14.1.06

N'oubliez pas l'Europe !

Ce pont a marqué pendant longtemps la frontière physique mais aussi psychologique entre deux mondes. L'Ouest avec sa liberté, l'Est avec ses interdits. Aujourd'hui tout cela a heureusement disparu. Les lignes de partage idéologique se sont redessinées autour de nouveaux enjeux.

Cela ne signifie pas que le clivage droite/gauche n'a pas de sens mais que les lieux du débat ont changé. La démocratie libérale a aussi intallé de nouvelles règles, qui pousse les grands partis de gouvernement à proposer une offre politique crédible, donc réaliste.

Sur quoi repose la distinction droite/gauche aujourd'hui? sommes-nous condamnés à un affrontement mou? voire même à la fin de tout affrontement? Regardez comment la droite est désormais passionnée par le thème de la cohésion sociale ou de l'égalité des chances...regardez aussi comment la gauche a su privatiser certaines grandes entreprises publiques ou poursuivre la construction du Marché unique européen... Alors sur quoi nous oppose t-on ?

Je crois par exemple que l'Europe est le nouveau terrain du clivage droite/gauche. Européen de gauche, je souhaite que l'Europe soit un espace de protection sociale, un rempart contre les attaques de l'hyper capitalisme mondial. Je veux une relance de la construction européen par le social et non plus seulement par l'économique. La coordination des politiques sociales et l'harmonisation fiscale doivent être les priorités de la gauche progressiste.

Ainsi la leçon du 29 mai 2005 n'aura pas été complètement vaine...

7 commentaires:

Nicolas Vignolles a dit…

Cet endroit, Nicolas, je le connais bien puisque nous l'avons decouvert ensemble.
[Précision pour nos visiteurs, il s'agit de l'oberbaumbrücke, pont sur la Spree à Berlin et l'un des points de passage entre Berlin Ouest et Berlin Est.]
Cette photo a été prise du pied d'un des derniers pans du Mur de Berlin encore debout (à l'East Side Gallery). Ce lieu, chargé de symbole, n'est pas innocent dans la construction de mes convictions européennes. Au même titre que l'alignement sordide des barraquements de Birkenau, il y a des paysages en Europe qui vous marquent et qui semblent vous crier , en effet : "N'Oubliez pas de construire l'Europe !".
Cette conviction, Nicolas, nous la partageons et c'est pour cela que je ne suis pas sûr de bien saisir ton post.
L'exemple de la construction européenne n'est pas le plus représentatif du clivage droite-gauche. Il est davantage pour moi l'expression du socle commun qui nous rassemble toi et moi, autour des valeurs de démocratie, de liberté et de prospérité.
On l'a vu lors du 29 mai, si l'Europe est théatre d'affrontement clivant, c'est bien à l'intérieur même du parti socialiste.
L'état de la dynamique européenne est si mauvais aujourd'hui qu'il me semble préférable d'allier nos forces de pro-européens des 2 camps pour convaincre les français dubitatifs ou révoltés, avant de faire la liste de nos divergences sur des questions aussi pointues que l'harmonisation des politiques fiscales en Europe.
Sur ce point, d'ailleurs, je te préviens d'un danger qui guette ton camp. Croire en une harmonisation sur la base des standards fiscaux français (c'est à dire, plutôt à la hausse vs le peloton européen), c'est oublier les intérêts de nos partenaires. Pour quelqu'un qui prône le réalisme...

Nicolas Vignolles a dit…

On peut avoir des convictions pro-européennes en commun et pourtant ne pas vouloir construire la même Europe.

Les valeurs de démocratie, de liberté et de prospérité que tu évoques, sont certes décisives mais elles ne sont qu'un socle. Etre de droite ou de gauche ne signifie pas que l'on souhaite construire sur ce socle, la même Europe. Je crois par exemple en la nécessité de créer un Smic européen, de penser un droit social communautaire et d'harmoniser au plus vite les fiscalités européennes.

Autre précision,selon moi, le vote du 29 mai ne s'est pas joué qu'au sein du PS. La réalité, c'est que 55% des Français ont dit non. Preuve qu'il n'y a pas qu'au sein du PS que l'Europe est un "théâtre d'affrontement clivant", il l'est pour l'ensemble de la société.

Je pars du principe, qu'en démocratie, les électeurs ont toujours raison. Aujourd'hui une majorité refuse l'Europe qu'on lui propose. Le message est clair, non?Il faut repenser notre manière de la construire.

Le risque est grand : fermer les yeux, faire comme si de rien n'était, et continuer à voir le Grand Marché comme la fin des fins. Et ne pas comprendre que la nature du message envoyé.

Je ne crois pas que le vote du 29 mai soit le seul résultat d'une campagne de communication râtée ou du manque de pédagogie des grands leaders politiques. Pas plus en l'idée d'un simple vote-sanction à l'égard du gouvernement Raffarin. Je crois en l'électeur-adulte. En conscience, les Français ont dit non!

La responsabilité de la gauche progressiste, proeuropéenne, est d'entendre les urnes et d'en tenir compte dans sa manière de penser l'Europe.

Crois-tu vraiment que les Français se sentiront européens parce que les élites le leur auront martelé? L'Europe est aujourd'hui perçue comme le cheval de Troie d'une mondialisation qui tétanise les Français. L'euroscepticisme a de beaux jours devant lui si l'on continue à ne pas vouloir défendre l'idée d'un projet social européen. Il y même urgence à construire ce projet social. Et tant pis, si avec la fiscalité, le volet social est le plus dur à bâtir. On ne peut plus en faire l'économie.

Faire société avant de faire affaire, la logique ne devrait-elle pas être celle-ci ? C'est le sens du combat qui s'ouvre pour la gauche réformiste!

