28.12.06

La France invisible

Je proposerai chaque mois une critique d'ouvrage, publiée parallèlement dans la News des livres de la Fondation Jean Jaurès. Deux objectifs avoués: être lu et ouvrir la discussion. Un espoir : donner envie de lire l'ouvrage critiqué.
Ce mois-ci, j'ai lu une passionnante investigation sociale : La France invisible.
Ou quand toute une partie de Français n'attend qu'une chose : qu'on appuie sur "l'interrupteur" pour sortir de l'invisibilité.


Dans l’œuvre monumentale que constitue son Journal, Julien Green écrivit que « le grand pêché du monde moderne, c'est le refus de l'invisible ». Les auteurs de La France invisible, sociologues, journalistes, historiens assument pleinement ce « sacrilège ». Ils entendent révéler, à travers une série d’enquêtes et de portraits, une réalité très largement oubliée des statistiques. Ambitieux défi que celui qui consiste à vouloir sortir de l’ombre, des parcours de vies qui, déviant des trajectoires traditionnelles, ont fini par être difficilement appréhendables. Pis encore la vie insaisissable de ces individus, les chemins de traverse qu’ils empruntent les condamnent à ne plus être « répertoriés » par la puissance publique. A l’heure du ciblage des politiques sociales par catégories d’individus, toute une frange de la population souffrirait du mal le plus pernicieux qui soit : l’invisibilité. Or on ne soigne pas des maux que l’on ne nomme pas, pas plus qu’on ne peut s’attaquer aux situations qu’on ne voit pas.

L’ouvrage dirigé collectivement par Stéphane Beaud, Joseph Confavreux et Jade Lindgaard propose une démarche louable et fait émerger tout un « continent de notre société ». Il parvient ni plus ni moins à démontrer que les filtres servant aux actions de politique sociale sont le plus souvent inopérants. On est tenté de s’écrier ici que le projet n’est pas neuf et que la puissance publique subit depuis maintes années maintenant les assauts de tous bords sur le seul argument de l’inadaptation des outils notamment statistiques aux réalités complexes d’une société atomisée. Mais le projet de La France invisible dépasse l’unique critique comptable et la dénonciation de la place du « chiffre » dans la décision publique. Il fait apparaître une société dans laquelle les solidarités de classe n’ont pas totalement disparu mais ont été refondues. Elles se sont réorganisées autour de nouveaux enjeux : avoir ou pas un emploi, avoir ou pas un logement, avoir ou pas un handicap, avoir ou pas accès aux transports, etc… Les portraits d’invisibles, les récits, les entretiens réalisés auprès de publics variés, offrent au final une vision utile à tous les acteurs du champ social et interrogent la conduite des politiques publiques. Partir des réalités sociales et adapter les éléments de réponse en permanence. Il s’agit de rectifier le tir !

En re-découvrant cette France-la, on entre de plain pied dans la vie de femmes et d’hommes aux destins torturés, et l’on prend la mesure de situations humaines et individuelles d’une extrême gravité. Les questions surgissent et prennent corps au fur et à mesure des portraits et des vies que l’on nous donne à voir. Qui sont ces personnes étrangères au logiciel des politiques publiques telles qu’elles sont conçues aujourd’hui dans le champ social ? Quelles formes revêt l’invisibilité ? Quelles en sont les racines ?

Plus largement, c’est la question de l’inscription à l’agenda politique de problèmes nouveaux qui est posée. A partir de quand, par quel processus, une réalité sociale devient une statistique, puis un problème clairement identifié et enfin un problème politique qu’une politique publique spécifique vient prendre en considération ? On touche là au vrai intérêt du travail réalisé dans La France Invisible car il n’y est pas seulement décrit l’invisibilité et les différentes réalités qu’elle recouvre, on y démonte les rouages d’une machinerie plus lourde qui crée véritablement de l’invisibilité de manière systémique.
Première étape dans ce « désossage » en règle : la part prise par les sociologues. Les invisibles ne correspondent pas à une catégorie sociale homogène. Dès lors, ils sont pour la sociologie française, des « angles morts ». Ce premier non-dit des sociologues provient aussi, selon Stéphane Beaud, d’une « réticence à aborder les problèmes sociaux du moment », d’une « défiance à l’égard des sujets les plus chauds socialement et politiquement » et d’une « fascination pour les petits objets qui conservent un fort accent d’étrangeté ou d’exotisme ».
Deuxième source d’invisibilité pointé du doigt : le droit. Celui-ci ne vient bien souvent, comme l’écrit Danièle Lochak, qu’ « en redoublement de l’expérience courante : il ne se saisit pas de ce qui est inconcevable pour l’entendement commun ».
Mais la construction de l’invisibilité, car c’est bien d’un construit qu’il s’agit et non d’une situation découlant d’une situation sociale spécifique, est un processus – une spirale négative - qui engage plusieurs acteurs. L’ouvrage a comme principale vertu de fournir une analyse précise des rôles de chacun. Il fournit les clefs d’explication de l’invisibilité après avoir montré sa réalité : l’attitude parfois rétives des politiques face aux idées neuves, le difficile décompte statistique de réalités individuelles éclatées et mouvantes, le traitement médiatique déformant, la délicate adéquation entre réalités sociales et croyances politiques et idéologiques, les discours contradictoires sur les classes moyennes ou encore la faible reconnaissance du travail social.

La France invisible est une contribution importante dans la perspective de 2007. Lisez cet ouvrage comme un véritable travail d’investigation sociale, comme la mise en mots nécessaire de réalités mal connues.
De là à y découvrir une France invisible…
La News des livres de la fondation Jean jaurès est téléchargeable sur le site :

22.12.06

Joyeuses fêtes à tous !

Cette année, dans la lettre préparée par la main gauche d'Ambidextre, bizarrement, très peu de place pour la politique, tout juste une allusion au détour d'une phase, histoire de "tester" le débonnaire père noël.
Quel politique tout de même quand on y songe, ce père noël ; chaque année des promesses, chaque année la même barbe, chaque année le même veston rouge, et chaque année on se fait avoir de bonne grâce.
Le père noël ferait à coup sûr un candidat redoutable ! Populaire, fédérateur, constant, mesuré... c'est décidé, moi en décembre, je vote "papa noël" !

30.11.06

La "divine surprise"...

On nous avait prévenus côté UMP : "vas y avoir de la surprise !". Résultat : Nicolas Sarkozy est candidat à l'investiture UMP...Bon bah merci les gars... Super la surprise!
Je ne vais pas faire long. Seulement vous demander de réagir sur cette "non-surprise", sur cet exceptionnel "non-évènement", sur ce magnifique "non-suspense". Eventée par Libé, connue depuis trois ans et la scène du "pas seulement en me rasant", qu'éveille en vous la candidature du ministre de l'Intérieur ?

Et la "rupture tranquille", c'est pas beau ça ? Non, mais à l'UMP, on ne fait pas dans le slogan facile. On n'est pas des communicants mais des esthètes de l'idée! On est solides. On veut mener une campagne idées contre idées, et même projet contre projet! On entend battre une Ségolène inconsistante, sans compétence ni contenu. Résultat: "la rupture tranquille"...
Sarko en 2007, c'est Chirac dans la forme et Mitterrand dans le fond : faire provincial en intervenant dans la PQR (Voix du Nord en 1994 pour Chirac) et lancer du slogan rassurant mais punchy (la "force tranquille" de Mitterrand en 1988).
C'est vrai qu'à côté "Désirs d'avenir" et "l'ordre juste", c'est vraiment débile... La "rupture tranquille", ça fait sens pour vous ? ou ça fait "pschitt" ?

16.11.06

Sarko Ségo Show


"Ségo présidente !! Ségo présidente !!"
Il faudra s'y habituer. Ségolène Royal a remporté les suffrages des militants et sera la candidate du parti socialiste aux éléctions présidentielles.
A driote aussi, il faudra s'y habituer et admettre que cette date du 16 novembre 2006 est historique. A plus d'un titre...

Ségolène Royal sera la première femme à représenter un parti de gouvernement aux éléctions présidentielles.

L'élection de Ségolène Royal s'est fait à l'issue de primaires d'une forme inédite dans la vie politique française.

Le parti socialiste confirme avec ses résultats la nouvelle sociologie de son appareil militant. Le poids des nouveaux adhérents venus par et pour Ségolène Royal et l'engouement de la base guidée par des sondages unanimes reflètent un nouvel état d'esprit au sein d'un parti jusqu'alors moribond et viellissant.

Mais si cette date marquera l'histoire, c'est parce qu'elle est un point fondateur et majeur d'une campagne électorale qui marque un tournant dans la vie politique française et s'annonce à plusieurs exceptionnelle dans sa dramatirgie et ses enjeux.

Ségo/Sarko : un duel qui donne à lui seul un coup de fouet à la vie politique française.
Une nouvelle génération prétend aux responsabilités les plus hautes.
Le paysage politique penche définitivement à droite.
Le pouvoir de l'image attendra vraisemblablement son paroxysme.

Mais ce duel tiendra t-il ses promesses ?
Et si Ségolène Royal n'était pas à la hauteur de sa propre ambition.
Et si la coquille Royal était vide.
Et si Nicolas Sarkzoy n'attendait que cela.. une candidate copier-coller, une pâle copie de tout ce qu'il représente aux yeux des français : la rupture vis à vis des siens, vis à vis des politiques passées, vis à vis d'une certaine pratique de la politique, une rupture illustrée en image, une image soignée, jusqu'au moindre détail, comme la sienne.

Une pâle copie... sans le verbe, ni la force de conviction de son adversaire !!
NEANMOINS, QUE LE MEILLEUR GAGNE...

1.11.06

Un développement durable maintenant !


