Dati est parvenue à se construire une bien belle image. C'est un véritable consensus, au-delà des clivages partisans. La Ministre de la Justice a le talent de négociateur de Robocop et la souplesse d'esprit d'Hulk. Quant à sa lecture de l'aménagement du territoire, son analyse des besoins légitimes de rationalisation des moyens ou de justice de proximité, la future candidate du 7è arrondissement parisien a fait montre d'une aisance certaine et d'une lucidité confondante...Si bien que son budget, voté 136 voix contre 81 et la réforme de la carte judiciaire ont été à l'origine d'une très vive opposition de la part des élus locaux UMP...Complètement perdue, la Ministre s'est même laissé aller à proposer une "franchise" sur l'aide juridictionnelle, avant de raviser...le coup de fil élyséen ayant vraisemblablement permis de remettre les choses en place...

Mais au fait il n'y a pas de cours de droit à HEC ?

14.11.07

Grève contre réforme : est-ce aussi simple que cela ?



Nous sommes entrés dans une période d'agitation sociale dont le gouvernement entend bien tirer profit. Pas un jour désormais sans un sondage qui oppose la "majorité des Français" aux grévistes. Le traitement médiatique de la grève est lui aussi totalement biaisé; d'un côté Fillon, Bertrand, Sarko sont présentés comme les représentants de la "réforme", du "respect des engagements", de l'"action", de l'autres les syndicats, les salariés du public, les avocats, une partie des étudiants,sont présentés comme les tenants de l'immobilisme, les défenseurs acharnés du conservatisme.
Je suis admiratif devant la débauche d'énergie et l'ingéniosité de ce gouvernement pour s'attirer la bienveillance de l'opinion. A l'UMP, la communication marche à plein régime. Pas un jour sans que je sois impressionné par l'arsenal développé par le parti majoritaire pour assurer le service après vente des mesures prises. Hier, c'était un un petit dossier fort bien fait, envoyé à tous les députés, qui portait sur les "heures supplémentaires". 2 pages de réponses aux questions les plus fréquentes très bien construites, suivies de trois "feuilles de paie" fictyives censées prouver concrètement le "travailler plus pour gagner plus". Si je ne partage en rien le mythe du "travailler plus pour gagner plus", j'admire toutefois le travail énorme de communication développé actuellement par la machine gouvernementale. C'est un rouleau compresseur médiatique et sondagier. Le gouvernement et l'UMP profitent à plein de leurs moyens économiques pour gagner la bataille des esprits.

Je veux juste ici rappeler une simple vérité que les Français ne manqueront de rappeler au Gouvernement. On demande aux personnes bénéficiant des régimes spéciaux de passer à 40 ans de cotisation sans ouvrir de négociation sur les salaires. Or une trajectoire professionnelle, c'est d'abord un choix de vie fait individuellement sur la base de différents critères. Certaines personnes sont dans la rue aujourd'hui pour défendre le contrat sur lequel elles s'étaient engagées plusieurs années auparavant. Gagner un peu moins, avoir la sécurité de l'emploi, partir plus tôt à la retraite. S'il n'est plus possible de partir plus tôt à la retraite, s'il n'est plus possible non plus de garantir le même statut aux salariés du public, alors il faut au moins une compensation car sinon tout cela a un nom et ce non ce n'est pas "négociation" mais "vol".

Oui à l'alignement sur les 40 années de cotisations mais dans une négociation globale sur les salaires. Faire croire que la réforme Bertrand telle que la discussion avec les syndicats a été engagée, c'est la réforme de l'équité, c'est mentir aux Français.

Le financement des retraites n'est en rien assuré. Aujourd'hui, on médiatise à outrance une réforme certes nécessaire mais largement insuffisantes, celle des régimes spéciaux (6% de l'ensemble des retraites!!!).

La droite ment éhontément aux Français.
Quelques exemples: il devait y avoir un service minimum à hauteur d'un train sur 3 : il n'existe pas.
Il devait y avoir des stages rémunérés correctement, le projet de loi pécresse prévoit 95 euros par mois (au lieu de 300 eur aujourd'hui) pour un stage de 6 mois....
Il devait y avoir une hausse du pouvoir d'achat : il n'y en a pas et le Gouvernement a offert 15 milliards précisément aux 500 000 français les plus riches.
Il devait y avoir la croissance...

Quant la communication sert un mensonge, elle cesse d'être communication pour devenir "manipulation".

11.11.07

L'amputation n'était pas définitive

Six mois après mon dernier post, je reviens enfin sur Ambidextre, en m'excusant platement auprès de nos plus fidèles lecteurs qui ont vu notre blog tourner au ralenti et perdre un peu de son esprit de contradiction originel.

Six mois aussi après la victoire de Nicolas Sarkozy à l'éléction présidentielle, j'en profite pour m'excuser auprès de la main gauche d'avoir snober les débats, dans l'euphorie du 6 mai.

Pour vous dire franchement, j'ai été victime d'une sorte d'election blues. Captivé, passionné, presque omnubilé par la campagne electorale, j'ai eu besoin de faire une pause, une sorte de retraite (le yacht en moins). La politique ne m'interessait plus autant.

Je regrette maintenant de n'avoir pas commenté sur ce blog les étapes importantes de la prise de fonction, la révolution de palais, le saut dans une nouvelle pratique de la fonction présidentielle, l'épopée lybienne ou l'aventure tchadienne... j'aurai largement l'occasion de donner mon point de vue sur Nicolas Sarkozy au fur et à mesure des posts que j'écrirai dans les 5 ans qui viennent (!!!).

C'est en fait l'actualité sociale qui m'incite à reprendre la plume. C'est dans l'adversité que je retrouve toute la motivation de me battre (par les mots) pour défendre la Reforme, avec un grand R, l'ambition qu'a choisi mon pays.

L'heure n'est plus à l'état de grâce, aux 100 jours... les choses sérieuses commencent car un certain nombre d'irréductibles considèrent que le choix des urnes ne vaut que pour ceux qui l'ont fait. Manifester, marcher dans la rue, vociférer, bloquer trains et universités a au moins un mérite. Ces manifestations égoîstes permettent de compter. Compter ceux qu'il faut déduire de la majorité silencieuse...

9.11.07

Les élites parlent aux élites

En 1938, l'immobilisme français face au drame civil espagnol faisait écrire à George Bernanos : « On ne refera pas la France par les élites, on la refera par la base ».Bizarrement ces mots prononcés pourtant dans un contexte bien différent, je les ai à l'esprit en refermant Les nouvelles élites. Le choix du sujet, de l'enquête menée par Fouks et ses troupes, est en soi un motif de questionnement. Comprend-on encore la France par ses élites ? L'ouvrage ne traite pas ou peu de cette question préalable. Pour autant, elle ne peut manquer de surgir dans l'esprit de celui qui le lit. La question des élites est une question piégée, difficile. Sont-ce encore elles qui font et qui feront la France ? Peut-on parler d'une « génération du pouvoir », comme le fait Fouks d'entrée de jeu ou presque ? Est-ce aussi clair ?

Jean Baudrillard, dont il faut bien admettre que les excès ne sauraient discréditer définitivement toute l'oeuvre, a écrit sur le sujet quelques lignes intéressantes : « On peut avoir une réaction viscérale, anti-masse, anti-beauf, anti-France profonde. Mais une réaction tout aussi viscérale anti-élite, anti-caste, anti-culture, anti-nomenklature. Faut-il être du côté des masses débiles ou des privilégiés arrogants (surtout lorsqu'ils font allégeance aux masses) ? Il n'y a pas de solution. Nous sommes pris entre deux intégrismes : l'un populiste et l'autre libéral, élitaire, celui de l'universel et de la démocratie forcée ». La vision est sans doute par trop manichéenne, abrupte. Mais il reste qu'étudier les élites, c'est dès le départ une forme de parti pris assumé. C'est à la fois le choix d'un objet d'étude et d'une « focale ». Et pour tout dire, je trouve salutaire de réinvestir comme le fait Fouks, le thème des élites. Salutaire de comprendre qui sont ces décideurs d'un genre nouveau, désireuses de reconnaissance, de responsabilité, d'action, de collectif, de bonheur.