Nicolas Vignolles a dit…

pour ceux que la question intéresse, lisez ce bon article tiré des Echos:

http://www.blogdsk.net/dsk/files/comment_la_gauche_peut_relancer_la_construction_europenne.doc

Nicolas Vignolles a dit…

Un vote est un vote. Je ne trouve pas acceptable de dire que 55 % des Français ont voté "non" faute d'avoir pigé le texte.C'est un discours très "rive gauche" qui participe de l'idée que le "oui" était le vote des gens qui savent lire et compter sur leurs dix doigts...
Tu ne t'es à aucun moment demandé si l'Europe qu'on proposait aux Français était vraiment la bonne? Au-delà de la nécessité d'être pragmatique, l'Europe ne s'est-elle finalement pas faite sans l'avis des principaux intéressés, à savoir les européens ? combien de réferendums en 60 ans de construction?

Au-delà des regrets, le vrai pragmatisme aujourd'hui, ce n'est pas de dire : "le non du 29 mai n'est pas constructif". Le vrai pargmatisme selon moi,c'est de dire, à l'instar de DSK, qu'il faut que les réformistes européens se saisissent du projet européen et construisent enfin une Europe sociale.

Enfin oui, je crois en l'électeur-adulte-qui-répond-à-la-question-qu'on-lui-pose. Je crois en un électeur humain, informé mais influençable, apeuré par la mondialisation et ses excès, en colère contre son gouvernement, en défiance face aux grands partis. Je crois en tout cela. Tout cela, ce n'est pas être immature, c'est être humain.Et oui, c'est peut-être aussi être français.

Le rêve des centristes est-il de faire voter des machines, des gentilshommes pouvant payer le sens, des personnes de bonne éducation? Est-ce la voie parlementaire et non référendaire, celle qui a peur de ce que pourrait dire le peuple pourtant souverain ?

Je ne crois pas que ce soit la démocratie à laquelle nous croyons.

Nicolas Vignolles a dit…

Sur le traité de constitution européenne, aussi respectable et souverain soit le vote des français, quels qu'ils soient, je ne voudrais pas que vous oubliez que la France, les français et leurs hommes politiques ne construisent pas l’Europe seuls mais bien avec 24 autres pays qui, malheureusement peut-être, ne manifestent pas forcément l'envie d'une Europe plus sociale.
Le pragmatisme post-29 mai, c'est aussi se dire que la France s'est marginalisé, qu'elle a perdu sa main mise sur la construction européenne et que le prochain projet de constitution a peu de chance d'être celui de Monsieur Fabius...
L'Europe la plus sociale que pouvait espérer la gauche française, c'était bien celle de Giscard.
L'Europe la plus avancée que pouvait craindre les souverainistes, c'était bien celle de Giscard.
J'ai bien peur que le non du 29 mai ne soit qu'une impasse. Et pour sortir d'une impasse, il n'y a qu'une seule solution, faire demi-tour... la route du Oui est bien plus sûr pour le peuple français. Un peu de prévention saura le lui faire comprendre : Il n'est pas vrai que tous les chemins mènent au traité de Rome...

Nicolas Vignolles a dit…

Drôle de conception du vote...un non signifie un futur oui forcé? Pas très démocrate toute ses théories.
Quant à dire que les 24 autres pays ne manifestent pas l'envie d'une Europe plus sociale, c'est peut-être vrai pour certains, tout juste sorti du communisme ou du franquisme. Toutefois, à y regarder de près, lorsque l'on observe les dernières enquêtes consacrées aux valeurs partagées par les Européens. Qu'observe t-on ? Et bien que le désir de protections sociales est l'une des valeurs communes au niveau des 25...

Je n'ai rien contre le formidable espace commercial européen et le dynamisme des nouvelles démocraties de l'Est. Mais je crois que la question sociale et fiscale est aujourd'hui centrale avant de poursuivre. L'Europe, si elle n'est pas ni française ni hollandaise, ne se fera ni contre les Français ni contre les hollandais! Mais enfin, quand cessare t-on d'associer le mot "social" à "archaïsme". Vouloir des protections, ce n'est pas vouloir la mort du capitalisme, c'est souhaiter en limiter les effets pervers.

Nicolas Vignolles a dit…

Je ne partage pas du tout ta manière de percevoir ce qui reste tout de même notre pays.

Tu crois que tous les jeunes voyagent en Europe? Dans quelle monde vis-tu ? Seuls 1% des étudiants européens bénéficient du programme erasmus.C n'est pas etre de gauche ou de droite que de dire cela, c'est décrire le réel!

Qui t'as parlé d'alter-mondialistes? Sors de tes fantasmes! Il n'y a pas 55% de gauchistes en France. Tu es dans la caricature totale. Les français sont fainéants, payés à rien foutre, dépolitisés. C'est non seulement un portrait faux de notre pays mais un discours ambiant que je ne peux plus supporter.

Si c'est tellment nul chez nous, alors barrez-vous à londres ou à New York, peut-etre trouverez vous des gens de votre culture!

Moi je ne partage ni ton manichéisme ni le couplet pessimiste de la France qui décline. Nous sommes Français, pas anglais, pas américain, pas alland, pas polonais, simplement français.

Et de quelle arrogance parles-tu? de celle qui font lees bons gros clichés sur les pays? Les Français n'ont pas avoir honte de ceux qu'ils sont. Ayons un peu foi en notre nation!

Mais le discours de droite est celui du déclin quand celui de Strauss-Kahn porte sur l'innovation et le dynamisme...Ni la Sécurité, ni le CNE, ni même la suppression de l'ISF ne font un projet!