"Le rapport, rédigé par l'ancien économiste en chef de la Banque mondiale Nicholas Stern, souligne qu'une action internationale immédiate pour stabiliser les émissions de gaz à effet de serre à l'origine des changements du climat planétaire aurait des retombées économiques bien supérieures au coût des mesures prises en ce sens. Selon le rapport Stern, ne rien faire pour lutter contre le changement climatique risque d'entraîner une crise économique de l'ampleur de celle de 1929.Le rapport de 700 pages, publié lundi, dit que quoi que nous fassions maintenant, il est déjà presque impossible de maintenir les gaz à effet de serre à un niveau qui, selon les scientifiques, permettrait d'éviter les pires conséquences du changement climatique. Le coût estimé serait de 5.500 milliards d'euros.Il affirme que, contrairement à ce qu'a fait valoir le président américain George Bush, qui s'est retiré du Protocole de Kyoto, en partie parce que cela coûterait selon lui des emplois, le monde n'a pas à choisir entre la lutte contre le changement climatique et la croissance économique.
"Les données relevées par l'étude mènent à une conclusion simple: les bénéfices d'une action forte et rapide dépassent considérablement les coûts", dit le rapport préparé pour le Premier ministre britannique Tony Blair et le ministre des Finances Gordon Brown.
Qu'en pensez-vous ? L'environnement n'est-il pas devenu la première des priorités ?

12.10.06

Le vent l'emportera...


"Que veut dire Français de souche ? Cela veut-il dire que les autres sont des Français de feuillage, des Français de branchage ? "

Ces propos vous semblent pitoyables ? Ils sont ceux d'une candidate plus que sérieuse à la présidence de la République Française. Ségolène a prononcé ces mots alors qu'elle s'exprimait sur l'immigration et des populations en étant issus.

Ces propos vous font peut-être rire... Ils m'inquiétent profondément par leur profondeur abyssale. Comment une candidate à la présidence de la République peut-elle prononcer un discours aussi creux ?

Je ne reviens pas sur le fond et le détail de ses propos... Mes connaissances horticoles ne font pas le poids face à un discours aussi pointu. A moins qu'il s'agissait d'une métaphore généalogique joliment filée ? Permettez-moi d'en douter.

Ségolène Royal pratique la démagogie sans talent, l'engagement sans courage, l'image sans le son...
Et quand le son perce, c'est pour donner l'image d'une candidate sans programme, ni conviction :
Quand Ségolène Royal s'exprime, ce jeudi, sur l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne, elle se refuse à dire si elle y est favorable ou non : "Mon opinion est celle du peuple français".
Ca nous fait une belle jambe. Avec une telle posture, elle ne risque rien...

Elle ne risque pas, en tout cas, de gagner face à Nicolas Sarkozy qui exprimait encore ce soir une philosophie bien plus ambitieuse : "je dirai tout avant parce que je ferai tout après" : on est loin du "je dirai rien avant au risque d'être démasquée !" qui semble être aujourd'hui la posture Royal notamment quand elle fait tout pour refuser le débat. Elle a affirmé ce soir qu'elle se réservait le droit de ne pas participer à tous les débats prévus dans le cadre de la campagne interne au PS... Trop risqué, pas si bête Miss Sondage !

28.9.06

Etre juste avec Lionel Jospin.

On dira certainement dans les jours qui viennent tout et n'importe quoi sur sa décision. Qu'il a baissé les bras. Qu'il a compris qu'il appartenait au passé. Qu'il n'était pas assez populaire pour être président. Pas assez cela, trop ceci...Nombre d'explications seront convoquées. Beaucoup seront vraies mais aucune ne sera juste.
Pour la famille socialiste, pour moi, Lionel Jospin demeure une voix remarquable à gauche. Son vrai succès est d'avoir montré les voies de la modernité pour la gauche. Il a confirmé la capacité du PS à gouverner la France avec pragmatisme (privatisations, réduction du déficit public, effort accru de remboursement de la dette, soutien à l'investissement) sans pour autant rompre avec les idéaux de justice sociale et de proximité (cmu, police de proximité, emplois jeunes). Son nom restera associé à la période 1997-2002, marquée par un formidable dynamisme de l'économie et l'esprit de responsabilité (seule période de baisse de la dette publique de ces quinze dernières années!!).

"Il restera pour moi, pour une partie de la gauche,
pour la majorité des socialistes, la voix de la responsabilité."



Bien sur, il y a eu la calamiteuse campagne de 2002, et avant cela le dogmatisme stérile des 35h, une certaine impuissance face au chômage notamment des jeunes, et puis il y a cette austérité maladive du personnage. Mais au final, les années Jospin sont à jamais celle de la crédibilité retrouvée pour la gauche.
C'était une toute autre France qu'aujourd'hui me semble t-il! Une France qui réussissait (croissance économique de près de 4,5% en 2000!!), partageait (CMU, CSG) et qui batissait (l'Europe de la Défense à Saint-Malo en 1998, l'entrée de la France das l'Euro, etc).
Lionel Jospin a démontré en se retirant de la course à l'investiture combien il tenait à l'unité du parti. Il restera pour moi, pour une partie de la gauche, pour la majorité des socialistes, la voix de la responsabilité. Pour tout ce qu'il a accompli, il mérite une place à part.

4.9.06

Au temps de Mitterrand, c'était Sagan...


C'est la rentrée politique. L'heure est venue pour Ambidextre de vous inviter à son université d'été. C'est désormais un passage obligé de la vie politique et médiatique. A chaque université son histoire, ses querelles, ses enseignements aussi.
La Rochelle d'abord. Certainement pas le moment le plus glorieux du parti socialiste. Ni même le moment le plus constructif. Un long week end de discours, de petites phrases et de mises au point. Le PS n'en est pas sorti grandi. Aucune ligne, aucun cap n'ont été défini. Mais le débat, souvent tendu, parfois médiocre, a existé. A gauche, les options s'esquissent. Elles ont le mérite d'exister.
Marseille ensuite. L'enthousiasme des jeunes UMP, joliment moulés dans leur tee-shirts floqués "Sarko président", assurait, à l'ouverture, l'essentiel du spectacle. Une première partie d'université pimentée par une joute footbalistique opposant jeunes militants et parlementaires.
Une initiative très amusante. Tout cela était, je dois bien le dire, assez bien vu, et dans l'esprit, et dans la bonne humeur affichée.
Mais on attendait le clou du spectacle. Ce fut la confusion. Le président de l'UMP a définitivement confondu selon moi politique du marketing et marketing politique. Le sens a son importance.
On retient quoi au final de Marseille ? Halliday à côté de Fillon, Doc Gynéco confessant avoir trouvé son "petit maître à penser", les passements de jambes de Baroin, le ralliement de ce qu'il reste de chiraquie, ou bien le flou artistique d'ensemble ? L'UMP s'est en fin de compte montrée à l'image de son président. Dans le flou intégral. Sarko veut montrer tous les visages à la fois et finit par ne plus offrir qu'un visage incohérent. Tantôt gaulliste, tantôt souverainiste, tantôt social, tantôt libéral.
Je propose d'ouvrir notre université d'été sur une e-table ronde, autour de trois questions :
  1. Au fait, la "rupture", c'est toujours d'actualité ?
  2. Et le "libéralisme populaire", c'est quoi ?
  3. Dans marketing politique, y a pas politique ?

13.7.06

1995 - 2006 : le « pschitt présidentiel » permanent !




Une majorité relative de Français (47 %) estime que les deux présidences de Jacques Chirac ont été « utiles pour la France », tandis que 43 % sont d'un avis contraire, selon un sondage LH2-Libération. Vous me permettrez de partager l’avis des minoritaires… Pour moi, les années Chirac furent un désastre.

Le passage de Jacques Chirac à l’Elysée, c’est une fusée à trois étages : une base ancrée dans l’inaction, un moteur alimenté par le mensonge, un cockpit fait d’amoralité. L’inaction, celle qui conduisit, par exemple, à laisser une crise majeure se dérouler (crise des banlieues) sans même intervenir. Le mensonge, ensuite, celui de la baisse de 30% de l’impôt sur les sociétés promise par le candidat Chirac de 2002. Le plus grave enfin, l’amoralité. Une amoralité assumée, affichée, presque encouragée au plus au haut niveau de l’Etat. Les HLM de Paris, Clearstream, l’amnistie de Guy Drut, autant de coups portés à la crédibilité du politique. Autant de discrédit sur la fonction présidentielle aussi.

Le scénario a bien changé en douze ans de chiraquisme : au lieu d’« objectif Lune », on a projeté « Y - a-t-il un pilote dans l’avion ? ». C’est long douze ans de fiction…ça vous donne envie de changer radicalement de casting!!

5.6.06

Pour que le débat ne parte pas en fumée, Ambidextre met le paquet!

Interdire la cigarette dans les lieux publics ?
Le débat n'est pas nouveau. Depuis de nombreuses années déjà, partisans de l'interdiction totale et défenseurs du "droit à fumer librement" s'affrontent en France. Les pouvoirs publics, conscients des limites de la loi Evin, conscients aussi et surtout de la jurisprudence nouvelle de la Cour de cassation, ont à proposer des solutions nouvelles, sans doute radicales, face un problème qui dépasse le seul cadre sanitaire.


Le débat est lancé sur Ambidextre. Faut-il interdire la cigarette de tous les lieux publics ? Derrière cette seule question, c'est un vrai débat de société qui s'ouvre.
L'Etat doit-il intervenir sur ces questions ?
Faut-il que la sécurité sociale finance les dispositifs et médicaments prévus pour permettre la sortie de la cigarette ? Ou faut-il à l'inverse responsabiliser le fumeur en lui faisant assumer le coût de son addiction ?
Les fumeurs sont-ils à "bannir" de l'entreprise ? Y a t-il une "diabolisation" des fumeurs ? Attente t-on à une liberté individuelle en interdisant de fumer dans les lieux publics ?...
Pour que le débat ne parte pas en fumée, Ambidextre met le paquet!

5.5.06

La prochaine Europe


J'ai fait un rêve.
Le rêve que ces deux hommes soient bientôt les moteurs qui remettront sur la route une Europe en panne, qui donneront à l'Europe une ambition nouvelle de Cardiff à Bucarest, de Faro à Tallinn. Une Europe sans complexe, libérale et performante, rompant avec la morosité et l'arrogance du couple franco-allemand...
Est-ce un hasard si j'ai fait ce rêve le soir où David Cameron fait un pas électoral de plus vers la succession de Tony Blair, grâce à la victoire du parti qu'il préside aux éléctions locales britanniques ?

1.5.06

La France lâche de l'Est


Les ressortissants des huits pays de l'Est dernièrement entrés dans l'Union Européenne peuvent désormais venir librement travailler dans l'hexagone dans les secteurs du BTP, de la restauration, de l'agriculture, de la mécanique, dans les industries de transformation (agroalimentaire, verrerie, papier), le commerce ou comme agents de nettoyage.