Tel que Fouks nous les présente, ces élites sont déroutantes. D'abord parce qu'il ne s'agit pas d'une génération spontanée, s'assumant naturellement comme génération de pouvoir ; c'est d'abord et avant tout une génération modeste, une génération qui s'ignore. Déroutantes aussi parce que jamais des élites, celles qui ont 30-45 ans aujourd'hui, n'auront manifesté une telle envie de faire. Non plus de re-faire ou de défaire comme ce fut la tentation de leurs aînés, mais bien l'envie de faire et d'assumer leurs actions. Alimentée de nombreux entretiens individuels, « nourrie » aux études qualitatives, la réflexion de Stéphane Fouks dresse au final un portrait juste parfois, avantageux le plus souvent, des nouvelles élites. Trop longtemps tenues à l'écart du pouvoir par la génération post soixante-huit, elles se caractériseraient par leur volonté d'agir et de transmettre. A la génération des assoiffés de pouvoir, de réussite et d'individualisme, aurait succédé une génération soucieuse de promouvoir la responsabilité, l'épanouissement et la co-action. Voici venu en quelque sorte le temps des élites bienveillantes et philanthropes.

Cette contribution à la réflexion sur les nouvelles élites françaises est bienvenue et opportune au moment où s'opère une passation des pouvoirs politiques, économiques et médiatiques entre générations. Il est intéressant de montrer comme le fait l'ouvrage, ces deux générations qui se succèdent, qui ont travaillé ensemble et qui ne partagent plus ni les mêmes usages ni le même rapport au pouvoir. Mais l'exercice auquel se livre Fouks contient en lui-même ses propres limites ; le portrait-type a ses contraintes induites. La tendance à la simplification, la tentation de la caricature sont rarement loin. On a le sentiment d'assister à l'avènement sous nos yeux d'une génération un peu trop belle pour être tout à fait vraie, et finalement le sentiment aussi que le portrait d'une génération qui s'ignore est en fait le portrait d'une génération qui n'existe que sous la plume de Stéphane Fouks.

Pourquoi ce sentiment désagréable d'une « ficelle un peu grosse » et d'un manque de nuance dans le portrait qui nous est dressé des nouveaux décideurs ? Deux impressions de lecture peuvent être proposées comme éléments de réponse.
D'abord l'impression que l'on nous rejoue en partie au fil des pages, le très vieux coup des Anciens contre les Modernes. Mauvaise génération de vieux « cons » d'un côté, égoïste, individualiste, castratrice contre génération pleine de fraîcheur de l'autre, forte de vertus comme le partage, le sens de l'engagement, de la responsabilité. Une génération de « repus » ferait obstacle à l'éclosion d'une génération nouvelle, active et ambitieuse. Est-ce un roman ou une étude ?
Ensuite, on ne peut manquer en lisant Les nouvelles élites d'avoir à l'esprit son auteur. Qui nous parle des élites ? Un lobbyiste, un communicant, un homme d'influence. Il n'y a là rien d'invalidant, mais pour le lecteur un regard distancié à conserver. Fouks décrit un monde qu'il connait, qu'il côtoie, qui l'intéresse. C'est à la fois grâce à cela que son étude est à lire mais c'est aussi à cause de cela qu'elle est nécessairement à relativiser dans ses conclusions. Nous sommes ici dans un monde clos, endogame. Un monde qui s'étudie aussi justement et aussi habilement qu'il le peut.

Les élites parlent des élites...aux élites.

24.10.07

Mais où est donc passée la main droite ?


AVIS DE RECHERCHE

Jeune Homme, encarté à l'UMP,
ayant fait la campagne de Nicolas Sarkozy avec passion,
ayant jusqu'alors le goût du débat et même de la contradiction,
ayant depuis le 6 mai 2007, décidé de se réfugier dans le mutisme le plus complet,
ne donne plus signe de "velléité de débattre" .
Sans doute la réalité du "tout devient possible" n'est-elle pas si facile à commenter...

Ambidextre ne saurait continuer sans un débat entre une main gauche et une main droite.
C'est le principe même de ce blog.




22.10.07

Un génie nommé Courbet


Mes connaissances dans le domaine de l'art étant d'une affligeante minceur, je ne me risquerais pas à écrire trop longuement sur l'oeuvre magistrale de Courbet. D'autres le font si bien d'ailleurs ; à commencer par l'auteur des textes qui accompagnent les oeuvres actuellement exposées au Grand Palais. Si vous allez voir Courbet, et vous irez après avoir lu ces lignes, lisez donc ces textes ; ils sont remarquablement écrits.

Dans une présentation à la fois claire et astucieuse, les toiles de l'artiste franc-comtois me sont apparues d'une étonnante "modernité". Bien sûr le choix des scènes - "l'univers iconographique" pour faire pompeux - est celui d'un peintre du XIX è siècle. Reste le regard, l'oeil de Courbet sur les choses. Et l'on comprend - je l'ai compris dimanche face aux tableaux - que le génie de cet artiste est autant dans la technique (difficile à juger pour le profane) que dans la volonté de laisser le sujet peint dire lui même ce qu'il a à dire.

Remettre le sujet au centre de l'acte de peindre. C'est en tout cas ce que j'y ai vu.

Elu de la Commune, Courbet a lutté physiquement contre la République conservatrice. En révolte contre tous les conservatismes, sa vie durant. Rompant avec le romantisme et les codes néoclassiques, le peintre est parvenu à installer une oeuvre qui frappe par sa profusion, sa diversité et étrangement, mais c'est sans doute là le génie, par sa très grande unité de sens. Courez voir les paysages de la vallée de la Loue, les nus impudiques, superbes, puissants, voyez la Truite et la souffrance que l'on parvient à ressentir, celle de l'artiste emprisonné à Sainte Pélagie. Ma préférence personnelle, toutes périodes confondues, va aux "Courbet paysagiste" et en particulier à la recherche autour du thème de La Vague. Juste beau.

Il faut voir Courbet.

19.10.07

EUROPEENS !





L'Union européenne, la construction de l'Europe économique, politique, sociale restent pour moi, pour toute une génération d'Européens le plus beau des projets d'avenir. Certains regrettent l'Union européenne à 15 et affirment qu'à 27, le Grand projet européen est mort. Ceux-là n'ont rien compris de ce qui se jouait précisément le 10 mai 2004. Ni trop vite ni trop nombreux, les pays d'Europe de l'Est devaient intégrer la famille européenne pour que le Mur de Berlin tombe définitivement dans les têtes autant que dans les faits.
Je suis allé à Berlin, j'ai vu cette ville, ces bouts de mur, "Check point Charlie", et puis surtout la vigueur retrouvée de Berlin Est, l'Europe, c'est d'abord cette réussite là. Bien sur, les dix nouveaux entrants ont un retard à combler. Bien sur les règles de la concurrence économique, l'harmonisation fiscale, le respect de normes sociales comparables sont pour l'instant des points difficiles à régler. Et qu'à 27, la partie n'est pas aisée. Mais c'est précisément maintenant qu'il faut soutenir l'Europe, cette Europe élargie, qu'il faut penser des solutions nouvelles. Il faut cesser de se lamenter côté français, et regretter sans cesse que l'Europe ne soit pas une République française, laïque, où le français serait la langue commune...!! Finis les rêves napoléoniens, vive l'Europe à 27!

Jamais l'Europe n'a compté autant de supporters. Autant que possible, il nous faut combattre une idée fausse dont une partie de la gauche aime d'ailleurs faire "son fonds de commerce" anti-européen. L'Europe n'est pas rejetée pas les peuples ; distante, elle n'a jamais pour autant suscité une telle adhésion!!!
Au printemps 2007, 57% des européens disent que faire partie de l'UE c'est une bonne chose. 52% et 71% pour la France et les Pays-Bas, deux pays qui ont voté non en mai 2005...
59% des citoyens de l'UE jugent que leurs pays a bénéficié de l'UE et 54% des Français ont le même sentiment.

Enfin encouragement pour tous les Européens convaincus et démenti cinglant aux euro sceptiques de tous poils : les Européens prédisent un avenir brillant à l'Union européenne!

69% des Européens sont optimistes concernant le futur de l'UE, dont 58% très optimistes! En France, ils sont 61% à partager le même sentiment d'optimisme!

Plus que jamais, et c'est le combat de notre génération, l'Europe est le plus beau des projets à construire! En 2008, quel que soit le mode de ratification retenu par le Président de la République, parlementaire ou référendaire, quel que soit la reculade que ce choix pourrait sembler traduire, le Parti socialiste aura la responsabilité, le devoir de voter en faveur du Traité de Lisbonne.

Dire non à l'Europe une seconde fois serait inexcusable.


Pour retrouver directement le dernier Baromètre d'où sont extraits la plupart des chiffes cités:
http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb67/eb_67_first_fr.pdf


Nicolas Vignolles

12.10.07

Allez les petits !

