8.6.09

Se relever après les européennes. Propositions.

Les lendemains de défaite sont parfois durs, souvent aussi porteurs d'enseignements et pourquoi pas, d'une réaction inattendue et salvatrice. Après avoir résisté aux législatives de 2007, aux municipales et cantonales de 2008, le PS s'effondre en 2009, rattrapé sur le sujet même qui avait fait naître dans ses rangs la division : l'Europe. De la discorde à l'échec, il n'y avait pas long.

Mon analyse est simple : nous payons en 2009, de ne pas avoir encore tranché le débat de 2005 sur le traité constitutionnel européen. "Ni oui ni non, bien au contraire", cela n'a jamais fait un programme. Le manifesto était une belle démarche politique, mais totalement inconnue de notre électorat. La campagne socialiste aurait dû en permanence valoriser et expliquer ce texte signé à 27! Faute d'enthousiasme plus que de stratégie, enfermé dans une opposition frontale à Sarkozy, manquant d'idées réellement neuves, le PS ne faisait tout simplement pas envie. L'Europe méritait non pas tant une explication, mais de l'enthousiasme! Les Français ne souffrent pas d'une méconnaissance de l'Europe, ils en ont peur ! Je ne crois pas aux vertus de la pédagogie en matière européenne - c'est un faut débat -, je crois bien plus à celles du dynamisme, du volontarisme, de l'envie.



Après cette défaite électorale majeure, que faut-il faire ?



D'abord, opérer le rassemblement du Parti et annoncer rapidement un calendrier de travail, des conventions thématiques couvrant l'ensemble des sujets importants. Il nous faut assigner à chaque commission thématique du Parti un objectif simple : la production d'un document écrit préparatoire à une convention thématique. Chaque commission doit se voir fixer un calendrier et être d'ores et déjà "positionné" en mode projet. A partir de septembre 2009, devraient être programmées 7 ou 8 grandes conventions thématiques, dont les derniers détails devront être au coeur de l'université de la Rochelle d'aout prochain. Les conventions devront être totalement ouvertes au public, et être conclues par un vote également ouvert à tous les conventionnels (inscription en début de week-end selon une somme comprise entre 3 et 30 euros selon les revenus). Le vote portera sur des orientations et non sur un programme précis. Par exemple : "Si les critères d'adhésion sont réunis, sommes nous pour une entrée à terme de la Turquie dans l'UE ?" ou "Compte tenu de l'état des universités françaises, sommes-nous prêts à financer l'enseignement supérieur autrement que par l'Etat ?" Les médias devront être autorisés durant tous les débats, dans toutes les tables rondes.

La dernière convention devra nous servir à trancher la manière d'organiser des primaires totalement ouvertes afin de désigner notre candidat pour 2012. Elle devra nous permettre de voter sur la formule que nous voulons : primaire réservé aux militants PS, primaires ouvertes aux sympathisants, primaires ouvertes au citoyen.


Ensuite, il nous faudra entre septembre 2010 et novembre 2011, construire, avant même la présidentielle, un programme législatif avec l'ensemble des forces progressistes. Rien ne permet de dire que malgré la concomitance des deux scrutins, une défaite à la présidentielle conduit nécessairement à une défaite aux législatives. Si notre programme pour la législature prochaine est solide, non seulement nous renforçons notre crédibilité "présidentielle" mais en plus nous envoyons un message fort au Français : le choix de la cohabitation est possible, la session de rattrapage un mois près le vote à la présidentielle, devient envisageable.


En attendant, le message lancé par les électeurs est clair. Il nous faut travailler, trancher, proposer une alternative. Ne plus fuir les questions et proposer des réponses intelligentes, précises, comprises. Nous avons oublié depuis tant d'années de parler aux Français et en particulier au salariés et aux jeunes ! Il nous faut reparler aux jeunes - Obama l'a magnifiquement compris - car c'est ainsi que l'on reparlera au pays tout entier (parents et grands parents). Reconstruire la solidarité entre générations, voilà le défi de demain. Sur la question du développement durable, nous devons changé de "braquet", et proposer - à l'issue d'une de nos conventions thématiques - une relance verte de notre économie.
Les voies du renouveau ne manquent pas. Elles n'appellent pas de notre part de l'imagination, juste de l'effort et du travail.


Face à un adversaire qui ne faiblira pas, et qui jouera la carte de la confusion et l'Union nationale, il nous faudra redoubler d'effort dans la construction de notre offre politique, et démontrer en permanence notre singularité politique. Le PS doit travailler à son offre électorale, plutôt qu'à ses futures et hypothétiques alliances. Il reste l'outil le plus sûr pour ceux qui espèrent une victoire de la gauche.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour cette analyse à chaud des résultats.

Je te rejoins sur les problèmes de positionnement au cours de cette campagne. Pas assez de volontarisme et de messages positifs sur l'Europe, une campagne s'inscrivant trop en contre (Sarkozy et Barroso). Le "vote utile" est un argument de la dernière chance qui ne peut fonctionner dans une telle démobilisation. Et puis des messages anachroniques en fin de campagne (en appeler au Front Populaire ????).

