16.1.06

En attendant nos Bronzés...


En 2005, les films français ont représenté 37% de la fréquentation des salles de cinéma de l'hexagone.

On peut évidemment se réjouir d'un tel chiffre, stable depuis plusieurs années et qui démontre la bonne santé désormais structurelle de l'industrie cinématographique hexagonale. Qui s'en plaindrait ?

Pourtant, pour voir les meilleurs films du moment, c'est bien vers le cinéma américain qu'il faut se tourner. Et ce n'est pas une exception...
Que ce soit "Good Night and Good Luck" de George Clooney, "Jarhead, la fin de l'innocence" de Sam Mendes ou bientôt "Munich" de Steven Spielberg, à l'approche des oscars, ces 3 longs métrages prouvent la haute qualité des oeuvres qui peuvent être générées par Hollywood. Jusque là, je ne vous apprend rien...
Pourtant, ces films ont un point commun : chacun traîte d'une réalité historique controversée avec mesure et intransigeance.
Prenons les deux premiers ("Munich" ne sort en salle que le 25 janvier).
"Good Night and Good Luck" traite brillamment de la sombre époque du MacCarthysme dans l'amérique des années 50.
"Jarhead" raconte la première guerre du Golfe à travers les yeux de marines désabusés par leur époque et frustrés par leur mission. Absolument génial.
Et ma première réflexion en sortant de ces deux films, qui s'annoncent déjà comme les meilleurs de l'année, fut la suivante : Pourquoi le cinéma français n'est-il pas capable de générer de telles oeuvres ?
Les films français savent nous émouvoir, nous faire rire, nous faire rêver, nous faire pleurer... mais peu nous font réfléchir sur notre histoire politique et militaire proche (en tout cas avec autant d'objectivité et si peu d'engagement partisan).
Pourquoi le cinéma français ne nous donne pas la chance de nous confronter aux guerres du Golfe, de Bosnie, du Rwanda, du Kosovo, de Côte d'Ivoire ou d'Afghanistan ? Pourquoi rien sur les écoutes de l'Elysée, le Rainbow Warrior, les grêves de 96, les diamants de Bokassa, le suicide de Bérégovoy ?Si vous avez une réponse, elle est la bienvenue...

J'ai peut-être une piste ! Et si le mode de financement du cinéma français tuait dans l'oeuf toute initiative de ce type ? Et si le système étatique de subvention publique à la culture (qui se justifie par ailleurs) était en partie responsable de cette auto-censure - d'autant plus quand les quasi-seuls pourvoyeurs de fonds privés sont les chaînes de télévision qui n'ont pas comme réputation d'avoir le goût du risque ?

La question mérite d'être posée. D'autant plus que les deux préalables sont réunis :
- les spectacteurs sont prêts à se déplacer (pour "Jarhead" comme en 2005, pour "Joyeux Noël", traîtant des fraternisations pendant la première guerre mondiale - cependant, encore une fois de l'histoire "ancienne")
- les moyens ne manquent pas. Les superproductions françaises sont nombreuses...

En attendant que les producteurs prennent leurs résponsabilités, "Les Bronzés 3" vous attendent en salle à partir du 1er février. J'espère que vous penserez à moi...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je crois que le CNC est indépendant, non ? Leur siège est collé à mon immeuble, si vous voulez je leur demanderai ;-) Non j'en sais rien pour être franc.
Dans la série historique, il y a bien eu le film sur Mitterrand (tiens, encore lui) qui n'était pas complètement tendre avec lui. Mais en effet, cela concernait uniquement la personne, pas l'homme politique et ses réformes. Dommage ;-)
Et pourquoi ne pas revisiter la Guerre d'Algérie ? Pourquoi ne pas parler des tirailleurs sénégalais ?
Et si la France avait honte de son passé? Si la France n'était pas capable de regarder son passé, son histoire? N'est-ce pas ce qu'ont démontré tous les bruits autour de la loi sur le "rôle positif de la colonisation" ?

Sincèrement, je n'ai pas un avis très tranché là-dessus...

Mais je pense, un peu comme le dit Max (c'est bien max?), que chacun a sa spécialité. Le cinéma français est assez fort pour faire de la comédie, du drame. C'est déjà pas mal.

Anonyme a dit…

Cinéma américain/cinéma français,

On peut effectivement opposer les deux, devant ce qui nous est proposé sur les écrans.

Cette opposition, cette différence ne vient pas uniquement d'une histoire d'argent. L'origine, je crois, est ailleurs.

Il se trouve qu'aux USA, il y a de nombreux intellectuels qui font du cinéma, je pense notamment à Gus Van Sant, Ang Lee, Martin Scorcese, Abel Ferrara, et tant d'autres.

Tu remarqueras qu'en France, on n'en est pas là : quand on donne des millions pour faire Astérix, Taxi, Le Chevaliers du Ciel, etc... on donne de smillions à des ignorants qui font de la soupe.

Aux USA, il arrive encore qu'on fasse des films avec un scénario, tandis que chez nous, on fait des films pour TF1 !

Ceci étant dit, on a parfois d'excellentes surprises : en 2005, il nous a été possible de voir "De battre mon coeur s'est arrêté" ou "Zim and Co", ce qui nous laisse un peu d'espoir. Même si pour 2 petites merveilles, il faut voir passer 10 grosses merdes !

Continue de nous faire réfléchir, et n'hésite pas à lire mes critiques !

ChonChon