Je suis fils de rugbyman et bien qu'ayant plus souvent taquiné le ballon rond que le ballon ovale, j'aime le rugby. Peu de sport sont capables à mon sens de procurer de telles sensations sans déchaîner dans les tribunes de débordements violents. Je me souviens de matchs mémorables, perdus ou gagnés, où les chants se poursuivaient au-delà du match, dans le stade et en dehors. Je me souviens aussi bien sur, d'un matin de 1995, il devait être 8h30 du matin en France, nous jouions les All Blacks chez eux, à Auckland, la France perdaient de six points. Le temps réglementaire était terminé et puis... Sadourny, l'arrière du XV de France a décidé que le rugby était un jeu et que les Français en avaient une haute idée. Alors il joua, les petits bleux jouèrent tous, au quatre coins du terrain...C'était l'essai du bout du monde. Tout y était : la chance, l'audace, la surprise, la fierté, le jeu, la vitesse, le sens de la passe. RRRRrrr! Je m'en souviens encore!

Pourquoi ce sport me plait-il autant ? Parce qu'au coeur meme du rugby, il y a l'essai. L'essai est une belle chose, un bel "ouvrage", construit, collectif, fait de phases de combat, d'impact, de jeu au grand large, de courses, de coups de pied...L'essai porte bien son nom ; il est souvent le résultat payant d'une audace, d'une prise de risque. "Essayer ensemble", c'est beau comme idée, non ?

Alors bien sur, il est des matchs de rugby où le combat d'avants remplace ou meme efface toutes velléités de jeu de courses et d'évitement. Bien sur, les Anglais sont en la matière les champions du monde. Bien sur les Anglais sont des rugbymen accomplis et forment une équipe complète et agguerrie aux joutes les plus rudes. Mais il est vrai qu'ils excellent dans ce qu'on appelle "le petit jeu". Ce n'est pas moins du rugby que le jeu "au large" mais c'est un rugby plus étriqué, plus combatif que beau. A ce "petit jeu", nous risquons de mourrir à petit feu...

Reste que passé l'heure de jeu, il est rare qu'une équipe de France résiste à l'appel du grand large et du jeu à la main... La tradition de l'équipe de France, c'est d'abord la tradition du jeu. Ce"french flair" qui nous fait craindre de toute équipe. Certains écrient et disent que la France a perdu son flair, que c'est la défense qui la fait désormais gagner. C'est vrai mais pas plus d'une heure. Or un match, c'est 80 minutes.

Réponse samedi sur les coups de 22h.
Rendez-vous à l'heure de jeu messieurs les Anglais, au rendez-vous des grandes offensives !

11.10.07

C'est quoi la nation ?


Le Parti socialiste a lancé plusieurs forums permettant de rénover l'approche des socialistes sur un petit nombre de sujets cruciaux. Nation, individu, marché sont au programme ! Si nous ne sommes pas capables de nous mettre d'accord sur ce que nous partageons, comment penser faire un projet ensemble ? Aussi ces débats ont-ils l'ambition de clarifier notre positionnement et de nous préparer à une modernisation dont le Congrès de 2008 devrait être l'accoucheur.

Comment parler de la nation quand on est socialiste au XXIème siècle ?
Quelles questions se trouvent immédiatement soulevées à la seule convocation du mot nation ?

Jean-Jacques Urvoas préside le forum en charge de cette question avec deux rapporteurs pour l'épauler Razzye Hammadi et Delphine Batho. J'ai la chance de pouvoir suivre les débats qui chaque mardi soir, rue de Solférino, permetttent la confrontation des idées sur ce thème et la recherche de points de convergence. Pour l'instant, la confrontation se déroule très bien. Merci.

Immigration, solidarité, contrat social, libertés fondamentales, éthique républicaine...un débat sur la nation est souvent l'occasion de ne pas être d'accord sur le contenu meme du concept.
Il semble toutefois qu'un certain nombre "d'arrêtes" se dessinent et que les socialistes, les familles socialistes, appréhendent la nation d'abord et surtout comme un "contrat de société". Il n'est pas tant affaire pour eux d'établir des critères objectifs que de trouver les moyens de construire un projet commun solide, crédible et donc partagé par tous. Il faut que le vivre ensemble retrouve de son sens, qu'il s'appuie sur un projet d'avenir.

Pour construire ce "contrat de tous avec tous", il faut aux socialistes proposés des pistes d'actions susceptibles de renforcer les principes de liberté, d'égalité et de fraternité. Ces principes sont plus que jamais valides, mais à la condition de leur donner une existence réelle, de trouver la juste manière de les faire vivre. La manière socialiste de les faire vivre.

Pour les socialistes, la nation, ce pourrait être : la liberté par l'autonomie, l'égalité par la justice et la fraternité par l'émancipation.

9.10.07

Un maroquin sinon rien - Episode 2



Cette semaine, les protagonistes de notre feuilleton comico-gouvernemental préféré (méthode Couet destinée à faire croire que vous etes 40000 à me lire chaque jour) ont redoublé d'efforts et d'inventivité pour se démarquer de leurs...collègues.



Episode 2

Jean-Louis Borloo se sent délaissé par les caméras depuis que sa bourde sur la TVA sociale l'a conduit à quitter Bercy pour...le Groenland et le Grenelle de l'environnement. Un bazar ce Grenelle; c'est bien simple : on ne comprend pas la méthode, on n'entrevoit pas les résultats... Alors pour exister Jean Louis multiplie les coups d'éclat. Dernier en date : déclarer que la France s'apprête à suspendre toute culture OGM...quand Barnier, devant un parterre d'agriculteurs en rogne, jeté en pâture à la FNSEA, jurait qu'il n'en était rien...OGM, pas OGM, affaire à suivre...

Mais c'est des membres accueillis au titre de la généreuse ouverture que sont venus les principales sorties "chic et choc" de la semaine. Premières mesures sur l'immigrration, le logement...et premières larmes de crocodile des "sarkozystes de gauche": Fadela trouve "dégueulasse" le recours à l'ADN, Hirsch s'oppose à toute restriction du droit à l'hébergement d'urgence...Sont-ils en train de réaliser que gauche et droite ne partagent tout à fait la meme vision du monde et de l'homme ?

Mais que serait ce gouvernement sans ses valeurs fortes, montantes, ces "amis" du Président qui porte haut et fort les couleurs du Sarkozysme ?! Rachida Dati accélère encore le rythme et inonde la Parlement de projets de loi d'inspiration élyséenne. En plus, ses week ends, elle les passe avec le Patron en compagnie de Michel Drucker et Olga. Du travail bien fait pour la Garde des Sceaux. On attendra avec impatience sa grande loi pénitentiaire et sa réforme de la carte judiciaire. Il lui faudra sur ces deux projets s'inspirer de l'animateur de France 2 et de son ton douceureux.

Côté Kouchner, l'inclassable, l'Homme de Mogadiscio (c'est un peu comme Rio mais en Afrique) réitère ses "envies" de guerre. Et d'en remettre une louche pour ceux qui n'auraient pas compris la première fois : "le pire serait la guerre". Merci Bernard. Superbe analyse. Et le mieux serait la paix non ? Et l'idéal serait l'amour ? Quelle sens de la formule ce Kouchner!

Et puis la semaine se gâta.
Ce fut EADS et le jeu de "à toi, à moi" entre Breton et la Caisse des dépôts (dont l'Etat est accessoirement...actionnaire!).
Ce fut ensuite l'affaire Gauthier-Sauvagnac et les interrogations sur des sommes échangées en liquide (15 millions d'euros, en liquide ça fait 3 millions de billets de 5 euros tout de meme...). Et Sarkozy nous fait une sortie cette meme semaine pour défende...la dépénalisation du droit des affaires...magnifique de cohérence ! C'était quoi déjà le bouquin de Parisot ? "Besoin d'air" non ?

Ce fut enfin un petit coup de plus derrière la nuque du pauvre François Fillon qui va finir par nous être aussi sympathique que Caliméro ; les petits déjeuners de la majorité parlementaire qui se tenaient jusqu'alors à Matignon ont migré à l'Elysée cette semaine...

7.10.07

Continuer à s'indigner : condition insuffisante mais nécessaire


Assez. On ne peut pas continuer à faire de la politique sans être au clair sur la priorité des priorités. Le combat contre la misère doit sortir des discours incantatoires et des jérémiades infécondes ; la gauche de gouvernement, le Parti socialiste doit se pencher plus que jamais, à l'heure de sa rénovation, sur les moyens à mettre en oeuvre pour luttre efficacement contre ce qui reste une négation de la dignité de la personne humaine. On ne peut plus vivre dans une société où le tissu associatif supplée les carences d'un Etat démissionnaire. S'il n'est plus la "Providence", l'Etat ne doit-il pas cependant resté fort sur ses missions essentielles ?

Assez. La question des logements d'urgence, le problème de la juste rémunération du travail, la difficulté des missions du Samu social, les lourdeurs administratives pour accéder à un logement social, la nécessité de coordonner le travail de plusieurs organismes, bailleurs, collectivités locales, Etat ; rien de tout cela ne sauraient constituer un obstacle infranchissable pour qui veut VRAIMENT agir.
Une politique globale de lutte contre la pauvreté doit être menée et assumée par l'Etat ; ce devrait être d'ailleurs une mission interministérielle à créer au plus vite.