Cette mesure constitue un premier pas vers la libéralisation complète qui sera rendu obligatoire à tous les états membres de l'UE en 2011.
La France est en retard sur l'Irlande, le Royaume-Uni, la Suède et désormais l'Espagne qui ont totalement ouvert leur marché du travail à ces immigrés intra-européens. Elle a cependant une longueur d'avance sur l'Allemagne, l'Autriche ou le Danemark dont la proximité avec ces pays leur fait craindre un afflux non maitrisable de travailleurs et qui gardent donc encore leurs portes closes (un visa reste nécessaire).

Après les agitations dues au projet de directive dite "Bolkestein" de libéralisation des services, on ne peut que se réjouïr qu'une telle mesure soit bien acceuillie par les français et leurs syndicats.

Mais cette affaire cache mal un profond scandale. Alors que le taux de chômage en France est encore supérieur à 9% de la population active, des pans entiers de l'économie manquent de main d'oeuvre et cela ne semble choquer personne alors que c'est la démonstration d'une énorme faille dans notre système de formation et dans celui de reclassement des chômeurs.

Si tant de postes sont disponibles pour ces étrangers, c'est la preuve que :
- notre système de formation ne sait pas se réguler en fonction des besoins du marché du travail.
- qu'une société dominée par les services ne peut faire croire à ses jeunes qu'elle n'a besoin que d'emplois à haut niveau de qualification.
- que notre système de protection sociale est bien trop protecteur pour inciter des chômeurs à se tourner vers des emplois, certes peu rémunérateurs, parfois difficiles voire ingrats mais vacants.
Quand le polonais sacrifie ses racines pour venir gagner sa vie sur les chantiers français, le chômeur français ne sort même pas de chez lui pour occuper un poste de serveur dans le bistrot du coin de la rue...

Le constat est là.
Réjouissons-nous de l'arrivée de ces travailleurs motivés et prenons une bonne fois pour toute les mesures qui s'imposent pour bloquer la progression des minimas sociaux, accroître l'écart entre les prestations sociales et les revenus du travail, contraindre les chômeurs de moyenne et longue durée à accepter ces emplois vacants en échange d'une formation adaptée de reconversion et sous la menace de la suppression de leurs droits.

27.4.06

Homos et parents ?


Je crois qu'il serait bon d'avoir vos avis sur le mariage homo et sur l'homoparentalité. Le vainqueur du concours lancé le 23 février sur notre blog se reconnaîtra vite. Bravo à lui. Son sujet a attiré l'attention d'Ambidextre.
C'est que, sur ce sujet, nos voisins avancent. La Belgique a franchi une nouvelle étape ces derniers jours dans la reconnaissance de l'égalité juridique entre couples hétérosexuels et couples de même sexe.
Après le mariage, c'est le droit à l'adoption que la Belgique a, comme d'autres pays européens avant elle, consacré. Et la France dans tout ça ?
Sur Ambidextre, pas d'ambiguités, le débat est ouvert...

5.4.06

Ma vision des choses




D'emblée une mise au point, je suis partisan du réformisme radical proposé notamment par DSK et porté en leur temps par Michel Rocard ou Jacques Delors. Je crois à une gauche qui joue la carte du programme réaliste . Je crois à la construction d'une gauche moderne. A la nécessité de dépasser un socialisme d'accompagnement, qui soigne les maux sans s'y attaquer. Il faut rentrer dans le temps de la social-démocratie, dans laquelle les effets néfastes produits par le capitalisme sont combattus à la source. C'est le capitalisme dans sa façon de produire de l'inégalité qu'il faut transformer. Il faut en finir avec le traitement a posteriori des maux et la dénonciation du capitalisme en tant que système économique. Le capitalisme doit être transformé, pas combattu! La répartition des richesses produites a besoin d'être repensée. L'actionnariat salarié est une bonne piste.
Soyons clairs! Pour DSK, le marché n'est pas un mal mais il n'est pas non plus un tout. Pour lui, le contrat unique avec capitalisation de droits au fil du temps, dans le cadre d'une sécurisation des parcours professionnels est une réponse adaptée au problème du chômage mais aussi au problème de précarité de ceux qui, bien que travaillant, sont pauvres. Pour inciter les entreprises à embaucher en CDI, il propose de jouer sur la fiscalité des entreprises et notamment l'impôt sur les sociétés : plus vous jouez le jeu de l'emploi stable, autrement dit plus vous montrez concrètement que vous êtes une entreprise qui investit dans son personnel, moins l'Etat vous ponctionne.

Je ne suis pas d'accord avec l'ensemble des idées de DSK mais dire aujourd'hui que la modernité est à droite me fait doucement rigoler. La droite actuelle est bien plus conservatrice et archaïque que son état-major tente de nous le faire croire. Il faut suivre de près ce qui se passe à l'Assemblée pour le ressentir. Même l'UDF se sent de plus en plus mal à l'aise avec de tels voisins de majorité! Récemment et pour donner un exemple concret de ce conservatisme: les Députés viennent de vider de son contenu la loi SRU obligeant à construire 20 % de logements sociaux. Grâce à l'amendement Ollier qui modifie la loi Borloo d'"Engagement national pour le logement", exit les 20%. Faire bouger les choses, être "moderne", c'est aussi mettre fin aux fractures spatiales et sociales. Pas qu'avec des mots mais avec une loi contraignante. Contraignante pour les élus locaux qui n'ont pas compris le message de novembre 2005. L'UMP a décidé que l'urgence, c'était les mots, pas la loi.

Concernant le regard que je porte sur les manifs anti-CPE, je dirais qu'elles m'ont semblé justes dans leurs motivations, mauvaises dans leurs revendications, affligeantes dans leurs débordements. Je m'explique. Le CPE est une mauvaise mesure selon moi car elle ajoute un contrat de travail à une liste déjà impressionnante. Qui plus est, elle envoie un mauvais message: la précarisation du contrat serait la solution à l'embauche. Faux, et économiquement, et socialement, et humainement. Ce n'est pas être marxiste -d'ailleurs Marx, que je relis actuellement, est bien plus complexe dans sa pensée que ceux qui ne l'ont pas lu peuvent se l'imaginer - que de dire cela, c'est connaître aussi le fonctionnement d'une entreprise. C'est par exemple connaître le rapport récent de l'OCDE sur le lien supposé entre facilité de licenciement et niveau d'emploi.

Je suis contre le blocage des universités car ils ne sont pas démocratiques. Ils sont même complétement illégaux. Je suis contre les grèves à répétition qui fragilisent un peu plus notre économie et la cohésion nationale, en creusant de nouveau la fracture entre salariés du public et salariés du privé. Et pourtant,comme près de 65 ou 70% de Français, je n'accepte pas qu'au nom du "réalisme", de la "nécessité d'ouvrir les yeux sur le fonctionnement même du monde", on tente de créer des salariés corvéables à merci.
Contrairement aux stéréotypes de droite, pour laquelle un anti-cpe est forcément un jeune qui rêve d'un monde qui n'est pas. Un jeune naïf face à une réalité sociale et économique qu'il ne connaît pas. Un jeune grogui par le rabâchage de clichés gauchistes sur le "méchant patron". Ce jeune, au tee-shirt à l'effigie du Che, incapable de prendre des risques car élevé et entretenu dans l'illusion de l'assistanat. Je crois, moi, comme tous ceux qui veulent une rénovation dans ce pays, que les jeunes français n'attendent qu'un projet motivant pour retrouver du peps. La précarité est ausi psychologique.
Une gauche responsable se construit. Fière de ce qu'elle a fait en 1997 avec Lionel Jospin. Consciente de ses ratés. Pas une gauche tiède, pas une gauche qui renie le socialisme réformiste. Pas une gauche qui accepte de se faire donner des leçons de gestion et de gouvernance économique par des bâtisseurs de croissance molle. Une gauche qui a bien compris que l'économique est au service du social. Que le social a un coût. Que le financement global des finances publiques doit passer par des efforts, notamment sous la forme du non renouvellement des fonctionnaires partant en retraite. Une gauche, enfin, qui a compris, que notre modèle social devait être modernisé.
Mais la gauche, battue sur la question de l'insécurité, n'oubliera pas de rappeler qu'un bilan doit être fait. Pourquoi serait-on plus exigeant en la matière pour la gauche que pour la droite? Posez-vous la question: la droite a t-elle réussi économiquement (l'argument de la croissance mondiale ne tient plus aujourd'hui)? La droite a-t-elle fait baisser l'insécurité? A-t-elle baissé la fiscalité comme promis?
Il faut exiger qu'en politique, on soit comme dans le monde économique, jugé sur ses actes, jugé sur ses résultats. C'est selon moi la meilleure façon de concevoir l'action politique et son évaluation par le citoyen. Les Nord-Américains parlent en la matière d'accountability, c'est à dire de l'exigence éthique pour le politique de rendre compte aux citoyens de son action à l'issue de son mandat. Le même droit d'inventaire, au-delà des palabres électorales, doit être exigé! Sarkozy, Villepin, Chirac ont peut-être un projet pour la France. Certes. Ils ont aussi un bilan. Non?
A l'heure du bilan, j'espère que le réalisme sera de mise.

2.4.06

Il faut que jeunesse se place !


Pardon encore une fois pour le silence des ambidextres ces deriners temps. La main gauche n'a plus internet chez elle pour le moment et la main droite a une activité professionnelle qui laisse peu de temps au blog. Certains réclamaient nos réactions sur l'actualité sociale. Voici la mienne.

L'objet de mon post n'est pas de débattre sur le CPE en lui même (qui ne sera vraisemblablement pas la solution miracle au problème du chômage des jeunes), ni sur la manière dont le gouvernement a mené ce projet (non sans maladresse et archaïsme).

Le principal mérite de ce nouveau contrat est d'être innovant. Enfin de nouvelles solutions pour essayer de résoudre le problème du chômage. D'ailleurs, si ça ne marche pas, il sera temps de le supprimer en 2007. Après tout, les prochaines échéances électorales approchent à grand pas.