Un déficit aussi de répondant sur les mises en cause du PSE par l'extrême-gauche. Un déficit de valorisation du Manifesto. Certains ont aussi pensé que le PS ne récompensait pas ses meilleurs représentants au Parlement, les sortants (notamment ceux qui se représentaient) n'ont pas suffisamment communiqué sur leur bilan. Combien de personnes m'ont demandé "c'est qui la tête de liste, elle est bien ?"

Et puis, les critiques continuelles et bien trop sonores de ceux qui depuis Reims ne savent pas respecter les votes internes alors qu'ils ont obtenu tout ce qu'ils demandaient en termes de postes à la direction et autres. Certaines critiques -justifiées- auraient pu être faites en interne pour appeler à des réajustements. Mais pas en place publique. Comment parvenir à faire passer un message clair quand l'exposition médiatique est occupée à 80 % par les bisbilles internes ou par des débats qui ne sont absolument pas d'actualité (positionnements pour 2012, participations des uns ou des autres aux meetings et défilés, ...) ? Tout ceci a compliqué extraordinairement la tâche de la 1ère secrétaire.

Au final, la campagne aura été assez peu politique et d'un niveau assez navrant. Alors c'est peut-être trop facile, mais je crois que les médias ont aussi une part de responsabilité dans le désintêret global qui s'est exprimé au travers de l'abstention. Leur attirance naturelle vers l'anecdotique et la polémique traduit une paresse qui en aura entraîné d'autres.

Avant même de penser au travail thématique, il faut remobiliser et rassembler les militants, sinon ces conventions seront vides et inutiles. Mais je ne vois pas comment il pourrait s'opérer sans un respect minimum des règles communes. On peut critiquer la direction, on ne tente pas de l'affaiblir à pleins poumons pendant la campagne, comme cela a notamment été le cas dans le sud-est. Certains voient surtout dans cet échec l'occasion de dégommer Martine Aubry, ils ne lui laisseront jamais la moindre latitude pour mener sa barque, quelques soient ses intentions. Ca me rend pessimiste.

Alice

Philippe a dit…

Faire simple !

Il y a beaucoup à faire pour le Parti Socialiste, mais le préalable est peut-être de ne pas croire qu’il conviendrait de faire table rase, de faire comme si rien n’avait été pensé, analysé, proposé, dit. De plus, il n’est pas nécessaire de faire compliquer.

Relisant des notes écrites pendant les plus de six mois de notre dernier congrès, j’ai retrouvé les raisons qui m’avaient fait penser que pourtant, beaucoup de conditions étaient réunies pour faire un grand et utile congrès. Les analyses n’ont pas manqué, pour certaines de très grande qualité.

Il n’y a pas d’un côté les élus locaux et de l’autre “Solférino”. Il y a entre les deux de très nombreuses analyses. Comme je le pensais déjà il y a plus d’un an, dans nos rangs Martine AUBRY et Vincent PEILLON sont de ceux qui ont le plus, dans des styles et selon des approches différentes, questionné nos valeurs et le renouvellement de notre analyse de la société.

Pour aller au plus simple, je ne vois pas de raison de lâcher le fil suivant : Nous voulons la liberté pour tous. Notre projet est simple et fortement ancré dans notre démarche historique : Nous voulons contribuer à l’émancipation de chacun.

Ceci est à la fois une cohérence historique, et la clef d’une profonde relecture de nos propositions politiques. Les obstacles à l’émancipation, à la possibilité pour toute personne de pouvoir vivre sa vie, de construire ses choix, ne sont plus les mêmes qu’il y a trente ans, et encore moins qu’il y a cent ans.

Ceci nous permet de définir un horizon clair, de fonder des normes et des règles pour tous, de justifier des politiques urbaines, fiscales, sociales, environnementales, éducatives, judiciaires, etc. Ceci renouvelle également la question des minimas sociaux et bien d’autres.

De plus, cette approche se distingue très nettement des politiques menées par la droite, et peut donc nous offrir les moyens d’un langage clair et d’une clarification du débat public, bien au-delà des confusions nées de nos propres hésitations et approches trop exclusivement gestionnaires, et des tentatives permanentes de la droite de capter des mots et des personnes de gauche.

La droite veut enlever les freins qui limiteraient l’expression de la liberté, nous voulons construire les conditions de possibilité pour chacun de devenir libre.

Ceci fait que nous voulons non seulement la liberté individuelle, mais aussi la liberté collective, à savoir une participation la plus large possible de toutes et tous à la vie démocratique.

Ceci est la clef pour parler de solidarités collectives, de normes sociales et environnementales, de responsabilités civiques, à l’individualisme contemporain.

Nicolas a dit…

Tout à fait d'accord avec un projet articulé autour de l'émancipation de chacun. C'est un excellent fil conducteur, déclinable sur bien des sujets.

CGL de la Parabole95 a dit…

Ah enfin un discours clair et concis sur l'envie d'europe... et oui il faut placer haut ce dynamisme qui manque et effacer ces craintes frileuses !!!! car non nous ne pourrons pas tout controler mais chez nous non plus la démocratie n'est pas à son apogée. Oui l'europe est un rêve, une grandeur a (re-)trouver et la complicité entre les peuples sera émerveillement, comme un touriste curieux en vacances ???!!!
le plus dur sera de changer l'intérieur, les frileux, les peureux etc. mais le jeu en vaut la chandelle et je suis partante.
sylvie