Dénoncer la misère ne vaut pas résolution des problèmes posés par la misère. Mais la volonté politique, le sens d'un projet collectif trouvent corps autour de priorités revendiquées, travaillées puis détaillées en propositions d'action.

Voilà un axe de travail que la gauche devrait avoir à l'esprit au moment où elle entreprend de reconstruire son projet. Sans misérabilisme, sans condescendance, sans annonce démagogique, la gauche pourrait trouver dans le combat contre la pauvreté, dans ce qu'elle suppose comme mécanismes de solidarité à recréer, les moyens de rebatir une doctrine solide et crédible. Sortir de la pauvreté, c'est retrouver sa dignité, le goût du travail, des autres, l'estime de soi, retrouver l'accès aux soins, à la justice, au respect de ses droits. C'est retrouver aussi un certain nombre de devoirs et de responsabilités.

Dans le combat contre la pauvreté, il y a un projet pour la gauche au delà de la simple dénonciation. La modernité n'est pas forcément dans la recherche de nouveaux lieux et sujets de combat mais sans doute dans la volonté et la capacité de la gauche à les réinvestir avec de nouvelles armes.

La lutte contre la pauvreté, l'exclusion, le mal logement, c'est le combat historique des socialistes pour la justice sociale ; elle peut (devrait) servir de ligne de force à un projet global de société. C'est à partir de ce combat premier, qui colle à l'identité de toutes les composantes de la gauche, que la "fierté nationale" reprendra un sens neuf, que la re-construction d'un projet économique à la fois performant et solidaire sera possible .

" Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les Droits de l’Homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. " (Joseph Wresinski)

Journée mondiale du refus de la misère le 17 octobre
Pour 2005 le thème adopté par les Nations-Unies est : "Réaliser les Objectifs du Millénaire - Permettre aux plus pauvres de prendre leur avenir en main".
http://www.oct17.org

5.10.07

Voyage en Finistère

Mercredi et jeudi, je suis allé rendre visite à mes "collègues" assistants travaillant en circonscriptions. L'occasion de mettre enfin des visages sur des voix. C'était un peu comme à la fin de "tournez manège", émission culte dont vous avez surement souvenance (mais si alllons!) ; après trois semaines de suspense insoutenable, le rideau se levait enfin sur les personnes et les lieux...

Je suis heureux de ces rencontres ; nous formons aussi bien à Quimper qu'à Pont-l'Abbé, deux équipes constituées de compétences et de personnalités complémentaires. En dépit du rôle spécifique de chaque assistant parlementaire, il était très important pour moi d'avoir rapidement le sentiment d'appartenir à une "équipe". Le travail de suivi, de veille et de conseil que j'accomplis à l'Assemblée ne saurait être disjoint, coupé de la vie et du travail en circonscription. Se joue là, au sein meme de la petite équipe (grande par le talent!) que nous formons, dans notre capacité à articuler le travail de "circo" et le travail de Législateur à proprement dit, une partie de la réussite des députés que nous assistons.

Durant ce déplacement, dans les première et septième circonscriptions (j'ai bossé ma carte électorale hein ?!) du Finistère, j'ai pu assister aux réunions de la fédération, rencontrer des militants et élus qui font vivre le PS dans le "2-9", et mesurer finalement les doses de dévouement, de passion, d'ambition, d'humour et de bonne humeur que mettent tous ces militants dans leur engagement quotidien. Ca fait du bien de sortir des sections parisiennes et de l'esprit "solférinesque"...

Pour ce qui est de la visite du Finistère, ce fut bien entendu trop court. Mais il y eut tout de meme un "zeste", des impressions de voyage fugitives, une "breizh touch" en somme...
Un déjeuner sous le soleil, place de la République à Pont l'Abbé par un jour de marché.
Une marche de quelques minutes le long de l'Odet, le temps de lever les yeux aux cieux et d'admirer la superbe cathédrale gothique.



Comme dit ma maman :
"Le Finistère, c'est déjà la belle Bretagne".

1.10.07

Un maroquin sinon rien



Il n'aura fallu que quelques semaines pour que les premières brèches se dessinent et qu'apparaissent au grand jour les contradictions au sein de l'écurie présidentielle...euh de l'incurie gouvernementale.

Retrouvez désormais sur Ambidextre chaque semaine les meilleurs moments de la première sitcom comico-gouvernementale!

Son titre : Un maroquin sinon rien




Résumé de la semaine:

François Fillon décide d'entrée de fixer le ton de la semain. Après tout, le patron, c'est lui. Donc l'annonce de la "faillite" de l'Etat, c'est pour lui aussi...Mais Raffarin et Villepin apprécient moyennenment le mot.
Christine Lagarde et Eric Woerth sont un peu gênés; ils doivent présenter le projet de loi de finances, autrement dit la "mise en chiffres" des slogans sarkozystes. Or, les chiffres, eux, comme le dit l'adage populaire, ne mentent pas...Avec les prévisions de croissance molle et les dépenses de quinze milliards d'euros déja effectuées, le budget 2008 déçoit jusque dans les rangs de l'UMP...
De son côté, Kouchner veut exister. Il est alors pris d'une soudaine et irrépressible envie d'en découdre avec l'Iran...
Morin de son côté, en super VRP qu'il est, s'en prend ouvertement à la qualité du Rafale en exprimant publiquement ses réserves sur les qualités d'un avion présenté par tous ses prédécesseurs comme le fleuron de l'armée de l'air française...
Pendant ce temps Boutin drague et se ramasse. Elle voulait un Don Quichotte mais lui ne voulait pas d'elle.
Hortefeux veut expulser en grand nombre mais les préfets sont fainéants. Déçu, il se lance avec fougue dans le soutien désespéré de l'amendement Mariani. Il défend, plein d'humanisme, le recours à l'ADN dans les démarches de regroupement familial. Mais bientôt le Sénat, les sénateurs UMP eux-memes, Pasqua compris, lui adresseront un nouveau camouflet.
Que fera Brice ? Se tournera t-il vers d'autres causes afin de refaire son retard et ne pas tombé en disgrâce aux yeux du Président ? Trouvera t-il d'ici là quelques expulsions rapides et médiatiques capables de redorer son blason et ses statistiques ?

Qui sauvera son maroquin ? Qui sera digne de se voir convier au jogging présidentiel ?

A suivre dans le prochain épisode d'Un maroquin sinon rien !

27.9.07

Mardi, soir de première au Palais-Bourbon.

Deuxième semaine à l'Assemblée nationale et déjà une opportunité s'offre à moi. Comprendre enfin ce qu'écrire la loi veut dire.
Je ne résiste pas à l'envie de vous narrer succinctement ce voyage fabuleux au pays de l'amendement et du sous-amendement. Plongée dans le monde merveilleux du travail législatif.


Avant-propos
Chaque projet de loi examiné par l'Assemblée nationale a son Rapporteur, un membre de la majorité chargé d'organiser le travail en commission, de veiller à l'équilibre du texte et de faire prévaloir in fine, le plus habilement possible, sa propre lecture du dit texte. Mais chaque projet de loi a également côté opposition, son « responsable du texte ». C'est ce rôle qu'a eu à tenir Jean-Jacques Urvoas, Député du Finistère, Mon Député, sur le projet de loi instituant un Contrôleur général des prisons.

Intérêt du texte
Ce texte arrive dans un contexte particulier. L'état des prisons en France est désastreux ; c'est une véritable humiliation pour notre pays. La dignité des personnes détenues n'est plus respectée dans bien des établissements compte tenu des conditions déplorables d'incarcération. La France se doit de réagir en votant le plus vite possible une loi de programmation pénitentiaire à la hauteur des défis urgents qui attendent le pays en la matière. Avant d'en venir à cette loi, le Gouvernement a soumis au Parlement un texte visant à créer une nouvelle institution chargée du contrôle de tous les lieux de privation de liberté (prisons, centre de rétention, hôpitaux psy fermées, etc...). C'était urgent et les textes internationaux nous y invitaient depuis longtemps. Alors voilà, la France décide enfin, avec ce projet de loi, de créer ce poste de Contrôleur indépendant.