Mais la France n'aime pas le changement. Pire, les jeunes français sont profondément conservateurs. Ils se complaisent dans une situation moyenne (pas excellente mais somme toute confortable dans ce beau pays qu'est la 5e puissance économique mondiale) et expriment la crainte de devoir construire leur propre France (plutôt que de vivre tranquillement dans celle de papa et maman).

Pourquoi un petit contrat fait-il tant de bruits ? Regardons qui manifeste :
Les jeunes universitaires. La plupart d'entre eux connaissent très mal le monde du travail. Sont-ils aussi naïfs ? Croient-ils vraiment qu'aujourd'hui en 2006, des beaux CDI les attendent la sortie de leur licence ou master. Pire ! Croient-ils qu'ils feront toute leur carrière ou même les 10 premières années de leur vie active dans la même société ? C'est beau une jeunesse qui rêve.
En fait de quoi rêve t-elle ? D'avoir la même vie que leurs aînés... qui défilent à leur coté.
Les fonctionnaires. Pourquoi sont-ils encore une fois dans la rue ? Sont-ils concernés ? Pas vraiment, non ! Ils ne perdent simplement pas une occasion de rappeler au monde entier qu'ils ont le statut social le plus enviable au monde, payés convenablement, emplois garantis à vie et temps de travail dérisoire, et qu'ils comptent bien le garder, et en faire profiter aussi si possible leurs enfants.
Les lycéens sont aussi dans la rue. Vous ne m'enlèverez pas de la tête qu'à cet âge, on ne perd pas une occasion de mettre un peu de piment à son quotidien d'enfant gâté d'Occident.

Ca frôle le ridicule. Un nouveau mai 68 ? Simples néo-soixante-huitards déjà attardés, je pense. Ils s'emmerdent dans leur vie de lycéens et d'étudiants. Pas de guerre ni de service militaire, pas de révolte (les jeunes de banlieue en ont désormais le monopole), pas de débats de société (l'avortement, la contraception, la liberté sexuelle... ils ont déjà tout, le sida en plus).

Je généralise sur la jeunesse française pourtant elle n'est pas si uniforme.
La jeunesse révoltée ou plutôt arc-boutée (le mot est plus juste car on parle bien ici d'une posture conservatrice opposée au changement) est promise à un avenir relativement difficile. Universitaires, peu préparés pour le marché du travail, ils s'apprétent à galérer au début.
En face, une jeunesse positive (celle des grandes écoles essentiellement) qui n'aura pas de mal à trouver un bon vieux CDI. On pourrait penser que le CPE les inquiète. Au contraire, ils approuvent contrairement aux autres, pour qui ce CPE est fait.
Les abonnés aux contrats précaires pestent sur le CPE. Le mélange d'ignorance et de pensée dominante ultra-gauchisante est détonnant.

Face à un patronat dont les préoccupations sont beaucoup plus terre à terre. Embaucher un jeune : oui si j'en ai besoin et que j'en ai les moyens. Garder un jeune : oui s'il est compétent. Pour combien de temps : j'ignore les perspectives. Virer un jeune : je l'ai formé donc seulement s'il est incompétent ou si mon activité ne me permet pas de le garder.

A coté de cela, les délires marxistes de la jeunesse des centres villes prêtent à rire.
Ce qui fait pleurer, c'est la désintégration totale d'une partie de la jeunesse des banlieues. Ils seraient presque à plaindre s'ils ne se comportaient pas comme des barbares.
Il y a aujourd'hui deux vraies urgences : Retrouver la sécurité civile (la France ne peut se résoudre à autant de violence) et préserver les plus jeunes de La Courneuve ou de Clichy sous Bois d'un avenir aussi sombre. Eux un CPE dans 15 ans, ils ne sont pas contre...

14.3.06

« Think Tanks » : diffuser des idées neuves pour le débat public

Le jeudi 2 mars, à l’initiative de l’Institut Montaigne, le Conseil Economique et Social organisait un séminaire sur le thème « Les idées nouvelles intéressent-elles les politiques et les journalistes ? ». J'y étais.
Invités à échanger, hommes de presse, dirigeants politiques et lobbyistes ont souligné la nécessité de repenser les canaux de production et de diffusion des idées neuves en France. L’occasion de s’interroger sur le rôle joué par les « Think tanks » français.

« Les idées neuves sont récompensées par le système médiatique, usées par le système institutionnel, punies par le système partisan ».
Tout est dit de la difficulté de faire émerger puis accepter une idée nouvelle en France. La phrase de Christophe Barbier, Directeur adjoint de l’Express, fait mouche. Elle rappelle que, dans la course aux idées, la France a pris plusieurs longueurs de retard. Ailleurs, aux Etats-Unis très largement, en Allemagne aussi, l’offre est structurée autour de grands centres de recherches, véritables « réservoirs », gros pourvoyeurs de réflexions en matière de politique publique. Ces « fournisseurs de créativité », placés en amont de l’activité politico-administrative, sont les dépositaires d’une certaine innovation politique. A l’instar des services recherche-développement dans l’entreprise, ils sont conçus comme la source de profits politiques futurs.

Les expériences allemande et américaine sont éclairantes pour la France. Elles montrent que la force d’un « think tank » se mesure d’abord à l’aune de sa puissance médiatique, de sa capacité d’influence. L’Heritage Foundation ou la Brookings Institution ont intégré ces dimensions depuis longtemps, en disposant de leurs propres studios d’enregistrement. La leçon américaine est à méditer. Outre-atlantique, on a compris que la bataille des idées est d’abord celle des moyens mis en oeuvre pour leur diffusion
C’est à cette seule condition – d’exister médiatiquement, donc politiquement – que les idées issues de la recherche des « think tanks » ne restent pas seulement des idées mais qu’elles trouvent une traduction politique concrète soit dans l’action gouvernementale soit dans les programmes électoraux des partis de gouvernement. C’est tout le sens des interventions du Dr. Michael Eilfort, directeur du très influent Stiftung MarktWirtschaft de Berlin et Véronique de Rugy, chercheur à l’American Enterprise Institute (AEI), qui ont particulièrement insisté sur la grande perméabilité existant dans leurs pays, entre monde politique et « think tanks ».

De ce point de vue, les « thinks tanks » français souffrent encore de la faible pénétration de leurs idées dans le monde politique. Les chercheurs sont des penseurs avant d’être des diffuseurs, pis encore, ils sont très souvent uniquement des penseurs, oubliant d’être des diffuseurs. Une nouvelle stratégie de communication, intégrant d’autres supports que leurs seules publications, envisageant de nouvelles cibles, en particulier les dirigeants économiques, doit être pensée. Les revues académiques, éditées par et pour des cercles de réflexion restreints souffrent d’une trop grande confidentialité et d’un manque d’exposition. Les articles publiés dans ces revues d’influence ne sont pas ou insuffisamment repris dans la presse, inexistants ou presque à la télévision. Aux Etats-Unis, les directeurs de « think tanks » sont invités quasi quotidiennement à commenter l’actualité sur les grands réseaux nationaux, faisant ainsi coup double, en promouvant leurs idées et leurs institutions.

Le temps est peut-être venu pour les « think tanks » français de passer du « B to B » (leaders d’opinions - leaders d’opinions) au « B to C to B» (leaders d’opinion – grand public – leaders d’opinions). Il leur faut envisager les moyens d’une vraie communication grand public. Et faire enfin le pari d’une plus grande visibilité, d’une plus grande influence sur les décideurs publics aussi !

5.3.06

Privé de télé !


je vous prie de nous excuser pour cette interruption momentanée de l'image et du son. Merci de nous avoir proposé des thèmes de débat. Nous traiterons chacun d'entre eux dans nos prochains posts. Je relance le blog ce soir avec un sujet assez polémique qui ne manquera pas de vous faire réagir...

Il faut privatiser France 2 !
L'audiovisuel public français devient tentaculaire. La holding France Télévisions regroupe maintenant les chaînes France 2, France 3, France 4, France 5, France Ô. L'assemblée nationale a sa propre chaîne, LCP AN. Le Sénat aussi, Public Sénat. Le gouvernement va donner naissance à la CF2I, la nouvelle chaîne française d'information internationale qui viendra s'ajouter à TV5 Monde à la charge du ministère des affaires étrangères.
Ce véritable arsenal médiatique, auquel s'ajoute également les stations de radio de la holding Radio France, s'apparente presque à un système sournois de propagande, camouflé dans l'illusion de la diversité. Et il coûte cher.
L'Etat n'a pas, à l'heure actuelle, les moyens de ses grandes ambitions.
Plusieurs solutions sont envisageables et régulièrement envisagées.
La hausse de la redevance en est une. Il est vrai qu'elle est en France assez inférieure à celle demandée aux contribuables allemands ou anglais...
Un recours plus important aux recettes publicitaires en est une autre. On pourrait assouplir la réglementation qui s'applique aux chaînes publiques en matière de financement publicitaire, très restrictives.
Je pense que ces solutions sont insuffisantes, dans la mesure où elles n'envisagent que de jouer sur le levier des recettes, sans se poser la question d'une rationalisation des dépenses, davantage en ligne avec les objectifs fixés au service public.
Envisager la privatisation de la première chaîne publique permettrait au service public de mieux assurer ses missions, de clarifier sa position quant à sa dépendance vis à vis des recettes publicitaires et ainsi de stopper sa compétition déloyale avec le géant TF1. La position dominante de la première chaîne française est unique au monde. Privatiser France 2 permettrait d'assainir le marché publicitaire français, à l'aube de l'autorisation pour la distribution de communiquer sur les grandes chaînes hertziennes.
Ensuite, rien n'empêche d'augmenter la redevance et de la répartir plus intelligemment sur un nombre plus limité de chaînes.
Le service public continuerait d'être assuré sans mal... L'arrivée de la TNT et la naissance de France 4 permettent le maintien d'un niveau de service équivalent... sans compter que le téléspectateurs aurait tout à gagner de l'arrivée d'un nouvel intervenant sur le PAF. La démocratie se nourrit de la diversité...

23.2.06

Prenez les commandes du "Grand Débat" d'ambidextre!

Sortir d'une partition à deux mains...au moins une fois.

Après trois mois et 20 commentaires, un constat s'impose. Ambidextre a plus de lecteurs que de commentaires. Comment mieux attirer nos lecteurs vers les comments qu'en leur donnant carte blanche ? A vos claviers donc !

