31.1.06

C PE… et déjà beaucoup trop !


Allez hop, circulez, y a rien à voir ! C’est la nouvelle méthode gouvernementale. Allez hop, on bouscule l'ordre du jour parlementaire, on accélère l'examen du projet de loi sur l'égalité des chances et hop !on y glisse le Contrat Première Embauche. Tant pis pour le débat prévu sur la loi de programmation de la recherche. L’innovation et l’intelligence peuvent bien attendre… La priorité désormais, c’est le CPE ! un tout nouveau contrat destiné aux jeunes de moins de 26 ans, embauchés dans les entreprises de plus de 20 salariés avec une période d'essai de deux ans au cours de laquelle le salarié peut être licencié sans motif. Alors les jeunes, qu’en pensez-vous ?

J’ai suivi les débats à l’Assemblée nationale puis écouté le Premier Ministre sur France 2 mardi soir. Je n’ai pas voulu juger hâtivement. J’ai attendu les explications et entendu les arguments. De Villepin ne m’a pas convaincu. Au-delà des cris d’orfraie poussés par certains à gauche, je veux essayer de vous dire pourquoi je ne crois pas au CPE.

Aujourd’hui 70% des jeunes se font embaucher en CDD, et les deux tiers ne sont pas renouvelés. Or il risque de se passer avec le contrat première embauche la même chose qu'avec la mise en place des CDD : en voulant contourner la lourdeur des CDI, on ne fait qu'augmenter le taux de rotation. Le grand problème du CPE, c'est que je ne vois pas ce qui va inciter l'entreprise à le transformer en CDI au bout de deux ans. Comme l'ont fait les CDD, les CPE vont augmenter le taux de rotation sans faire baisser le taux de chômage, ou seulement à court terme. Il risque de créer plus de précarité sans stabiliser l’emploi. Quand vous jouez sur la segmentation du marché du travail, vous créez des emplois demain, mais vous incitez à les détruire le surlendemain. On peut bien faciliter tant qu'on veut l'entrée sur le marché du travail d'un côté, si rien n'est fait de l'autre pour le maintenir, ça ne sert à rien.

Il faut améliorer le fonctionnement du marché du travail. De ce point de vue là, je ne bannis pas les contrats à durée déterminée. Mais ce type de contrat, qui donne une certaine flexibilité à l’entrepreneur, est cent fois mieux qu’un CPE car il y a un minimum de stabilité. Je pense que l’absence de souplesse du marché du travail est aujourd’hui critiquable mais cela ne veut pas dire qu’il faille pour autant casser ce que le droit du travail a construit. Le chômage des jeunes est de 22,7%. Nous sommes d’accord dès lors, au moins sur le constat: il faut agir et vite. Mais l’urgence ne signifie pas qu’il faille tout accepter. Nous sommes dans une économie ouverte. Plus personne ne l’ignore. Cela signifie t-il qu’il faille penser notre droit du travail seulement comme un handicap ? Nous contenter tels des travailleurs bengalis, d’un simple bol de riz, pour exister dans la compétition par les coûts ?


Ne pourrait-on pas plutôt penser à une vraie dégressivité de l’impôt sur les sociétés pour les entreprises jouant le jeu du CDI ? Avec une mesure aussi sexy pour les boîtes et aussi peu protectrice pour les salariés, disons les choses clairement, les effets d’aubaine prévaudront.

Créer le CPE, ce n’est pas donner une chance aux jeunes, c’est dissuader l’entreprise de les embaucher en CDD ou en CDI. Bien sûr, le CPE comprend un minimum de protection comme l’indemnité de 8 % du salaire en cas de licenciement. Mais enfin, qui peut encore croire que ce contrat est une solution à encourager ? Qui peut croire qu’il n’existe aucune voie possible entre une défense aveugle des protections et un besoin de sécurisation minimum ? Pas moi en tout cas.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Epineux problème...

Franchement, mon seul commentaire est de vous dire que je ne sais pas quoi en penser.
Je penche entre les possibilités que cela peut créer aux vues de la flexibilité que le cpe apporte, et la crainte d'une hausse certaine de la précarité...

ALors bon je laisse vos autres bloggeurs assidus se pencher sur ce thème.
Un question cependant, quelle solution préconisez vous?
Enfin pour ceux qui auraient envie de se reposer les neurones, welcome sur mon blog!
http://leparisdepo.over-blog.com

On y débat plutôt sur la question,ô combien passionnante, de la vie parisienne!