Positionnement sur le texte
La position du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche a été très vite arrêtée. Il était bien sûr inconcevable de s'opposer à la création d'une institution permettant un meilleur respect des droits fondamentaux des personnes privées de liberté. D'autant que le Parti socialiste, Marylise Lebranchu notamment, avait en d'autres temps poussé pour que ce Contrôleur soit crée. Toutefois, la vigilance était de mise eu égard au contenu même du projet de loi. Notre devoir d'opposition était ici de veiller à ce que le gouvernement n'en reste pas à un simple discours d'intention, de nous assurer que cette nouvelle autorité indépendante ait les moyens de ses ambitions. Le risque était grand de voir la droite faire assaut de compassion, et de voir disparaître derrière les discours humanistes, la capacité d'action réelle du futur Contrôleur général. En un mot, nous voulions un vrai Contrôle indépendant, fort, respecté et donc écouté, susceptible d'intervenir dans tout lieu de privation de liberté et à tout moment pour mettre fin si besoin est, aux atteintes les plus flagrantes aux droits fondamentaux.

Le Grand oral dans l'hémicycle
Avec Marianne, collaboratrice au groupe PS, chargée des questions de justice, nous avons travaillé sur la base des analyses de Jean-Jacques et d'Alain, son collaborateur à Quimper, à rédiger les amendements et sous-amendements qu'ils nous paraissaient nécessaires de défendre pour donner au Contrôleur une vraie capacité d'action. Derrière ce travail de mise en mots se cache en fait le travail le plus exigeant mais aussi le plus excitant du travail parlementaire ; la possibilité de changer les termes de la loi. Mais dès le passage en Commission des Lois, nous avons pu mesurer le poids de l'opposition : 2 amendements adoptés sur 14.
A 15h mardi, s'ouvrait alors la séance publique. Au bout d'une heure et demi de discours, Jean-Jacques montait à la tribune de l'Assemblée pour défendre une motion de « renvoi en commission »: cette motion se justifiait par la volonté des socialistes de « retravailler » le texte, de l'amender plus et mieux, d'assumer un positionnement clairement constructif. Jean-Jacques a eu le mérite de la clarté et de la concision.* Sa prestation a été saluée par nombre d'élus du groupe SRC. Dans la discussion article par article qui suivit (durant plus de six heures), il s'est montré à son aise dans un exercice que pourtant, il ne connaissait pas.

Quant à moi, j'ai eu la chance de pouvoir assister au plus près à ces débats puisque je me trouvais dans l'hémicycle même**. Suivre la séance d'aussi près, comprendre son déroulement, le rôle de chacun, les postures, découvrir les lieux, les usages et les codes...Passionnant! Reste toutefois cet étrange sentiment ressenti à la vue de ces dizaines de sièges vides dans l'hémicycle. Reste aussi l'indifférnce ostensiblement affichée par la Garde des sceaux durant l'intégralité des débats.

On a parlé dignité humaine, justice, Etat de droit. Et tout cela entre quatre yeux ou presque. Non, pour être tout à fait juste, il y avait une ministre, vingt députés, quinze huissiers...et moi.


*et puis c'est aussi mon employeur...
**dans une petite ouverture en retrait, à gauche du perchoir

29.8.07

La rénovation, Tribune de B. Poignant, député européen PSE

Excellente tribune signée B. Poignant qui resitue bien l'enjeu du travail à mener à gauche. Enfin un esprit clair! A lire absolument avant La Rochelle.

Le Parti communiste a connu lui aussi ses tentatives de relance : reconstructeurs avec Marcel Rigout, rénovateurs avec Pierre Juquin, refondateurs avec Charles Fiterman. Tout cela pour finir avec les 1,93% de Marie-George Buffet le 22 avril 2007. Il ne faut donc pas suivre son exemple et se montrer ouvert aux évolutions nécessaires.

La droite a aussi connu cela après sa cuisante défaite de mai 1988. Ses rénovateurs sont sortis du bois avec le résultat que l'on connait. : Barzach disparue, DeVilliers marginalisé, Noir, Millon et Carignon ostracisés, Juppé retiré, exilé puis battu, Seguin éliminé du jeu, Toubon écarté...et Chirac toujours là, vainqueur en 2002.

Le Parti socialiste a déjà vécu quelques moments qui l'ont ébranlé. Après la défaite législative de 1978, Michel Rocard veut rénover mais c'est François Mitterrand qui sera élu le 10 mai 1981. Après la déroute législative de 1993, Michel Rocard prend les rênes avec la même intention mais c'est Lionel Jospin qui mènera la campagne en 1995 et gagnera en 1997. En 2002, son élimination après cinq ans d'exercice du pouvoir tétanise tout le monde. La division sur le traité européen en 2004 et 2005 fera le reste.

Au total, une seule refondation se sera révélée féconde : celle du Congrès d'Epinay en 1971. Elle suit la lourde défaite de juin 1968 aux élections législatives et l'absence de la gauche au second tour de l'élection présidentielle de juin 1969. Elle se fait avec le concours d'un « nouvel arrivant » dans la politique : François Mitterrand, onze fois ministre sous la IVème République et ancien membre du gouvernement de Guy Mollet de 1956-57. Comme quoi il faut se méfier du piège des mots. L'histoire ne se répète pas. Elle apporte quelques leçons et permet la distance.

Aujourd'hui, il est bon de faire un tour d'horizon de ce que les uns et les autres mettent derrière le mot "rénovation".

Certains se contenteraient de changer le Premier secrétaire : patience, François Hollande quitte sa fonction en 2008 ! D'autres veulent un renouvellement générationnel, mais la direction n'est pas si vieille que cela : il suffit de s'intéresser à nos secrétaires nationaux et on verra à l'écran beaucoup de têtes nouvelles ! Féminiser, diversifier avec les hommes et les femmes issus de l'immigration : tout cela peut se faire mais ne change pas la politique pour autant.

D’autres imaginent de changer le nom du Parti Socialiste. Il ne faut pas avoir honte de son étiquette. Les seuls qui ont changé leur nom à gauche sont plusieurs partis communistes pour s’appeler…. partis socialistes ou partis sociaux-démocrates.

Que peut-on alors entendre par rénovation ? Je vois quelques pistes utiles à emprunter, de nature idéologique politique et culturelle, avant d'être programmatique.

Un autre regard sur la mondialisation d'abord. Celle-ci est un fait du XXIème siècle. Elle reprend son cours historique ouvert au XVème siècle et interrompu entre 1914 et 1991 par deux guerres mondiales et une guerre froide jusqu’à la dissolution de l'Union soviétique. Trop souvent à gauche, dans les esprits, cette mondialisation est perçue et même présentée comme la menace et le risque suprêmes. Dans ce cas la réaction est le repli et la peur, donc la fermeture et la frilosité. La mondialisation est certes un défi mais c’est aussi une nouvelle chance pour la France et l’Europe. Il faut être présent comme Pascal Lamy à l’Organisation Mondiale du Commerce et peut être Dominique Strauss Khan au Fonds Monétaire International.

Un comportement décomplexé face à l'extrême-gauche et aux associations qui s'en recommandent certainement. Trop longtemps les socialistes ont été culpabilisés par leurs voisins de gauche, communistes léninistes d'abord trotskystes aujourd'hui. Eux aussi ont besoin de se rénover, mais s'y refusent. Adressons-nous à leurs électeurs qui les choisissent mais soyons totalement nous-mêmes, réformistes, sociaux-démocrates, sociaux-libéraux même. Ils sont le passé. Soyons l'avenir.

Un engagement soutenu pour l'Europe ensuite. Les socialistes doivent rester un des fers de lance de la construction européenne. On ne peut pas devenir le "schtroumpf grognon" de l'Europe. Un traité constitutionnel nous a divisés. Le second traité doit nous réunir. Nous ne devons pas faire la fine bouche pour chaque avancée de l'Union. Si nous attendons l'Europe idéale, elle ne sera jamais là. Si chacun exige l'Europe de ses rêves, l'impuissance sera au bout du chemin. Le prochain rendez-vous sera le traité réformateur ou modificatif : je voudrais qu’aucun socialiste ne lui dise non.

Dédiaboliser le mot "libéral". L'extrême-gauche a réussi son coup : faire passer ce mot totalement à droite. Pourtant sa racine emprunte à "liberté". Oui nous sommes des libéraux sur les plans politique et culturel. Nous ne sommes certainement pas des "totalitaires", le pendant de cette expression. Nous sommes aussi des partisans de l'économie de marché, en ce sens des libéraux. Nous ne sommes pas des ultra-libéraux qui cherchent à faire reculer l'Etat et toute institution sociale. Sur ces plans, ne rasons pas les murs et ne nous cachons pas.