Livrez ici les sujets qui vous passionnent en ce moment et pour lesquels vous aimeriez un vrai débat ! Ambidextre vous donne la parole Amis bloggeurs! Nous lançons le challenge du "Grand Débat". Parmi vos propositions, une seule sera retenue et fera l'objet d'un vrai débat sur le blog!

3 règles: 1) un sujet d'actualité 2) relevant du politique 3) jamais abordé sur Ambidextre

Nous attendons...

14.2.06

Toc ! Toc ! C'est le plombier polonais !

N'ayez crainte, mesdemoiselles, vous ne devrez pas attendre vos prochaines vacances pour retrouver ce jeune et beau polonais sur ses terres. Lech (appelons-le ainsi car la notoriété de son illustre aîné syndicaliste nous assure que son prénom est ainsi typiquement polonais!), je reprends : Lech, plombier polonais, pourra très bientôt venir oeuvrer dans votre cuisine en toute légalité. En effet, la directive Bolkestein a enfin été adoptée par les députés européens après deux ans de débat houleux et un projet de constitution avorté. [Je ne sais pas d'ailleurs si la directive européenne relative à la libéralisation des services doit encore être nommée ainsi du nom du commissaire Bolkestein, qui doit aujourd'hui se sentir orphelin du texte initial dont il revendiquait la paternité.]


En bref, voici les explications nécessaires à la compréhension de mon post :
- le texte adopté ce soir est le fruit d'un consensus entre le PPE et le PSE. Dans le but d'une libéralisation du marché européen des services (après ceux des biens physiques, industriels et agricoles), il impose aux Etats membres d'assurer un libre accès à leur territoire aux prestataires de services des autres pays, avec la disparition d'obstacles jugés discriminatoires et disproportionnés. Cependant, il leur permet de restreindre l'accès à leur marché pour des raisons d'ordre public, de sécurité publique, de protection de l'environnement, de santé publique, de politique sociale et de protection des consommateurs.
- Ce texte est un compromis dans la mesure où le principe du "pays d'origine", aspect le plus critiqué du projet initial, n'y figure plus : Ce principe, décrié dans des pays comme la France et la Belgique, stipulait qu'un prestataire de services serait soumis à la seule loi de son pays d'établissement, pas à celle du pays d'accueil où il viendrait pour une mission temporaire.

Je me réjouis qu'une directive sur la libéralisation des services puisse enfin être adoptée. Il était temps. Cependant, mon optimisme reste limité.

Il s'agit d'un consensus relativement mou, qui ne témoigne pas d'une reprise de la dynamique de construction européenne et qui ne contente que peu de personnes. Il faut dire que le débat sur cette question est fortement clivé. Les passions se sont déchaînés et les "plombiers polonais" ont cristallisé toutes les peurs des altermondialistes, de l'extrême gauche et même au delà. Dans de telles circonstances, un simple consensus ne peut satisfaire personne. Les gauchistes ayant l'impression -horreur!- d'abdiquer devant le grand capital et les libéraux, de perdre toute l'essence du projet.


Je me rapproche de l'avis de ces derniers :

1/ Les partisans de la gauche craignaient principalement le dumping social. Dans les services, je pense le risque assez limité. Pourquoi ? Car quand nous parlons services, nous parlons d'hommes et de femmes et la mobilité du "travail" est au combien plus difficile que celle du "capital".

2/ Par ailleurs, pour un certain nombre de services, la France (puisque l'habitude est, quand nous étudions les politiques européennes, de les étudier au regard de nos propres intérêts franco-français) manque de main-d'oeuvre. C'est notamment le cas du BTP où certaines entreprises européennes seront ravies de pouvoir combler ce vide... A souligner tout de même, que même avec le principe du pays d'origine, un travailleur polonais comme Lech, qui viendrait individuellement en France, en dehors du cadre d'une entreprise polonaise aurait été soumis aux mêmes conditions d'embauche qu'un travailleur français (soumis au droit français du travail).

3/ Dernier point de mon argumentation -et pas des moindres- la France avait tout à gagner de la libéralisation des services et de la directive Bolkestein version 1. La structure de l'économie française est telle que les services sont parmi les premiers produits d'exportation de l'hexagone vers les autres pays de l'UE. Le secteur bancaire, les assurances, l'hôtellerie, le tourisme, le transport, la communication, les médias, les services aux collectivités, etc : dans tous ces secteurs d'avenir, à la main d'oeuvre souvent très qualifiée, les entreprises françaises brillent et n'avaient rien à craindre d'une telle libéralisation, au contraire.
Nos voisins hollandais, espagnols ou anglais, aux économies comparables à la nôtre, l'avaient bien compris... Aucune pitié pour leurs plombiers, me direz-vous !

13.2.06

Plutôt que la mise au pas de l’Afrique, penser enfin la mise au pot des riches du Nord.


Une confession d’entrée en forme de prise de conscience, j’ai souvent tourné en dérision les personnes, de gauche ou non, qui essayaient de changer notre regard sur l’Afrique. J’ai eu tort. Ces jeunes bénévoles défendant de grandes idées, de belles idées, comme la générosité ou la solidarité internationale méritent mieux que mon cynisme. Penser un développement solidaire est aussi urgent que de penser un développement durable. Ce ne doit plus être une question subsidiaire, en marge des problèmes de flux migratoires ou de défense de la francophonie. Ce ne peut plus être une question laissée aux seuls alter mondialistes et tiers-mondistes. Pourquoi les partis de gouvernement doivent-ils s’en saisir rapidement ?


Première raison. Les pays de l’Union européenne et de l’espace Schengen en particulier sont confrontés aujourd’hui à une gestion problématique des flux migratoires. Les images d’immigrés clandestins de Lampedusa ou plus proche de nous, ceux du centre de rétention de Calais, doivent conduire à proposer des solutions beaucoup plus ambitieuses que de simples barbelés ou même la coordination des polices européennes. C’est à sa racine qu’il faut attaquer le problème, c’est-à-dire en aidant les pays d’Afrique à sortir de l’extrême pauvreté. Deux contradictions sont traditionnellement avancées : 1) l’aide de l’Union européenne est déjà très importante 2) l’Afrique manque d’une élite responsable et offre une multitude d’exemples de gâchis ou de corruption. Cela ne doit pas conduire à laisser les choses en l’état. L’UE devrait accroître sa coopération avec l’Afrique et l’aider à développer ses infrastructures. La jeunesse africaine doit être la cible à garder en tête, c’est elle que l’UE doit viser à travers sa politique d’aide à l’Afrique. Créer sur place des moyens d’encourager l’intelligence avec des universités et des pôles de recherche. Donner à la future génération des chances de s’en sortir. Je me souviens de la phrase de cette jeune ivoirienne invitée au sommet de la francophonie qui s’est tenu en fin d’année dernière : « Si vous ne vous occupez pas de la jeunesse, elle s’occupera de vous »…

Deuxième raison. Le développement économique de l’Afrique peut nous être profitable. Nous ne pouvons pas continuer, au nom de la seule francophonie, d’une politique étrangère de prestige, à financer l’Afrique en pure perte. Il nous faut sortir l’Afrique de la pauvreté pour booster notre propre dynamique. Comment ne pas voir que l’Afrique avec son énorme réservoir de ressources, à la fois humaines et en matières premières, peut être un formidable « dopant » pour l’économie communautaire ?

Le développement solidaire, nouvelle manière d’envisager l’économie et la mondialisation, devra être au cœur des projets politiques en construction. La solidarité n’est pas seulement une exigence morale, c’est un formidable réservoir de croissance, une philosophie de développement économique, aussi efficace que durable.

Disons le clairement, avoir des voisins plus riches, plus sûrs, donc mieux dans leurs propres frontières, ce serait une tranquilité et un sérieux atout pour la France et l'UE !

6.2.06

Fatwa contre ambidextre

Mieux vaut tard que jamais... Ambidextre ne pouvait pas ignorer la polémique qui agite le monde entier.
Après avoir froissé un bon nombre d'entre vous en défendant, ici même, la liberté d'expression à l'occasion de la mise en cause par la justice française des propos d'un député de la représentation nationale, j'attends vos réactions en publiant, tout comme le quotidien danois Jyllands-Posten et France Soir, la caricature tant décriée de Mahomet portant une bombe en guise de couvre-chef...

Je ne suis pas étonné par les réactions d'une partie des masses du monde musulman. Elles prouvent l'influence croissante de l'intégrisme dans ces régions. Attendues, elles n'en sont pas moins inquiétantes...
Je rejette l'idée que l'Islam soit une religion de haine et de terrorisme et j'imagine assez aisément que cette caricature puisse heurter.

Pourtant, cette caricature est, au mieux, une invitation au débat sur l'intégrisme religieux et le terrorisme islamiste, et au pire, un vulgaire blasphème pouvant blesser les croyances de certains, mais en aucun cas, elle est une invitation à la haine raciale et dans ce sens, rien ne doit la rendre illégale.

C'est étonnant comment l'actualité vient alimenter le débat lancé dans mon précédent article sur la liberté d'expression (à travers l'exemple de propos homophobes). Cela me permet d'étayer mon propos.

La liberté d'expression et la liberté de la presse qui en dépend n'ont de limite, selon moi, que dans l'expression de propos disqualifiants, personnellement ciblés, relevant de la diffamation ou de la calomnie. La loi de la république a instauré des garde-fous dans ce sens et c'est bien normal.
Ensuite, les lois interdisent les propos incitant à la haine raciale. Pour moi, les croyances et les choix sexuels ne sont pas de cet ordre.
Je refuse donc qu'on s'attaque à la liberté d'expression au nom de la défense de telle croyance, telle opinion, tel groupe sociale ou telle pratique sexuelle. L'accepter c'est prendre le risque de la censure, au nom du politiquement correct et de la peur de l'affrontement.
Faut-il rappeller que la liberté est fondatrice de la démocratie ? Si effectivement la liberté des uns s'arrête ou commence celle des autres, je ne pense pas que la liberté des musulams soit, de quelque façon que ce soit, entravée par l'expression de la liberté de ce caricaturiste ou que la liberté des homosexuels soit limitée par les propos libres et insultants du député Vanneste...
Je persiste et signe au risque de déclencher les Fatwa simultanées des intégristes islamistes et des illuminés d'Act up !

31.1.06

C PE… et déjà beaucoup trop !