Nicolas Vignolles a dit…

Pas facile en effet chère Po' car comme tu le dis assez justement flexibilité et précarité sont ici liées.
Le problème du CPE se situe là selon moi. Il ne permet pas de penser la flexibilité sans la précarité or d'autres pays ont démontré (notamment l'Espagne) que cette voie était possible.

Des solutions différentes sont évidemment possibles pourncourager l'embauche des jeunes. Un abaissement des charges fiscales, impôt sur les sociétés, proportionnel au nombre de CDI proposés à des jeunes de 26ans, c'est une piste.

Souplesse ne veut pas dire précarité or la droite actuelle est en train de nous faire croire que l'un ne peut aller sans l'autre.
C'est pas l'absence de projet de la droite que je dénonce aujourd'hui, c'est le projet de société qu'elle est en train d'essayer d'installer en France en passant outre le Parlement.

Anonyme a dit…

Pas facile de trancher effectivement!
Cependant, en tant que future responsable RH, je me penche très sérieusement sur la question. Alors, je me lance ....
En tant que futur recruteur, je ne peux écarter les avantages d’un tel contrat. En effet, ce contrat nous permettrait d’être moins frileux lors des entretiens de recrutement. Aujourd’hui, la difficulté pour le recruteur est de trouver une personne ayant les compétences nécessaires pour occuper tel poste. Or, il est évident que les compétences s’acquièrent aussi avec le temps, c’est pourquoi aujourd’hui l’on recrute plutôt des « profils expérimentés ». Ce contrat change la donne : l’avantage économique consenti à l’embauche de jeunes compense le manque d’expérience. D’autant plus qu’un jeune recruté en CPE a droit, dès le premier mois d’embauche, au Droit Individuel à la Formation (DIF). Bref, le jeune gagne des points face au plus expérimenté ! Cependant cela signifie aussi autre chose : le CPE ne permettra pas forcément d’augmenter le volume global de l’embauche, il risque d’induire uniquement une préférence pour une catégorie particulière de postulants (les jeunes) au détriment d’une autre (les personnes plus âgées).
Par ailleurs, voici une question à méditer : « ne vaut-il pas mieux la précarité dans l’emploi que la stabilité dans le chômage ? »
Et des questions j’en ai des tas d’autres (quel management pour ces jeunes ? quid de la discrimination positive fondée sur l’âge ? etc…) !
Le débat est ouvert et c’est déjà pas mal. Je regrette néanmoins que ce débat porte sur un régime spécial et non sur le régime général de protection de l’emploi. Et je regrette aussi que la tendance des entreprises aujourd’hui est de considérer l’emploi comme une variable d’ajustement : une certaine culture managériale voit dans les ressources humaines un coût plutôt qu’un investissement. Et c’est à mon avis là que le bas blesse…

Thomas Bertrand a dit…

Les inégalités qui sont dénoncées existent déjà et le CPE est une chance pour des entreprises qui souhaitent embaucher en prenant moins de "risques" et pour certains, pour obtenir une première expérience. Il faut arrêter de prendre un patron pour un méchant monsieur qui veut embaucher pour mieux virer ! Si un employé est bon, il aura son CDI, ce n'est pas dans l'intérêt de la majorité des compagnies de remplacer son personnel à tout va...

Pour le titre de ce post, je voulais savoir s'il y avait une allusion au "contrat Pierre Eloi" ?

Nicolas Vignolles a dit…

Point de vue très éclairant de la part de Marie!! je partage beaucoup de tes oinions, notamment la perception de l'embauche comm un coût supplémentaire et non comme un investissement en France. Je ne pense pas que cette frilosité n'ira en s'arrangeant avec des contrats type CPE.

Tu le dis toi même les DRH vont certainement trouver le CPE sexy mais ne va t-on pas privilégier ces contrats aux CDD et CDi existants. Auxquels cas l'effet sur le niveau général de chômage ne baissera que très faiblement, le CPE ne venant remplacer de potentiels CDD.

Débat à suivre...

Anonyme a dit…

Moi j'ai une question à vous poser: et si on attendait avant de parler? l'economie n'est malheureusement pas une science exacte sinon bien des erreures auraient été empéché. Alors pourquoi s'acharnetons toujours à créer des débat avant de constater????

Anonyme a dit…

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