Enfin, contribuons, par notre rénovation, à l'apaisement des rapports politiques. Les Français sont lassés des affrontements idéologiques voire dogmatiques. Ce fut une intuition de François Bayrou avant le 1er tour des présidentielles : il suggérait même Dominique Strauss-Kahn comme Premier ministre. Ségolène Royal a suivi la même intuition entre les deux tours : elle n'excluait même pas François Bayrou comme Premier Ministre. Nicolas Sarkozy s'en est inspiré après son élection : Bernard Kouchner et quelques autres sont ainsi devenus ministres. Dans l'histoire de la France, il y a des moments à comprendre : en 1914, face à l'agression c'est l'Union sacrée ; en 1944 avec le Libération et pour la reconstruction c'est le tripartisme ; en 1958 devant la décolonisation et la guerre d'Algérie c'est le gaullisme et la SFIO même si certains refusent ; en 2007 (et même avant si Chirac l'avait voulu), face à la mondialisation, il y a comme une aspiration à l'entente nationale. Le Parti socialiste ne doit pas se fondre dans le piège de l'ouverture. Il doit avoir l'intelligence de comprendre la période.

Reste la question stratégique autour des alliances. L'extrême-gauche ne veut pas gouverner, au moins c'est clair. Le Parti Communiste va vivre ses dernières années. Les Verts ne décollent pas depuis trente ans. Certains radicaux sont tentés de rejoindre leurs frères de l'autre rive. Les amis de J.P. Chevènement ont un horizon restreint devant eux. Il y a deux solutions : ou le PS réussit à franchir la barre des 35% à lui seul ou il regarde d'autres alliés, notamment le Mouvement Démocrate. Il ne faut pas fermer la porte à condition de connaître la plateforme de ce parti aujourd'hui inexistant, de vérifier sa propre stratégie qui ne peut pas être tantôt l'UMP, tantôt le PS. Il faut choisir. Cette stratégie ne doit pas être à géométrie variable selon qu'il s'agisse d'élections nationales ou locales.

Faut-il changer la Déclaration de principes du Parti socialiste qui fonde l'adhésion de chacun de ses membres ? Ce fut fait il y a 20 ans. Fut alors abandonné la référence à l'appropriation collective des moyens de production et d'échange comme moyen pour aller vers le socialisme. Son caractère révolutionnaire a été atténué au profit de la phrase suivante qui figure toujours dans ce texte : "Le Parti socialiste met le réformisme au service des espérances révolutionnaires". On peut faire mieux mais l'économie de marché a été ce jour-là reconnue. Il nous faut un réformisme plus affiché et mieux assumé, un étatisme moins affirmé et moins systématique, une stratégie plus ouverte et moins exclusive.

Pour tout cela, il faut un parti qui ose faire abstraction du rythme des élections. Comme il y en a chaque année d’ici 2012, on trouvera de bonnes raisons de reporter notre « rénovation ».

Et puis, surtout, on ne peut tout de même pas demander à la Gauche d'être de Droite pour prix de sa modernisation.

25.8.07

Mettre en accord ses idées et son action

Bonjour à toutes et tous, sans cesse plus nombreux à lire Ambidextre! Plus que jamais nous avons besoin de débat. L'hyperprésidentialisme, l'omniprésence sarkozyste, les dérives UMP à Argenteuil notamment, les cafouillages sur les emprunts immobiliers ou la TVA sociale, la réforme à venir des institutions ou les errements de la gauche; les sujets d'échange et de débat ne manquent pas. Et Ambidextre est là!

Il n'est pas dans les habitudes de ce blog de servir de journal intime. Il n'a jamais été question dans faire le réceptacle de tous les états d'âme de ses auteurs. Mais la main gauche ressent, à l'heure de la rentrée des classes, au moment de remplir son cartable et d'affuter ses crayons de bois, l'irrépressible envie de vous dire sa fierté de pouvoir concilier bientôt ses idées et son action.

Dès le 10 septembre, je serai collaborateur de député au Palais-Boubon. Je vais enfin pouvoir mettre mon envie de politique, de débat, ma conviction que la politique peut faire changer les choses, au service de deux députés socialistes et participer, à mon niveau, forcément encore limité à quelques contributions, au travail de refondation de la gauche.
L'activisme politique du Président Sarkozy signifie que l'activité parlementaire va être extrêmement dense et que tous les textes ne pourront pas avoir l'examen sérieux et serein qu'ils mériteraient. Dans ce contexte, qui marque de la part du Président une tentative de "prise de vitesse" du Parlement, le travail de l'assistant parlementaire est crucial. C'est à lui qu'il revient de connaître les contenus des textes en discussion, de tenir informé son député des éventuelles modifications à venir, et d'anticiper les possibilités d'amendements ou les angles d'attaque permettant de formuler une critique constructive et des contre-propositions plus justes ou plus efficaces.
Derrière cette envie, derrière cette description rêvée, je ne doute pas bien évidemment qu'il existe aussi une réalité plus terre à terre, une réalité plus ingrate et des taches sans doute plus triviales pour l'assistant parlementaire. Mais je veux croire, qu'au contact d'élus de la nation, qu'à la lecture quotidienne des textes de lois, grâce à la compréhension progressive du fonctionnement même de l'Assemblée et de la politique nationale, je trouverai le moyen de parfaire mon apprentissage politique.
Qui sait; peut-être y trouverais-je aussi le moyen de structurer un peu mieux mes propres idées, le moyen aussi, par les rencontres et les échanges, de faire naître ma propre ambition.

23.7.07

OUI !


Depuis quelques jours, il est une voix dissonante au sein du Pari socialiste qui attire l’attention et qui, disons-le, installe l’idée que la rénovation, la jeunesse et la compétence ne sont plus très loin de "l'éclosion". Manuel Valls, Député de l’Essonne, maire d’Evry, présente beaucoup d’atouts, parmi lesquels l’audace et une manière de s’exprimer vraiment rafraîchissante.
Et ce genre de voix, moi, j’aime de plus en plus !

Enfin une voix socialiste lucide et punchy !
(Extraits - Emission RMC Info, lundi 23 juillet)

Le Parti socialiste : « Je suis d’abord ambitieux pour ma formation politique, pour qu’elle change en profondeur son logiciel, ses idées, ses propositions, pour qu’elle se rénove, change aussi ses méthodes de travail. Cette rénovation ne se fera pas d’abord autour des hommes, des femmes ou des générations, elle se fera d’abord autour des idées ».

Le projet socialiste à l’élection présidentielle : « en décalage par rapport aux attentes des Français et aux évolutions de la société, sur le travail ou sur l’autorité républicaine par exemple ».

Les 35 heures : « parfois, cela a été perçu par beaucoup de nos compatriotes comme un frein à gagner plus, comme une répartition du travail qui ne correspondait pas à leur envie de travailler plus pour gagner plus ».
L’ambition de la gauche : «Je constate que beaucoup au sein du PS se contenteraient d’attendre les erreurs du gouvernement ou que le PS soit une grande formation d’élus locaux, mais qu’elle n’accède plus au pouvoir».

Une intervention très remarquée au Palais-Bourbon

Manuel Valls est intervenu le mardi 17 juillet 2007 après la présentation du projet de loi « récidive » par la Garde des Sceaux, Rachida Dati. Son argumentation particulièrement bien construite et le choix de certains de ses mots ont donné au Député de l’Essonne une dimension et une épaisseur nouvelles. La fin de son intervention :

« Suite à votre première intervention à la tribune de l’Assemblée nationale, je souhaite vous faire part de notre respect pour la personne que vous êtes et pour le symbole que vous représentez et qui honore la République. Vous nous trouverez à vos côtés face à des attaques déplacées et qui n’ont pas lieu d’être. Mais ce respect nous oblige aussi à la franchise. Et c’est pourquoi le groupe socialiste tient à vous dire que votre projet sera au mieux inefficace et au pire dangereux.
Dans une récente tribune publiée dans Libération, vous avez déclaré qu’« il fallait en finir avec les attitudes outrées et rechercher un équilibre […] entre éducation et sanction ». Si votre projet de loi avait atteint cet objectif – vous pouvez en être sûre – nous aurions su le reconnaître.
Malheureusement, votre texte porte encore tous les stigmates de son contexte électoral : ses dispositions gardent aujourd’hui le simplisme des slogans de campagne. Loin d’en « finir avec les attitudes outrées », il s’inscrit au contraire dans la continuité des approches dogmatiques de la délinquance. (…)
Mais le groupe socialiste entend bien profiter de ce débat pour aller au-delà d’une simple opposition au Gouvernement et pour défendre ses propres solutions à la lutte contre la récidive. Car l’efficacité n’est pas seulement la condition de notre crédibilité ; elle est également le sens de notre engagement.
Je vous remercie. »

www.valls.fr

18.7.07

Quand la droite baisse la garde !