Allez hop, circulez, y a rien à voir ! C’est la nouvelle méthode gouvernementale. Allez hop, on bouscule l'ordre du jour parlementaire, on accélère l'examen du projet de loi sur l'égalité des chances et hop !on y glisse le Contrat Première Embauche. Tant pis pour le débat prévu sur la loi de programmation de la recherche. L’innovation et l’intelligence peuvent bien attendre… La priorité désormais, c’est le CPE ! un tout nouveau contrat destiné aux jeunes de moins de 26 ans, embauchés dans les entreprises de plus de 20 salariés avec une période d'essai de deux ans au cours de laquelle le salarié peut être licencié sans motif. Alors les jeunes, qu’en pensez-vous ?

J’ai suivi les débats à l’Assemblée nationale puis écouté le Premier Ministre sur France 2 mardi soir. Je n’ai pas voulu juger hâtivement. J’ai attendu les explications et entendu les arguments. De Villepin ne m’a pas convaincu. Au-delà des cris d’orfraie poussés par certains à gauche, je veux essayer de vous dire pourquoi je ne crois pas au CPE.

Aujourd’hui 70% des jeunes se font embaucher en CDD, et les deux tiers ne sont pas renouvelés. Or il risque de se passer avec le contrat première embauche la même chose qu'avec la mise en place des CDD : en voulant contourner la lourdeur des CDI, on ne fait qu'augmenter le taux de rotation. Le grand problème du CPE, c'est que je ne vois pas ce qui va inciter l'entreprise à le transformer en CDI au bout de deux ans. Comme l'ont fait les CDD, les CPE vont augmenter le taux de rotation sans faire baisser le taux de chômage, ou seulement à court terme. Il risque de créer plus de précarité sans stabiliser l’emploi. Quand vous jouez sur la segmentation du marché du travail, vous créez des emplois demain, mais vous incitez à les détruire le surlendemain. On peut bien faciliter tant qu'on veut l'entrée sur le marché du travail d'un côté, si rien n'est fait de l'autre pour le maintenir, ça ne sert à rien.

Il faut améliorer le fonctionnement du marché du travail. De ce point de vue là, je ne bannis pas les contrats à durée déterminée. Mais ce type de contrat, qui donne une certaine flexibilité à l’entrepreneur, est cent fois mieux qu’un CPE car il y a un minimum de stabilité. Je pense que l’absence de souplesse du marché du travail est aujourd’hui critiquable mais cela ne veut pas dire qu’il faille pour autant casser ce que le droit du travail a construit. Le chômage des jeunes est de 22,7%. Nous sommes d’accord dès lors, au moins sur le constat: il faut agir et vite. Mais l’urgence ne signifie pas qu’il faille tout accepter. Nous sommes dans une économie ouverte. Plus personne ne l’ignore. Cela signifie t-il qu’il faille penser notre droit du travail seulement comme un handicap ? Nous contenter tels des travailleurs bengalis, d’un simple bol de riz, pour exister dans la compétition par les coûts ?


Ne pourrait-on pas plutôt penser à une vraie dégressivité de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises jouant le jeu du CDI ? Avec une mesure aussi sexy pour les boîtes et aussi peu protectrice pour les salariés, disons les choses clairement, les effets d’aubaine prévaudront.

Créer le CPE, ce n’est pas donner une chance aux jeunes, c’est dissuader l’entreprise de les embaucher en CDD ou en CDI. Bien sûr, le CPE comprend un minimum de protection comme l’indemnité de 8 % du salaire en cas de licenciement. Mais enfin, qui peut encore croire que ce contrat est une solution à encourager ? Qui peut croire qu’il n’existe aucune voie possible entre une défense aveugle des protections et un besoin de sécurisation minimum ? Pas moi en tout cas.

25 à table !

L'animation d'un blog nécessite un certain temps que nous ne trouvons pas toujours à lui consacrer. Tandis que la main gauche est prise par ses examens, mon travail (à moi, main droite) me prend de plus en plus de temps et ça ne devrait pas s'arranger dans les prochains mois. Nous vous prions donc de nous excuser pour l'irrégularité de la parution de nos articles.

25 à table ! c'est le nom d'une émission de la très talentueuse France 5 qui nous fait découvrir, toutes les semaines un peu plus, nos partenaires européens. Une bien belle idée : chaque dimanche à 20h50 (sur le câble, le satellite ou la TNT), la présentatrice de l'émission, Iris Jimenez, part à la rencontre de nos voisins européens et de leur manière de vivre. Passionnant, comme l'émission consacrée à l'entretien du patrimoine culturel et naturel à Riga, superbe capitale de la Lettonie.

La France a besoin d'ouvrir les yeux sur l'Europe. Je ne répéterai jamais assez mes convictions européennes, la nécessité pour les jeunes européens de voyager, de partager leurs points de vue pour bâtir un espace d'échanges intellectuels et commerciaux qui puisse contribuer au rayonnement de nos valeurs communes et de notre savoir-faire. Qui aujourd'hui voudrait se marier avec un inconnu ? L'émergence d'un sentiment européen passe par une contribution des médias - et des politiques - pour mieux se connaître. Un pas a été fait ces derniers jours dans ce sens...

Vendredi dernier, Gilles de Robien, ministre de l'Education nationale français, s'est rendu à Londres, dans l'école secondaire de Pimlico, pour étudier comment la police britannique avait pris place dans les établissements scolaires anglais et quel bilan en tirer en matière de sécurité, d'absentéisme et de prévention des comportements délictueux. Car, Gilles de Robien souhaiterait faire figurer dans son prochain plan contre la violence, "à titre expérimental et dans les établissements qui le souhaitent", des permanences de policiers. En se rendant outre-manche, le ministre illustre l'émergence d'un benchmarking politique. D'habitude réservé au monde de l'entreprise et de la concurrence, le benchmarking désigne l'observation des bonnes pratiques chez l'autre comme source d'inspiration dans la résolution de ses propres problématiques.
Je trouve la pratique saine. Le benchmarking permet d'apporter des solutions nouvelles qui ont pu être testées ailleurs. L'idée de glaner les "best practices"en Europe pour les adapter au système français me séduit. C'est aussi à cela que doit servir la construction européenne.

Nous sommes désormais 25 à table et nous avons tant à apprendre de nos convives. Quitte même à les inviter parfois à manger à la maison. Le président de la commission européenne, Jose Manuel Barroso, était la semaine dernière, l'invité de l'hémicycle du palais Bourbon. Il est intervenu devant les députés français suscitant un débat vif en dénonçant notamment "la tentation du malade imaginaire" pour la nation française qui a, selon lui, "toutes les raisons de se montrer confiante". Tout cela dans un français parfait. Cette première est une idée formidable. Pourquoi ne pas imaginer d'institutionnaliser cette invitation du président de la commission à venir répondre aux questions de la représentation nationale. Ce serait pour moi une bonne manière d'inviter le débat européen au coeur de la politique française, à raison par exemple, de deux à trois fois par an... un ingrédient pour que la sauce européenne prenne enfin. A table !

25.1.06

C'est celui qui dit qui est... condamné !



Christian Vanneste, députe U.M.P. du Nord, a été condamné à 3.000 euros d'amende pour injures et diffamation publique à la suite de propos homophobes par le tribunal correctionnel de Lille. Christian Vanneste devra également verser 2.000 euros de dommages et intérêts aux parties civiles - trois associations gays et lesbiennes, le Syndicat national des entreprises gays, Act-Up et SOS Homophobie. Les trois associations avaient porté plainte et s'étaient constituées partie civile après les propos du député relayés par deux quotidiens régionaux.

En janvier 2005, dans La Voix du Nord, le député avait jugé "l'homosexualité inférieure à l'hétérosexualité".

Un mois plus tôt, à l'Assemblée nationale, il avait pris la parole pendant le débat sur le texte créant la Haute Autorité de lutte contre les discriminations : "La lutte contre le sexisme et la lutte contre l'homophobie ne sont pas comparables", avait-il alors estimé. "Les inégalités à combattre s'appliquent aux états subis, pas aux comportements choisis." Christian Vanneste avait également énoncé que l'homosexualité était critiquable "au nom de l'intérêt social mais aussi au nom de l'universalité". A ses yeux, l'homosexualité était "évidemment une menace pour la survie de l'humanité".

Ce procès était le premier visant un homme politique dans le cadre de la loi du 30 décembre 2004 sur les propos discriminatoires.

Ces propos sont ridicules et bêtes. Pourtant, j'ai décidé de défendre cet imbécile sur ce blog. La dérive législative des dirigeants de notre pays m'inquiète. A chaque émotion, sa loi... C'est désormais une régle quasi-systématique dans le paysage politique français. Peu importe qu'elle se fasse au mépris du respect des libertés fondamentales... Et la liberté d'expression en est une.

Que les propos homophobes soient moralement condamnés au nom des droits de l'homme, C'est une évidence ! Qu'un député de la représentation nationale soit condamné pour des propos tenus au sein de la chambre basse, c'est une dérive !
L'assemblée nationale est un espace de débat que j'estime non négociable. Tous les propos peuvent y être prononcés et contredits... C'est là, le sens de notre démocratie !

Mr Vanneste a fait appel du jugement. Il tient à défendre sa liberté d'expression. Il a déclaré être prêt à poursuivre ses recours jusqu'à la cour européenne des droits de l'homme. Je le soutiens pleinement dans sa démarche.

19.1.06

C'est quoi cette bouteille de lait ?