Le 10 juillet, la présentation du projet de loi TEPA a été l'occasion pour la Ministre de l'économie et des finances, Christine Lagarde, de renouer avec un ton que l'on avait opportunément choisi de délaisser depuis bien longtemps à droite.
Christine avait décidé de nous expliquer l'économie et le travail, du haut de sa tribune, forte de sa connaissance parfaite du monde du travail français, forte aussi de sa connaissance fine des difficultés de certains types de travaux pénibles. Elle, la mondaine, qui faisait l'essentiel de sa carrière outre-atlantique chez Baker & Mc Kenzie, venait expliquer aux petits députés, comment ça marche le travail ! Même l'UMP n'en est pas revenue !
Car la leçon de Lagarde aurait pu être argumentée, solidement bâtie autour d'exemples économiques pertinents, étayée de références européennes éclairantes... En fait de cela, rien ou presque : une leçon de conservatisme et la résurgence de la vieille vision d'une vieille droite dont on se rend compte, en grattant un peu, qu'elle n'était pas partie si loin en vérité....
Extraits à savourer pour les amoureux d'envolées philosophico-politiques :

"Reconsidérer le travail, c’est rompre avec une tradition de mépris qui trouve sa source dans l’Ancien Régime, quand les nobles avaient défense de s’adonner au commerce. La Révolution Française n’a pas mis fin à cette attitude. On la retrouve au XIXè siècle chez de nombreux auteurs : Paul Lafargue, dans son livre Le droit à la paresse, recommande à l’homme de ne travailler que trois heures par jour, et de passer le reste du temps à « fainéanter et bombancer ». Le dernier avatar de ce droit à la paresse, c’est, dans les années 90, le mythe post-industriel de la « fin du travail » : l’homme pourrait, illusion suprême, être définitivement remplacé par des machines et des ordinateurs. La loi des trente-cinq heures est l’ultime expression de cette tendance historique à considérer le travail comme une servitude. "

Et Lagarde de nous citer Confucius, après Mirabeau et Tocqueville ( sans doute fallait-il convoquer tous ces auteurs pour masquer les réalités concrètes d'un projet de loi à la fois très couteux et très hasardeux):

"Choisissez un travail que vous aimez,
et vous n'aurez pas à travailler un seul jour"...

C'est beau...J'en pleurs...Quelle éloquence cette Lagarde avec son carré Hermès!
Comme l'a justement écrit le canard Enchaîné: "Toutes ces subtilités ont échappé à la femme de ménage ou à la caissière de supermarché".

10.7.07

Si DSK dirige le FMI, il ne le devra qu'à lui même !


Jean-Claude Juncker : « Avant de soupçonner DSK de la moindre traîtrise, [les membres du Parti socialiste] devraient se souvenir que le FMI n’est pas un organe qui dépend du gouvernement, dont la vocation serait de servir Nicolas Sarkozy. Ils devraient aussi savoir que le président n’a fait que sauter en marche dans un train mis sur les rails par Jean-Claude Juncker, Angela Merkel et Romano Prodi, les premiers à émettre l’hypothèse DSK pour diriger le FMI. Simplement, super Sarko l’a fait à sa façon, comme si l’idée venait de lui ».

(L’Est Républicain)

« Some Socialist politicians suspected that Mr Sarkozy was backing Mr Strauss-Kahn’s candidacy to marginalise a potentially dangerous opponent. However, others suggested Mr Strauss-Kahn might be even stronger placed to contest the presidency in 2012 if he made a success of the IMF job and Mr Sarkozy stumbled ».

(Le Financial Times)

26.6.07

Le JT de TF1 depuis l'Elysée : confusion des genres ou vieux relents de suspicion gauchiste ?

Il est des journalistes que j'apprécie pour leur impartialité mais aussi, plus simplement, pour la qualité de leurs analyses. Jean-Michel Apathie en fait partie. Je souhaitais vous faire lire ce petit papier laissé sur son blog voici quelques jours
Extrait du blog de Jean-Michel apathie,
Commentaire du 21 juin
"Hier soir, un considérable événement s'est produit dans la République française. Nicolas Sarkozy, président de la République, accordait sa première interview télévisée à TF1. Je pensais personnellement, même si je sais depuis longtemps que tout le monde se moque de ce que je pense personnellement, qu'il aurait été moderne, ou tout simplement contemporain, que pour cette interview le président de la République, qui souhaite à juste titre désacraliser un peu la fonction qu'il occupe, quitterait son Palais pour aller symboliquement vers les Français en se rendant dans les studios de la télévision concernée.Ce n'est pas la même chose, symboliquement, psychologiquement, d'accueillir chez soi, sur ses terres, dans son bureau, des journalistes chargés de vous interviewer, ou bien à l'inverse de se déplacer et d'accepter de se livrer aux questions dans un lieu dédié à cela. Dans la première posture, il y a l'utilisation de la puissance pour réaliser un exercice toujours délicat. Dans la deuxième, il y a l'humilité de celui qui accepte d'assez loin dans la logique de la démocratie et qui reconnaît et accepte l'importance de l'idée de l'indépendance de la presse et des journalistes.De ce point de vue, j'ai été un peu déçu mais pas surpris d'apprendre que l'entretien se déroulerait depuis l'Élysée, comme avant, comme d'habitude, dans cette République certes libre mais tout de même congelée. Remarquez, je n'en aurais pas fait le plat que je suis en train de faire si les choses avaient été simplement cela. Mais il s'est passé autre chose, du registre du colossal, de l'extraordinaire, dans cette République française certes aux bonnes mœurs, mais quand même aux drôles de mœurs.
Comme il le fait tous les soirs depuis que nous avons que la terre est ronde, Patrick Poivre d'Arvor de TF1 a pris l'antenne un peu avant 20 heures. Générique traditionnel avec le nom du journaliste dessus, tout comme d'habitude. Et puis, à 19h56, exactement, Patrick Poivre d'Arvor est apparu sur l'antenne. Et là, le choc, les certitudes qui vacillent, le monde qui s'écroule.
Le journaliste est debout devant un pupitre. Derrière lui, une fenêtre aux lourds rideaux ouverte sur un parc. Extraordinaire: le journal de TF1, exceptionnellement ce soir, n'est pas présenté depuis les studios de TF1 mais depuis l'Élysée, un journal présenté depuis le cœur du pouvoir, symbole saisissant et raccourci impitoyable de la réduction spectaculaire des distances qui doivent exister, dans une démocratie, entre le journalisme et le pouvoir.D'ailleurs, Poivre d'Arvor, qui en vu d'autres et même beaucoup, n'est visiblement pas à son aise. Une fois les titres déroulés, il dit ceci:
"Un journal donc un peu particulier ce soir puisque plus court, une dizaine de minutes, d'un lieu qui n'est pas habituel, l'Élysée, avec un invité pas comme les autres, le président de la République, nous sommes d'ailleurs ici dans son bureau de travail et il est là, juste derrière la porte vous le voyez."
La résonnance de cette succession de phrases est étrange, angoissante même.Le journal de la première chaine d'Europe, c'est dit ainsi, se fait donc depuis le bureau du premier dirigeant du pays. Il y a là à la fois confusion des genres, des fonctions et presque même jusqu'à la fusion de l'entreprise et de l'institution. Je n'ai pas le souvenir d'une telle situation dans le passé récent, voire ancien. Traditionnellement dans ce genre d'exercice, il est arrivé que le journaliste chargé d'une interview présidentielle prenne l'antenne depuis l'Élysée avant de passer le relais à une seconde personne qui, depuis le studio de la chaine concernée, qu'il s'agisse de TF1, France 2 ou France 3, présente le journal dans des conditions professionnelles normales. La séparation physique a du sens, de l'intérêt, de l'importance. Du coup, l'absence de séparation en a aussi, au détriment du journalisme, bien sûr, hélas, regrets, tristesse et tout ce que vous voulez.
Donc, le journal se passe, depuis l'Élysée. Journal ordinaire, banal, au contenu ordinaire et banal. Ce n'est pas parce qu'il est présenté depuis l'Élysée qu'il est plus complaisant. Ce n'est pas parce qu'il est présenté depuis l'Élysée qu'il est plus mordant. C'est juste le fait qu'il soit présenté depuis l'Élysée qui brouille les repères. Et puis, après ce journal singulier, nous annonce-t-on, "un invité pas comme les autres."Bigre! On a beau savoir que chaque invité est unique, on se demande bien ce que peut être "un invité pas comme les autres". Sans doute faut-il comprendre que ce n'est pas de l'invité qu'il s'agit, mais bien de la soirée qui, dans sa totalité, c'est vrai, n'est pas comme les autres.
Comme souvent quand les personnages ne se sentent pas à leur place, les lapsus se sont invités pour bien signifier au téléspectateur que l'anormalité revendiquée de la soirée ne relevait pas de l'artifice.A peine cinq minutes après le début de l'entretien, PPDA évoque Jean-Louis Borloo et sa bourde sur la TVA sociale, "c'était ici même", dit-il, "en tout cas sur le plateau de TF1", se reprend-il, étalant ainsi le trouble de son esprit désorienté de ne plus savoir d'où parle et travaille le journaliste qui sommeillait en lui hier soir.
C'est ainsi que tout au long de l'entretien, PPDA a paru en équilibre instable sur un fil invisible. Lui qui, d'habitude, possède un stock fourni de questions serrées s'est avancé là avec des interrogations relâchées, négligeant les relances et oubliant les précisions. C'est peu dire que le président, brillant et à l'aise, répétant son discours de campagne, a dominé le trio.
A un moment, même, le journaliste a paru submergé par le malaise. Il interrogeait le président sur le G8 récemment tenu en Allemagne où Nicolas Sarkozy était apparu décontracté, presque trop aux yeux de certains. "On vous a vu très à votre aise avec les chefs d'États et de gouvernement, a-t-il dit, presque même un peu excité comme un petit garçon qui est en train de rentrer dans la cour des grands."
L'irrévérence est une chose, utile dans le journalisme, la maladresse une autre, qu'il faut proscrire. Qualifier un chef d'État de "petit garçon", ne paraît ni juste, ni utile. En fait, c'est à un copain que l'on parle comme cela, pas un proche d'ailleurs, mais un copain, c'est dire quelqu'un dont on se sent l'égal. Toute l'ambigüité de la scène diffusée hier soir sur TF1 se concentre d'ailleurs dans cette séquence.Assis face au président dans cet Élysée majestueux, Patrick Poivre d'Arvor se sentait à la fois chez lui, puisqu'il venait d'y faire ce qu'il fait tous les jours de manière ordinaire depuis vingt cinq ans, et à la fois extérieur au cadre puisqu'il n'est qu'un journaliste de passage qui justement n'est légitiment là que par son travail.C'est dans le tiraillement des deux qu'a résidé l'intérêt de cette soirée qui, à bien des égards et à mon humble avis, demeurera unique parce qu'elle n'est pas prête d'être reproduite."

19.6.07

L'avenir du travail

Critique de livre:
L'avenir du travail, sous la dir. de J. Attali, Fayard et Institut Manpower, 2007
Critique à paraître dans la prochaine News des livres de la Fondation Jean Jaurès (n°79)

« Vers 2050, surgira un robot d’un genre nouveau : le Sobot (…), une intelligence artificielle fondée sur un algorithme imitant le génome humain, un ‘esprit numérique’ sans incarnation physique, travaillant dans l’univers virtuel »

Jacques Attali, c’est Jules Verne. « Ce que j'ai écrit sera réalisé à la fin du siècle», prédisait l’auteur des Voyages extraordinaires. Même ambition - ou presque - pour l’ancien conseiller spécial de François Mitterrand, qui nous propose avec L’avenir du travail, une œuvre à mi-chemin entre roman d’anticipation et rapport prospectif. Bien sûr, point de Philéas Fogg ou de capitaine Nemo ici, reste l’idée d’une odyssée, l’impression que l’auteur d’Une brève histoire de l’avenir[1] nous plonge, à sa manière, au cœur d’Un tour du monde inédit ; dans le monde du travail tel qu’il sera en… 2050.

C’est un voyage dans le futur en deux escales ; d’abord le monde, ensuite la France.

La première partie revient sur les effets de la mondialisation et rappelle, exemples et chiffres à l’appui, la nature nécessairement évolutive du travail. Précieux détour par le présent qui permet de s’entendre sur ce qu’est le travail, sa valeur d’échange. Le travail n’est pas un stock, c’est un flux. Destructions, créations, comment s’organisera demain le travail ? Quelles seront les nouvelles règles du marché du travail ?

Ici, dans ces pages, s’imaginent – que dis-je s’imaginent, s’anticipent !- ce que seront dans trente à quarante ans, les emplois, les services, les industries, les entreprises, les technologies, les migrations. Quelques pistes sont esquissées. Demain, ce monde dans lequel le travail, rassurons-nous, conservera toute sa valeur, ce monde donc, sera tout à la fois plus rapide en termes d’échanges, plus fluide en termes d’emplois et plus incertain aussi pour l’individu. Ce monde qui vient et dont les signes avant-coureurs se dessinent déjà sous nos yeux, s’organisera finalement autour de trois économies nouvelles : l’une virtuelle, l’autre criminelle et la dernière relationnelle. Ce monde est à écrire, et pourtant, on le devine déjà.

Le progrès technique ne supprimera pas le travail ; il continuera de transformer notre rapport à lui. Il créera des besoins et des métiers nouveaux. Il appellera des sécurités professionnelles nouvelles et obligera les entreprises – 20 % d’entre elles au moins en 2050 - à repenser largement la gestion de leurs ressources humaines. Celles-ci auront en effet à faire une lecture de plus en plus extensive de leur fonction sociale, de leur rôle, de leur rapport aux travailleurs, au-delà de la seule relation salariale ; il leur faudra répondre aux demandes de loisir, de santé, de culture. Le bien-être des salariés deviendra un des termes majeurs de la compétition entre les entreprises. Un nombre croissant d’employeurs proposera ce que l’Etat ou ses services assurent encore aujourd’hui. Pour attirer les « créatifs », les programmateurs informaticiens, les directeurs marketing de demain, pour ne pas perdre la bataille de l’innovation, l’entreprise devra prendre en charge les besoins de ses collaborateurs, de sa famille, leur proposer une offre de loisirs et se transformer même en agence de tourisme au moment de leurs congés.

Le monde vu par Attali, ce sont aussi des entreprises et des emplois « plus flexibles, mobiles, nomades, précaires ». Un monde où les entreprises les plus avancées, majoritairement situées dans les pays du Nord, finiront par se dématérialiser. Fonctionnant sur le modèle des troupes de théâtre, ces entreprises formeront des « réseaux collaboratifs », cherchant à attirer vers elles toujours plus de nouveaux talents, coordonnant la production de télétravailleurs distants de plusieurs milliers de kilomètres, créant des ponts virtuels entre travailleurs à domicile, concevant finalement leurs collaborateurs comme des consultants engagés « pour un temps ». Un monde enfin où globalement, la pénibilité et la précarité du travail iront grandissantes, où la demande de sécurités dans l’emploi, la formation et le chômage formeront un seul et même continuum, où les temps différents de l’activité professionnelle seront redéfinis.

Il y a le monde et il y a la France, le cas spécifique de la France, menacée de n’être bientôt plus, selon Jacques Attali, « qu’un pays de tourisme et de villégiature ». La menace peut faire sourire – ou frémir, au choix - mais la démonstration qui suit, est des plus convaincantes. Les éléments d’analyse, les chiffres, les pistes d’avenir ; rien ne manque à cette seconde partie. Risquons nous à un résumé sommaire : un danger, un diagnostic, des propositions d’actions.
La danger, on l’a dit, c’est de transformer la France en un immense parc d’attractions, avec une croissance des richesses de plus en plus dépendantes des activités de tourisme, d’hôtellerie, d’accueil, et un appareil productif, un niveau technologique et industriel devenu rédhibitoire dans le concert économique international.
Le diagnostic ensuite : clair et sans appel. Oui, la quantité de travail est plus faible en France que dans beaucoup de pays de l’OCDE. Oui, le volume d’heures travaillées y est insuffisant. Oui, le taux d’emploi y est notoirement trop faible. Oui, le travail des seniors et des jeunes doivent être rapidement repensés. Oui enfin, l’investissement dans la formation, l’enseignement supérieur, la recherche n’est pas au niveau suffisant pour aujourd’hui permettre de moderniser notre appareil industriel et adapter notre marché du travail aux enjeux d’avenir et à la concurrence mondiale. Et revoilà le spectre baverezien du déclassement, me direz-vous. Pas tout à fait car les voies du salut existent et nous les expérimentons déjà, pour certaines d’entre elles.
Troisième temps de la démonstration – et oui, on n’est pas conseiller spécial à l’Elysée sans un goût prononcé pour la structuration de ses argumentaires - troisième temps donc, ce sont les propositions d’actions. Elles concernent de vastes champs : les emplois de services ou relationnels, l’amélioration du travail des jeunes, l’allongement du travail des seniors, la réflexion sur les modalités concrètes d’une sécurisation des parcours professionnels, la flexibilité du temps de travail, l’évolution de la notion de temps contraint, l’anticipation des besoins majeurs en terme d’immigration.

L’Avenir du travail est un livre aux idées claires, mais qui traite d’un avenir incertain. Il se lit comme une fiction, une anticipation.
Même quand l’urgence est à la refondation, il n’est pas interdit de voir loin.



[1] Jacques Attali, Une brève histoire de l’avenir, Favard, 2006.