Vous connaissez tous Lactel et comment on fait les bébés...
C'est donc ni de la célèbre publicité pour la marque de lait, ni de la procréation chez les humains dont je vais parler dans ce post mais bien d'économie européenne.
Le groupe laitier français Lactalis qui possède, au delà de Lactel, les marques Président ou Société, est une petite entreprise familiale devenue grande puisque le groupe est aujourd'hui leader sur les marchés du lait et des fromages.
Plus que jamais d'ailleurs puisque avec le rachat du producteur italien de fromages Galbani, le groupe Lactalis renforce sa position de numéro un européen et prend la place de numéro deux sur le marché italien des fromages.
Les grands médias français n'ont pas manqué de relever la nouvelle qui a bénéficié d'un traitement particulièrement favorable. C'est pour eux une preuve d'une bonne santé de l'industrie française, du dynamisme de l'agro-alimentaire hexagonal... C'est aussi la formidable réussite d'une entreprise familiale prospère qui se paye le fleuron de la mozarella et du parmesan. En gros, une histoire de fierté de "fromages qui puent" !
Certes ! Tout cela n'est pas faux mais n'en fait-on pas un peu trop ?
Souvenez-vous l'été dernier... On parlait à l'époque de la menace d'une OPA du géant américain Pepsi sur la multinationale française Danone... Levers de boucliers : on parle alors d'une menace pour un fleuron de l'industrie française, une part de l'héritage qui part à l'étranger. Cocorico, Réveillons nous ! Ne laissons pas partir nos yaourts !
Je pensais déjà à l'époque que l'excès de patriotisme économique était ridicule quand on sait combien Danone avait racheté d'entreprises à l'étranger pour devenir le groupe qu'il est aujourd'hui... Et cette semaine, on nous joue la partition inverse ! Formidable !
Et si tout cela n'était que le jeu du capitalisme moderne ! On peut le contester, certes, mais à partir du moment où on en accepte les règles, il faut savoir prendre du recul face à ces flux de capitaux. Ce sont souvent les mêmes qui se plaignent des règles de l'économie mondialisée puis qui se réjouissent quand elles leur profitent.
Sachons prendre nos distances et gardons nos énergies pour conserver en France les quelques entreprises clés sur des secteurs stratégiques qui ont trait à la défense, à la sécurité, etc. Il manque en France une vraie démarche d'Intelligence économique. C'est un sujet sur lequel les pouvoirs publics devraient se pencher plus sérieusement au lieu de s'insurger en vain (ou de se féliciter sans raison) des différents flux du capitalisme mondial. La couverture grandiloquente des grands médias est un fait dont il faut certainement s'accommoder. Par contre, les réactions politiques opportunistes, aux résonances poujadistes, sont selon moi, totalement ridicules. Elles démontrent d'une certaine immaturité et d'un manque de courage de nos dirigeants sur les questions économiques, sur lesquelles les français sont globalement ignorants.
Ca m'énerve tellement que j'en ferais presque un fromage...

18.1.06

Dessiner un projet pour 2007 ? Chiche?

Je suis d'accord sur quelques-unes de vos analyses. Alors faisons un premier point et disons-nous les choses franchement, entre bloggeurs! Je dois vous dire d'abord, à Max en particulier, que ma colère n'est dirigé contre personne, et surtout pas contre les personnes qui acceptent le débat d'idées mais plutôt contre cette tendance horripilante, très française, à l'auto-flagellation. Sorti de ces pré-requis, je me risque à quelques propositions...Libre à vous de dégainer ou de rebondir... Et si nous dessinions ensemble au-delà des doctrines, petit à petit, débats après débats, le portrait-type, les contours du projet idéal selon nous pour 2007 ? Chiche ?

Je partage complètement l'idée que la France doit se transformer dans bien des domaines, et sur un rythme qu'elle n'a pas connue depuis longtemps. Quels domaines sont prioritaires selon moi?

- L'emploi des jeunes et en piorité des jeunes des quartiers défavorisés- le système éducatif avec une vraie politique de l'Université et la suppression d'un bac devenu inutile et coûteux!

- l'encouragement des politiques de recherche développement et plus généralement d'innovation technologique (la France ne doit plus perdre les cerveaux qu'elle forme!!!). La compétitivité du pays est surtout menacée selon moi par le fossé - le retard même -technologique qui se creuse avec nos concurrents...

- encourager le renforcement des grandes organisations syndicales, y compris par une dépense de l'Etat, et leur donner de vraies responsablités en matière de négociation et de décision. Cette responsablisation devrait se concrétiser par l'adhésion de trois ou quatre gros syndicats à une sorte de "cahier des charges", un cadre qui les contraindraient comme en Allemagne à avoir une culture de résultat...

- repenser notre politique fiscale, en réduisant notamment l'impôt sur les sociétés

- revenir sur les 35h dans les organisations qui ne supportent pas cette obligation ou faire des RTT un avantage possible, parmi d'autres. Etre de gauche ne signifie pas aveuglement économique ou adhésion servile à la méthode autoritaire de M. Aubry...

- enfin une vraie politique sociale liée à celle de l'éducation, dans la continuité de celle entreprise par Borloo, mais avec par exemple la création d'un service public de la petite enfance. Toutes les analyses concordent à dire que c'est entre 4 et 6 ans que les discriminations les plus grandes se font. Cette politique nécessite des mesures d'urgence. Ce ne doit pas être de l'affirmative action à l'américaine, basée sur l'idée de quotas. Mesures d'urgence, c'est faire des ZEP de vraies ZEP: pas avec un budget moyen supérieur de 8% à un établissement normal comme aujourd'hui mais avec des fonds massivement investis, supérieur de 100% aux établissements classiques. Ceci suppose comme De robien l'a proposé de réduire peut etre le nombre de ZEP. Mais il faut d'urgence arrêter le saupoudrage qui est un gâchis de l'argent public et donner toutes leurs chances aux gosses des quartiers pourris de France.

D'ailleurs je remarque sans ironie que la droite, sous l'influence de ses ministres centristes et radicaux, a bien changé sur ces questions. Et c'est très mieux. Mais je crois que cela reste contre sa nature profonde. La gauche, la gauche réformiste, doit se saisir de la question sociale pour en faire un projet fédérateur, source d'un futur dynamique économique et d'une cohésion national ragaillardie!

Ce ne sont pas que des mots, c'est selon moi la base d'un projet d'actions pour 2007.

16.1.06

En attendant nos Bronzés...


En 2005, les films français ont représenté 37% de la fréquentation des salles de cinéma de l'hexagone.

On peut évidemment se réjouir d'un tel chiffre, stable depuis plusieurs années et qui démontre la bonne santé désormais structurelle de l'industrie cinématographique hexagonale. Qui s'en plaindrait ?

Pourtant, pour voir les meilleurs films du moment, c'est bien vers le cinéma américain qu'il faut se tourner. Et ce n'est pas une exception...
Que ce soit "Good Night and Good Luck" de George Clooney, "Jarhead, la fin de l'innocence" de Sam Mendes ou bientôt "Munich" de Steven Spielberg, à l'approche des oscars, ces 3 longs métrages prouvent la haute qualité des oeuvres qui peuvent être générées par Hollywood. Jusque là, je ne vous apprend rien...
Pourtant, ces films ont un point commun : chacun traîte d'une réalité historique controversée avec mesure et intransigeance.
Prenons les deux premiers ("Munich" ne sort en salle que le 25 janvier).
"Good Night and Good Luck" traite brillamment de la sombre époque du MacCarthysme dans l'amérique des années 50.
"Jarhead" raconte la première guerre du Golfe à travers les yeux de marines désabusés par leur époque et frustrés par leur mission. Absolument génial.
Et ma première réflexion en sortant de ces deux films, qui s'annoncent déjà comme les meilleurs de l'année, fut la suivante : Pourquoi le cinéma français n'est-il pas capable de générer de telles oeuvres ?
Les films français savent nous émouvoir, nous faire rire, nous faire rêver, nous faire pleurer... mais peu nous font réfléchir sur notre histoire politique et militaire proche (en tout cas avec autant d'objectivité et si peu d'engagement partisan).
Pourquoi le cinéma français ne nous donne pas la chance de nous confronter aux guerres du Golfe, de Bosnie, du Rwanda, du Kosovo, de Côte d'Ivoire ou d'Afghanistan ? Pourquoi rien sur les écoutes de l'Elysée, le Rainbow Warrior, les grêves de 96, les diamants de Bokassa, le suicide de Bérégovoy ?Si vous avez une réponse, elle est la bienvenue...

J'ai peut-être une piste ! Et si le mode de financement du cinéma français tuait dans l'oeuf toute initiative de ce type ? Et si le système étatique de subvention publique à la culture (qui se justifie par ailleurs) était en partie responsable de cette auto-censure - d'autant plus quand les quasi-seuls pourvoyeurs de fonds privés sont les chaînes de télévision qui n'ont pas comme réputation d'avoir le goût du risque ?

La question mérite d'être posée. D'autant plus que les deux préalables sont réunis :
- les spectacteurs sont prêts à se déplacer (pour "Jarhead" comme en 2005, pour "Joyeux Noël", traîtant des fraternisations pendant la première guerre mondiale - cependant, encore une fois de l'histoire "ancienne")
- les moyens ne manquent pas. Les superproductions françaises sont nombreuses...

En attendant que les producteurs prennent leurs résponsabilités, "Les Bronzés 3" vous attendent en salle à partir du 1er février. J'espère que vous penserez à moi...

La rue Cambon serait-elle une vilaine gauchiste ?

Johnny Hallyday veut être Belge! C'est l'ISF qui le fait fuir, comme Noah, Prost ou Mauresmo...Ils partent rejoindre les pays les plus puissants d'Europe économiquement: la Belgique et la Suisse!! Nous sommes perdus!
Pourtant, loin d'aller dans le sens du vent dominant, de la doxa néo-libérale, le conseil des Impôts bouscule les certitudes des « maîtres fiscalistes de droite »… Les donneurs de leçons, apprentis économistes, colporteurs d'idées préconcues, pourfendeurs d'un archaïsme qu'ils pensent naturellement de gauche, vont être déçus. Voici les analyses déroutantes du Conseil des Impôts...

Dans un rapport rendu public, la rue Cambon tord le cou à bon nombre d’idées et ne craint pas de bousculer les certitudes, en affirmant notamment que la fiscalité française ne constitue pas un « handicap avéré » par rapport aux autres pays.
Le conseil, rattaché à la Cour des comptes, va plus loin encore en assurant que le niveau d’imposition « n’est pas prépondérant pour la localisation des activités et des emplois internationalement mobiles, qui sont bien davantage déterminés par des facteurs d’environnement géographiques, par la qualité des infrastructures et par le coût du travail ». Voilà pourquoi le Conseil ne préconise pas la baisse de l’impôt sur les sociétés, ni celle de l’impôt de solidarité sur la fortune, ni même celle de l’impôt sur le revenu.

Je continue ?

Il affirme ainsi que « la France n’est pas dans une position défavorable en matière d’impôt sur le revenu, même s’il demeure toujours possible de trouver dans certains autres Etats de meilleures conditions ». Le Conseil avoue certes qu’il « existe indéniablement un flux net limité - quelques centaines de personnes par an - de délocalisations de contribuables pour des raisons principalement fiscales ». Mais c’est pour aussitôt assurer que « ces expatriations ne constituent pas à ce jour un problème majeur pour l’Etat ». Tout simplement parce que l’impact symbolique des expatriations « est très supérieur à l’impact réel, dans la mesure où les délocalisations de personnes physiques ne s’accompagnent pas toujours de la délocalisation des activités dans lesquelles leur patrimoine est investi ».
Il conclut logiquement : « une réforme de l’ISF ne pourrait être recommandée au noms d’arguments relatifs à l’attractivité de la France, ou au maintien d’activités en France ».


15.1.06

Boulevard Mitterrand, impasse des Roses


Voilà plus d'un mois que notre blog a vu le jour. Ambidextre doit désormais trouver son rythme de croisière. J'en profite pour remercier nos assidus lecteurs. Vous êtes déjà nombreux à avoir pris part aux débats. Vous êtes unanimes dans vos encouragements à poursuivre notre initiative. Merci beaucoup.
Si vous souhaitez nous voir réagir sur tels ou tels sujets, faites le savoir, comme Thomas, qui souhaitait nous voir amorcer le débat sur la "Rose-talgie mitterrandienne". C'est chose faîte avec ce post...


Selon un sondage Sofres pour le Nouvel Observateur, François Mitterrand arrive juste derrière le général De Gaulle (30% vs 39%) comme meilleur président de la Ve République. Les trois autres présidents arrivent très loin derrière : Jacques Chirac obtient 7% des suffrages, Valery Giscard D'Estaing 6% et Georges Pompidou seulement 5%.
Les résultats de ce sondage ne me surprennent pas. Le seul président socialiste de la Ve république fait le plein des opinions positives à gauche et a pour lui le plus long mandat de la période prise en compte. L'abolition de la peine de mort contribue pour une bonne part à l'image positive du président. J'acquiesce sur ce point. La personnalité de l'ancien président est également déterminante. L'image du Président de la République que se sont forgé les français est largement inspirée de la pratique monarchique du pouvoir de Mitterrand.
Ce sondage a servi à tous les éditorialistes pour parler d'une "réhabilitation" de Mitterrand, voire d'une nostalgie qui tranche avec les commentaires peu complaisants à sa mort, dix ans auparavant...
Je note tout de même qu'aujourd'hui, on encense l'homme, le fin tacticien, l'homme de lettres, le séducteur et le père de Mazarine mais on parle peu de son bilan. Lui qui a accompagné la France dans sa dépression pendant que l'Angleterre se réformait, l'Allemagne se réunifiait, L'Espagne se démocratisait et les Etats-Unis prospéraient...
Les commentaires à l'occasion de cet anniversaire relèvent beaucoup de l'effet de mode et de l'agitation médiatique. C'est presque normal. Il faut s'y accommoder.
Le plus inquiétant, c'est le sens que veut donner le Parti Socialiste à ces commémorations. Le spectacle donné à Jarnac, le week-end dernier, était édifiant d'archaïsme et de ridicule. Fabius portant le chapeau et l'écharpe rouge pour aider les plus sceptiques à l'imaginer à son tour en président de la République, c'était la démonstration que décidément notre gauche, à trop vouloir faire la révolution, avait oublié de faire la sienne.
Construire un parti moderne et social-démocrate est incompatible avec la nostalgie mitterrandienne. Ni sa politique économique, ni sa conception hégémonique du pouvoir n'ont de sens au XXIe siècle. Il est temps pour le PS de tuer le père...

14.1.06

N'oubliez pas l'Europe !

Ce pont a marqué pendant longtemps la frontière physique mais aussi psychologique entre deux mondes. L'Ouest avec sa liberté, l'Est avec ses interdits. Aujourd'hui tout cela a heureusement disparu. Les lignes de partage idéologique se sont redessinées autour de nouveaux enjeux.

Cela ne signifie pas que le clivage droite/gauche n'a pas de sens mais que les lieux du débat ont changé. La démocratie libérale a aussi intallé de nouvelles règles, qui pousse les grands partis de gouvernement à proposer une offre politique crédible, donc réaliste.

Sur quoi repose la distinction droite/gauche aujourd'hui? sommes-nous condamnés à un affrontement mou? voire même à la fin de tout affrontement? Regardez comment la droite est désormais passionnée par le thème de la cohésion sociale ou de l'égalité des chances...regardez aussi comment la gauche a su privatiser certaines grandes entreprises publiques ou poursuivre la construction du Marché unique européen... Alors sur quoi nous oppose t-on ?

Je crois par exemple que l'Europe est le nouveau terrain du clivage droite/gauche. Européen de gauche, je souhaite que l'Europe soit un espace de protection sociale, un rempart contre les attaques de l'hyper capitalisme mondial. Je veux une relance de la construction européen par le social et non plus seulement par l'économique. La coordination des politiques sociales et l'harmonisation fiscale doivent être les priorités de la gauche progressiste.

Ainsi la leçon du 29 mai 2005 n'aura pas été complètement vaine...

6.1.06

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simpliste ?

Un premier post sur l'actualité politique internationale, assez mouvementée en ce moment. Le premier ministre israélien, Ariel Sharon, est hospitalisé dans un état grave à Jérusalem. Ces jours sont en danger et il y a aujourd'hui peu de chances qu'il puisse à nouveau exercer ses fonctions.

Le traitement médiatique de ce sujet m'interpelle. Il est très étonnant de voir quelle dimension prend cet homme d'état dans de telles circonstances. On salue et regrette l'homme de Paix. On s'inquiète pour le processus de Paix. Les extrèmistes israéliens se réjouissent lâchement et les palestiniens en sont presque à craindre un avenir plus sombre...
Oui, on parle bien d'Ariel Sharon. Le général sanguinaire de Sabra et Chatila...
Mais où est-donc le "faucon" que s'amusaient à stigmatiser les antimondialistes, il y a à encore quelques mois ? Est-ce bien son portrait qu'on brulaît dans les manifestations pacifistes de l'hiver 2003 ?
Je vois que le grand sac dans lequel on avait jeté en vrac, les prétendues "ordures" de tous genres, se vide bien vite. Ses détracteurs s'étaient-ils tromper ? Pas forcément complétement. Sharon restera toujours, en partie, le général israélien qu'il a été.
Je repproche simplement ici la diabolisation. La politique est bien trop complexe et les hommes politiques bien trop humains pour s'en aller à tant de manichéisme.
Je vous invite à méditer cela à propos d'un autre grand "salop" : George W Bush.
Et si l'homme était moins con, et si le président était moins incompétent, et si son bilan ne serait pas finalement moins sombre que tant de démagogie tend à le dire... ? Ce n'est pas là une affirmation, simplement une invitation à la réflexion...
Un bon exemple de courage intellectuel, ce mois-ci dans le magazine Rolling Stone : une interview fleuve de Bono, le leader de U2 qui n'hésite pas, entre autre, à lâcher ces mots : "je ne peux pas me permetrre de critiquer quelqu'un qui a doublé, triplé, l'aide que son pays apporte à l'Afrique." C'est de Bush dont il est question et malgré ces mots, il ne se gêne pas à le juger sévérement sur bien d'autres sujets...

3.1.06

la voix qui porte

Adhérent depuis deux ans à l'UMP, je viens de recevoir aujourd'hui par La Poste, deux courriers distincts provenant de ma formation politique.

Dans un premier courrier, on me propose de retourner rapidement le bulletin de renouvellement de cotisation 2006. Jusque là, rien de très étonnant pour un parti que de vouloir convaincre à nouveau les citoyens déjà séduits l'année précédente.
Mais cette ré-adhésion prend un sens bien plus important à la lecture du deuxième courrier. C'est en effet une lettre de notre président, Nicolas Sarkozy, accompagnée de mes "codes pour voter" et de quelques explications.
En effet, l'UMP est devenue certainement la formation politique la plus démocratique de France. Son fonctionnement a connu une véritable révolution sous l'impulsion de son président.
Les adhérents vont devoir se prononcer sur la réforme des statuts et la question de la désignation du candidat à l'éléction présidentielle, du 9 au 21 janvier 2006.
Les cotisants 2006 de la fédération de Paris, comme moi, pourront ensuite désigner, par des primaires historiques, le candidat de l'UMP à la mairie de Paris, du 21 au 24 février sur internet et le 25/02 et 04/03 dans les permanences.
Fort de ses 210 000 adhérents, l'UMP est une véritable force d'innovation en ce qui concerne les structures partisanes en France. Cela joue évidemment un rôle direct sur l'émergence d'un projet complet. J'aurai l'occasion de revenir sur ce point (notamment sur l'organisation des conventions thématiques) dans un prochain post.

2.1.06

Bonne année et à vos calendriers

Tous mes voeux pour cette nouvelle année et longue vie à notre blog...

Rassurez-vous, nous ne vous demanderons pas d'argent. C'est pourtant bien la saison.
Vous avez peut-être eu la chance d'avoir la visite de votre facteur, éboueur ou pompier ces derniers jours. Chaque année, ils consacrent (un peu de) leur temps libre pour venir nous importuner de porte à porte et nous proposer leur calendrier. L'occasion, pour nous citoyens,de mettre, à nouveau, la main au porte-monnaie.
Passons sur la piêtre qualité des illustrations... les photos de chats ou de granges en feu ne sont certes pas du meilleur goût pour décorer votre séjour mais là n'est pas la question.
Il s'agit plutôt là d'une question de principe. Pourquoi moi, jeune contribuable (depuis peu, je l'avoue!) devrais-je me sentir obligé de céder à ces VRP de la fonction publique alors que ces agents ne font que leur métier. Ni plus, ni moins.
J'ai donc pris ma décision. Cette année, mon facteur repartira avec ses chats et ses montagnes. C'est le moindre que je puisse faire pour déplorer les interminables files d'attente en bureau de poste, les horaires d'ouverture, on ne peut moins souples et les coûts exorbitants d'un changement d'adresse ou d'un recommandé.
Je céderai peut-être aux avances du pompier... mais ce sera alors contre mes principes !